Islamophobie : deux actrices égyptiennes agressées en Hongrie

9:56 - June 07, 2018
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Le mois dernier, deux actrices égyptiennes ont été victimes d’une violente agression dans les rues de Budapest, en Hongrie, alors qu’elles étaient en plein tournage d’un court-métrage dénonçant le fléau de l’islamophobie sur le Vieux Continent. Une bien cruelle ironie du sort…

Vêtues d’un voile islamique traditionnel, Heba et Mona Abdul Ghani s’étaient glissées dans la peau de leur personnage lorsqu’un automobiliste hongrois, hors de lui à leur vue, a freiné brusquement devant elles, avant de sortir de son véhicule, furieusement déterminé à nuire.

Ce dangereux énergumène, aveuglé par sa haine de l’islam au point de n’avoir aperçu ni la caméra, ni les projecteurs, s’est rué vers l’une des deux femmes pour lui arracher son hijab avec une brutalité inouïe, puis a déguerpi une fois sa pulsion assouvie, non sans leur avoir ordonné de quitter son pays.

Cette scène imprévue et choquante, qui a pris de court l’équipe technique et horrifié les malheureuses comédiennes, filmées en train de marcher vers un parc local, a laissé l’effrayante réalité du racisme anti-musulmans s’immiscer sur un plateau de tournage et dépasser la fiction. Une fiction qui avait été imaginée pour agrémenter une émission diffusée pendant le Ramadan.

Heba Abdul Ghani, l’actrice prise pour cible par un islamophobe de la pire espèce, n’est pas voilée dans la vraie vie. Traumatisée par cette séquence impromptue qui a gâché la fin du tournage, elle constate amèrement qu’elle reflète l’inquiétante propagation de l’islamophobie en Occident. « Les grandes puissance de ce monde sont censées soutenir la liberté de choix. Personnellement, j’accepte de voir deux hommes s’embrasser dans la rue et des femmes se promener en bikini, parce que je suis obligée de respecter leur liberté. Mais mon agresseur, lui, n’a pas toléré de me voir voilée, alors même que je faisais mon métier d’actrice », s’est-elle indignée dans une vidéo.

Confrontées à la dure réalité, les deux comédiennes égyptiennes ne garderont pas un souvenir impérissable de leur passage en Hongrie, et c’est un doux euphémisme… De terribles désillusions les attendaient partout où le réalisateur avait planté son décor, à l’image de la soudaine irruption d’un habitant d’un certain âge, visiblement dérangé par leur apparence extérieure, qui les a apostrophées méchamment en pointant du doigt leur voile.

« Il nous a agressées verbalement au sujet de notre hijab. Je lui ai rétorqué que nous étions libres de porter ce que nous voulions », a expliqué l’une d’elles, encore profondément ébranlée par le regard noir que lui a lancé son interlocuteur. Campant sur ses positions, ce dernier est resté de marbre face aux explications fournies par l’équipe de tournage. Peu lui importait, en effet, que ces deux femmes revêtues du voile honni soient les actrices d’un court-métrage qui se tournait près de chez lui…

Plus grave encore, excédé par l’intervention d’un de ses concitoyens qui avait été engagé en tant que chauffeur, ce Hongrois, mû par un racisme primaire, s’en est pris physiquement à lui, n’ayant cure de ses menaces réitérées d’appeler la police.

En Europe, l’islamophobie galopante n’en finit pas de gagner du terrain, emportée dans une spirale infernale de violences racistes. De nombreux musulmans, parmi lesquels les femmes voilées font figure de proies faciles, ont été durablement meurtris dans leur chair et leur âme au cours de ces dernières années.

En 2009, la fin tragique de Marwa el-Sherbini, une jeune mère de famille égyptienne enceinte de son deuxième enfant et résidant en Allemagne, surnommée « la martyre voilée » après avoir été poignardée à 18 reprises par un Allemand qui la harcelait depuis plusieurs mois, au beau milieu d’un prétoire où elle comparaissait en tant que victime, avait suscité une forte onde de choc émotionnel. Plus récemment, en 2017, une série d’attaques à l’acide frappant des Britanniques musulmans, à Londres, a épouvanté la communauté musulmane du royaume, les défigurant à vie et les laissant brisés intérieurement par des blessures invisibles, difficiles à cicatriser.

oumma

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