France : une buraliste refuse de servir une cliente voilée

10:09 - April 22, 2018
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Interdit aux femmes voilées ! A Albi, dans le Tarn, la propriétaire d’un tabac-presse n’a pas craint de prendre quelques libertés avec la circulaire du 2 mars 2011 portant sur « la dissimulation du visage dans l’espace public », pour renouer avec les heures sombres d’une loi d’exception qui ne dit pas son nom, ostracisant les musulmanes dont le minois n’est pas caché, mais entouré d’un hijab.

Convaincue de son bon droit, son interprétation très liberticide de la circulaire s’affiche sur la devanture de son magasin (voir ci-dessous), accompagnée de trois portraits de femmes illustrant de manière explicite son refus de servir celles qui arborent le couvre-chef honni, sans que cela n’offusque personne. Jusqu’à ce vendredi 13 avril où Anaïs R. a osé franchir le seuil de son commerce, en s’affranchissant de sa mise en garde discriminatoire et parfaitement illégale…


Loin d’imaginer qu’elle subirait une terrible humiliation en venant récupérer un colis dans ce tabac-presse qui fait aussi office de point-relais, la jeune femme voilée a été d’abord interloquée devant le refus cinglant de la servir opposé par la buraliste, puis s’est sentie outragée quand celle-ci lui a intimé l’ordre de se dévoiler pour prouver son identité.


Selon la Dépêche du Midi, elle aurait alors proposé, à contrecœur, de retirer son hijab à l’abri des regards, dans un coin du magasin. Mais la commerçante n’a rien voulu entendre, lui rétorquant méchamment « Ici, on est en France, on est sur un même pied d’égalité ! ».


A ces mots mortifiants et face à son interlocutrice tyrannique, résolue à faire régner sa propre loi derrière son comptoir, Anaïs R., tremblante d’émotion, a fini par fondre en larmes. Elle n’a eu d’autre choix que de donner procuration à un client pour qu’elle puisse enfin récupérer son colis et mettre un terme à son cauchemar.


Après avoir relaté sur sa page Facebook sa mésaventure dans ce tabac-presse d’Albi et l’odieux rejet dont elle a été victime, comme une malpropre, la jeune femme musulmane a annoncé son intention de porter plainte contre la commerçante pour discrimination.


Contacté par La Dépêche du Midi, le procureur de la République du Tarn, Alain Berthomieu, a confirmé qu’une plainte a bien été déposée contre la commerçante et a même indiqué qu’elle était sous le coup de trois autres plaintes pour le même motif, déposées en  2015, 2016, et 2017. Ces affaires seront jugées le 24 mai prochain.


La société Pickup, qui assure la livraison des colis dans ce tabac, a immédiatement réagi sur Twitter. « Nous demandons aux relais de vérifier la cohérence entre le nom du destinataire, la pièce d’identité présentée et la personne qui se présente pour retirer un colis. Bien évidemment, un voile ou un turban ne fait pas obstacle à ce contrôle. Nous avons déjà demandé à ce relais de ne pas exiger des clients venant retirer un colis Pickup qu’ils ôtent leur voile ou turban, un nouveau rappel va être fait dans ce sens ».


De son côté, la buraliste, qui mène une croisade hargneuse contre le voile depuis un certain temps déjà, se dit « choquée, outrée que cette affaire prenne de telles proportions pour une simple question de sécurité ». Mais le pompon, c’est quand elle affirme haut et fort « avoir toujours respecté la loi ». Laquelle ? Celle qui sort allègrement des clous pour s’enfoncer dans l’abîme de l’arbitraire, sans nul doute !

oumma

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