Les musulmans de France face à « un contexte islamophobe sans précédent »

7:55 - March 15, 2017
Code de l'info: 3462637
Le récent débat télévisé entre le candidat socialiste Benoît Hamon et l’ancien ministre sarkozyste Laurent Wauquiez a montré que les questions identitaires vont encore marquer la campagne présidentielle française. La place de l’islam interroge chaque jour davantage les principes de la laïcité qui, à force d’être encadrée de nouvelles règles, commence à ressembler à un nouveau dogme.
Les musulmans de France face à « un contexte islamophobe sans précédent »
Inquiet d’une évolution défavorable à la deuxième religion de France, L’Observatoire de l’islamophobe s’est adressé directement aux candidats, après avoir dressé un constat alarmant du discours politique ambiant.
« Les dimanches 23 avril et 7 mai arrivent à un train d’enfer et les citoyens de confession musulmane qui vivent en France, électeurs ou non, sont de plus en plus au centre de vos phrases ambiguës, voire dévastatrices pour le vivre ensemble », alerte, dans une lettre le Secrétaire général du Conseil français du culte musulman, Abdallah Zekri.
Un contexte islamophobe sans précédent
Selon lui, le pays de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme « connaît singulièrement depuis les dernières années, un contexte islamophobe sans précédent dans la sphère politico-médiatique et « les citoyens français de confession musulmane se sentent régulièrement stigmatisés, dénigrés et de plus en plus discriminés dans tous les aspects de leur vie quotidienne ».
Pourtant, observe-t-il dans un rappel de l’histoire nationale de la France, « ces Français de confession musulmane se sont illustrés, depuis des générations, dans la défense de la France contre les agressions fascistes et contribuent chaque jour à la construction et au développement de notre pays ».
M. Zekri dénonce « les théories hasardeuses sur le rôle de l’Islam dans la désagrégation de la République ». Elles ont pour effet de soustraire leurs défenseurs « au vrai débat sur l’échec des politiques publiques en matière d’accès à l’emploi, à la santé, au logement, à la culture et aux droits en général ».
« Vouloir résoudre aux forceps la question du terrorisme par l’entretien de la confusion entre musulmans et terrorisme est une erreur politique », tonne M. Zekri. «D’une part, c’est vite oublier que dans le monde, les musulmans sont les premières victimes du terrorisme et d’autre part, c’est occulter que la quasi-totalité des Français de confession musulmane dénonce et condamne les actions terroristes qui se sont produites sur notre territoire ».
Les Français de confession musulmane « subissent une triple peine : victimes des actions terroristes barbares au même titre que leurs concitoyens (lors du dernier attentat de Nice, trente-trois morts sur quatre-vingt-cinq étaient musulmans (soit plus d’1/3, alors qu’ils représentent moins de 10 % de la population nationale), victimes des discours officiels de plus en plus ouvertement anti-islam, victimes du traitement médiatique quasi exclusivement stigmatisant et flagellateur », rappelle-t-il.
Sept questions aux candidats
Le plus inquiétant, c’est que le discours anti-musulman n’est plus l’apanage de la seule extrême droite. À force de vouloir concurrencer le Front national sur son propre terrain xénophobe, la frontière avec une partie de la droite classique s’est effacée et la digue a rompu. « L’idéologie populiste nauséeuse à l’encontre des Français musulmans était jusqu’à présent conduite principalement par l’extrême droite, mais la sphère politico-médiatique française et certains intellectuels l’ont reprise et propagée », dénonce le CFCM.
Après ce terrible constat, le CFCM a souhaité des engagements de la part des candidats à l’égard des musulmans et leur adresse un catalogue de sept questions.
« Comptez-vous prendre les mesures qui s’imposent pour arrêter la multiplication des interdits dont les femmes musulmanes sont l’objet ou devraient être l’objet de la part de certains ? (plages, lieux publics, universités, éventuellement les entreprises, etc.) », « Envisagez-vous de mettre un terme aux immixtions de l’État dans les pratiques religieuses spécifiques à l’islam ou encore « Quelles mesures comptez-vous prendre pour lutter contre les discriminations, visibles et dissimulées, de toute nature, dont les musulmans, entre autres, mais pas seulement, sont encore l’objet ? (recrutement, concours, promotions, accès à l’emploi, au logement etc.).
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