Allemagne: un tweet anti-réfugiés supprimé en vertu d'une nouvelle législation

11:25 - January 03, 2018
Code de l'info: 3465094
Un message publié par Beatrix von Storch, députée élue sous l'étiquette Alternative pour l'Allemagne (AfD), a été supprimé des réseaux sociaux.

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Un message de la responsable du parti d'extrême droite AdD a été supprimé, lundi, en vertu d'une loi entrée en vigueur quelques heures plus tôt en Allemagne, destinée à mieux lutter contre l'incitation à la haine.

La nouvelle loi allemande aura vite été utilisée. Un message anti-réfugiés de l'extrême droite a été retiré des réseaux sociaux en vertu d'une nouvelle législation, entrée en vigueur lundi, destinée à mieux lutter contre les messages haineux sur internet. Un retrait qui a provoqué une vive polémique dans le pays. 


"Pourquoi la police diffuse ses messages en arabe?"

Le message litigieux a été publié par la responsable du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) Beatrix von Storch. La députée avait dénoncé sur Twitter et Facebook le fait que la police de Cologne ait publié ses messages de prudence et d'information à la population locale également en arabe -mais aussi en anglais et dans un français approximatif- pour la Saint-Sylvestre. 


 Que diable se passe-t-il dans ce pays? pourquoi la police publie-t-elle désormais ses messages officiels en arabe?", s'est emportée Beatrix von Storch. "S'adresse-t-elle par ce biais aux hordes d'hommes barbares, musulmans et violeurs pour chercher à les amadouer?", a-t-elle ajouté. Une référence explicite aux agressions sexuelles dont avaient été victimes de nombreuses femmes à Cologne lors du Réveillon de la Saint-Sylvestre 2016 de la part de jeunes migrants. 


Facebook et Twitter en première ligne

La publication de ce message a suscité une réaction immédiate des autorités allemandes. Un porte-parole de la police de Cologne, visée par le message et qui a porté plainte, a estimé que l'auteure du tweet s'était potentiellement rendue coupable d'"incitation à la haine". Le parquet de la ville a indiqué en parallèle avoir été saisi de plusieurs centaines d'autres plaintes sur le même sujet provenant de particuliers. 


Surtout, Twitter et Facebook ont retiré le message controversé des comptes de l'élue AfD, en vertu d'une nouvelle législation en Allemagne visant à sanctionner plus durement les prises de position considérées comme incitant à la haine sur les réseaux sociaux.  


Entrée en vigueur au 1er janvier, cette loi oblige les plateformes comme Facebook, Twitter ou YouTube à supprimer le plus souvent dans un délai de 24 heures les messages au contenu pénalement punissables, sous peine de fortes amendes. Selon CNN, la sanction financière frappant les réseaux sociaux réticents à supprimer ces messages haineux peut aller jusqu'à 50 millions d'euros. 


Une législation "liberticide"?

Le co-président de l'AfD, Alexander Gauland, a dénoncé une législation "liberticide". "Ces méthodes dignes de la Stasi me rappellent la RDA", a-t-il dit mardi, en référence à l'ancienne police politique du régime communiste. Beatrix von Storch a elle parlé de "la fin de l'Etat de droit en Allemagne".  


Comme le rappelle le Guardian, ces critiques ne sont pas le monopole de l'Afd. Le Parti libéral-démocrate (FDP) et Die Linke (gauche) désapprouvent également le texte. Ces partis s'inquiètent de l'obligation faite aux entreprises du numérique de censurer certains messages, alors que cette prérogative implique une formation juridique précise. 


En France, Twitter et Facebook ne sont pas soumis à cette obligation légale. Les victimes d'appels à la haine doivent signaler le message contesté auprès du réseau social où ils ont été écrits. Il faut cependant plusieurs signalements de l'auteur avant que le ou les messages ne soient supprimés. 

lexpress

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