Musulmans de Cuba : dépasser les obstacles matériels

8:01 - June 26, 2016
Code de l'info: 3460191
En se convertissant à l’islam dans les années 1990, Pedro Lazo Torres est devenu le premier Cubain musulman. Il s’appelle aujourd’hui Yahia et est l’imam de La Havane.
Une religion ultra-minoritaire

Selon une étude du Pew Research Center, il y aurait environ 10 000 musulmans à Cuba, soit moins de 0,1 % de la population. Pour l’essentiel, il s’agit d’étudiants en médecine d’origine étrangère (venus, par exemple, de Palestine, du Pakistan ou d’Indonésie). Les autochtones convertis représenteraient environ 300 personnes. Pour nombre d’entre eux, c’est la fréquentation des étudiants musulmans qui est à l’origine de leur intérêt pour l’islam.

Manque de ressources matérielles et humaines

Si la liberté de conscience et la liberté de culte sont garantis à Cuba, il s’en faut que la pratique de l’islam soit chose aisée sur l’île. Les ressources, qu’elles soient matérielles, spirituelles ou humaines font défaut. Sans compter les problèmes techniques auxquels tous les Cubains sont soumis, comme les fréquentes coupures d’eau, qui rendent les ablutions problématiques.
Musulmans de Cuba : dépasser les obstacles matériels
La Maison des Arabes

Mais le principal problème, en passe d’être résolu, est l’absence de mosquée. Il existe dans tout Cuba un seul lieu de prière, qui, du reste, n’est ouvert que le vendredi. C’est la Casa de los Árabes (la Maison des Arabes), une belle bâtisse construite dans les années 40 par un riche Libanais, et transformée depuis en musée ethnographique et en centre culturel. Accessoirement, elle sert de lieu de prière pour les musulmans non Cubains de passage (diplomates, touristes) et, sur ce plan, n’est ouverte à tous que le vendredi.

La première mosquée sera édifiée par la Turquie

Néanmoins la première mosquée du pays devrait voir le jour prochainement dans un quartier de la vieille Havane. Édifiée sur deux hectares dans le style de la mosquée d’Ortaköy, elle sera financée par Ankara dans le cadre d’un partenariat économique turco-cubain.

Ligue islamique de Cuba et Union arabe de Cuba

Les autres difficultés auxquels doivent faire face les musulmans de Cuba sont plus structurelles. Tout d’abord le manque de cadres religieux qualifiés ; l’unique imam de l’île est l’imam Yahia (Pedro Lazo Torres), président de la Ligue islamique de Cuba, l’une des deux structures qui regroupent les musulmans cubains ; l’autre étant l’Union arabe de Cuba, qui est plus culturelle et arabe qu’à proprement parler religieuse.

Livres, internet, halal : rares et chers

Pour pallier le manque de cadres religieux, les Cubains peuvent difficilement se tourner vers le livre, les ouvrages en espagnol ayant trait au dogme et à la pratique islamiques étant une denrée rare sur l’île. Reste internet, sur lequel on trouve effectivement quantité de ressources en langue espagnole. Mais l’obstacle ici devient économique : une heure de connexion coûte entre 2 et 3 dollars, dans un pays où le smic est à 20 dollars. De même pour la viande halal, rare et donc chère, dans un pays où on consomme surtout du porc. De fait, les musulmans se rabattent souvent sur le poisson, à la fois bon marché et halal par principe.

Pas de stigmatisation

Si les contraintes auxquels sont soumis les musulmans cubains sont nombreuses, elles se limitent au plan pratique. Elles n’émanent jamais du pouvoir politique. Le port du voile est libre et les musulmans de Cuba ne font l’objet d’aucune stigmatisation.

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