La jeune entrepreneure voilée de Bologne

8:43 - November 12, 2018
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Née au Maroc, Keltoum Kamal Idrissi est l’une des plus jeunes entrepreneures d’Italie. Elle est la co-fondatrice d’un magasin à Bologne qui vend des vêtements à la fois modernes et destinés aux musulmanes voilées en Italie.

Confiante, optimiste et fière de sa nouvelle entreprise qu’elle a créée avec une amie pour aider les jeunes musulmanes d’Italie à suivre la mode tout en restant elles-mêmes, la Marocaine Keltoum Kamal Idrissi est le visage de «Hijab Paradise». Un magasin situé à Bologne, en Italie, qui vend des vêtements destinés aux musulmanes voilées.


Née à Casablanca en 1994, d’une famille marocaine ayant choisi d’immigré en 2003, la jeune fille est l’exemple même du courage et de la persévérance. Dès son jeune âge, Keltoum choisit de travailler et de devenir par la suite une jeune entrepreneure, ce qui transmet un message fort et profond aux jeunes, à la communauté musulmane et aux Marocains d’Italie. Son objectif ? «Donner aux femmes et filles voilées ce dont elles ont besoin en matière d’habillement».


«Quand je suis arrivée en Italie, j'ai poursuivi mes études jusqu'à la fin du secondaire. Je voulais aller à l'université mais j’ai d'abord préféré trouver un emploi», nous confie-t-elle. 


Un premier travail qui sera suivi d’un deuxième et d’un troisième, l’occupant au cours des deux dernières années. Son objectif était de «mettre de l'argent de côté» avant de commencer une nouvelle aventure et surtout «qui lui parle».

Allier modestie et modernité
«En Italie, nous avions des magasins vendant des voiles pour les filles mais les vêtements vendus étaient très traditionnels et généralement destinés à être portés par des femmes plus âgées», explique l'entrepreneure de 24 ans. Pour Keltoum et les filles de son âge, ces vêtements ne représentaient pas leur style et ne reflétaient pas leur personnalité. «Quand je regarde ces vêtements, j'ai l'impression que ce sont ceux que ma grand-mère portait il y a plusieurs années», ironise-t-elle.

 

Se sentant obligée de faire face à ce qu'elle avait, Keltoum a pensé de plus en plus à moderniser ce domaine, tout en proposant «des choses modestes».


«L'idée derrière Hijab Paradise est motivée par le fait que les filles comme moi n'avaient pas beaucoup de choix. La plupart des filles voilées recherchent des vêtements modestes, mais elles veulent aussi avoir un look chic, stylé et moderne.»
Keltoum Kamal Idrissi

C’est à ce moment-là que Keltoum et son amie Fatiha Mouradi ont utilisé toutes leurs économies pour ouvrir, en mars dernier, «Hijab Paradise» à Bologne, dans le nord de l’Italie. «Nous avons des vêtements modernes et quotidiens pour les femmes voilées et qui sont principalement et pour l’instant, d'inspiration turque», nous déclare la jeune femme.

 

L’islam, l’intégration et l'Italie
Keltoum et son amie ne conçoivent pas les produits qu'elles proposent dans leurs boutiques mais les vendent au détail. Une première étape nécessaire avant d’entamer leurs plus grands projets. «Notre rêve est de développer notre activité, créer notre propre marque et concevoir nos propres vêtements», nous confie Keltoum.


La boutique n'est qu'une des nombreuses activités de la jeune marocaine. Keltoum est aussi active dans des associations et assiste à des conférences et à des événements pour parler de l'islam, de sa communauté et de l'immigration en Italie. Pour la jeune femme, toutefois, «intégration est un mot à ne pas prendre à la légère». 


«Pour être honnête, je déteste ce mot et j'espère qu'ils l'enlèveront du dictionnaire car pour moi, cela implique deux choses : soit vous oubliez une partie de votre histoire et de votre origine, ou le contraire.»
Keltoum Kamal Idrissi

Notre interlocutrice pense que les gens doivent essayer d'accepter les différences des autres. «Nous sommes tous différents, avec des antécédents différents et l'intégration ne devrait pas exclure le fait que nous sommes censés être différents», explique-t-elle.

 

La jeune marocaine veut être encore plus active dans la société grâce à l'obtention de la citoyenneté italienne. «Je postulerai pour cela afin de pouvoir participer à la scène politique et voter», nous informe-t-elle, exprimant par la même occasion sa fierté de ses origines marocaines.


«Quand je vais au Maroc, je sens qu’il fait partie de moi, de ma famille, de ma langue et de mes traditions. Ici, en Italie, il y a mon travail et ma vie quotidienne mais je suis fière d'être une femme musulmane, et à la fois marocaine et italienne», conclut-elle.

 yabiladi

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