Shanthie Mariet D'Souza, membre non-résident de l’Institut Washington d’études du Moyen Orient, en Afghanistan et au Pakistan, dans une note sur la situation en Afghanistan, deux mois après l'arrivée au pouvoir des talibans, a écrit : « La prise du pouvoir par les talibans le 15 août, et le retrait rapide des États-Unis ont mis des milliers d'Afghans dans une situation difficile, entraînant une grave catastrophe humanitaire.
Le nombre d'appels à l'aide d'activistes sociaux et d'employés de l'ancien gouvernement afghan n’a cessé d’augmenter. J'ai travaillé pendant plus de dix ans dans différentes parties de l'Afghanistan. Contrairement à ce que pense la communauté internationale, les Afghans ne sont pas des tribus hostiles, corrompues ou impuissantes, je les ai trouvés autonomes et profondément engagés dans la construction de leur pays.
En février 2020, les États-Unis ont progressivement cédé la situation aux talibans par le biais d'un accord de paix pour se retirer d'Afghanistan. Cela a gravement terni leur image non seulement en Afghanistan, mais aussi dans la région. L'accord a été imposé aux Afghans, dans la mesure où le gouvernement afghan a été contraint d'accepter les termes des talibans, et non l'inverse.
Cela a renforcé la position des talibans vis-à-vis du gouvernement afghan. Aucun des termes de l'accord de paix américain avec les talibans, n'a été respecté par le groupe, tandis que les États-Unis ont respecté leur accord avec le retrait complet de leurs forces. Le gouvernement afghan et les forces de sécurité se sont rendus et ont libéré des milliers de prisonniers talibans.
Les talibans qui sont profondément divisés, hésitent à sortir de leur vision du monde réactionnaire. Certains dirigeants talibans ont fait des déclarations fermes contre la participation des femmes au gouvernement, et ont accepté, à contrecœur, leur accès limité à l'éducation et à la vie publique. Mohammad Yaqub, ministre de la Défense des talibans et fils du fondateur du groupe, est apparu à la télévision pour changer l’image des talibans mais la présence limitée des médias, a permis aux talibans de poursuivre les dissidents, les femmes et les minorités.
Cette violence est endémique et systématique. Déconcertée par la montée au pouvoir des talibans en Afghanistan, la communauté internationale s'oriente progressivement vers un plan d’aide humanitaire aux Afghans. Par exemple, l'Union européenne qui s'inquiète de la possibilité d'une augmentation du nombre de réfugiés afghans, envisage de rouvrir son bureau diplomatique à Kaboul.
Les États-Unis espéraient qu'il y aurait un gouvernement inclusif en Afghanistan, avec les talibans et d'autres groupes, mais le résultat visible actuellement, est que les talibans sont au gouvernement et que les autres sont sortis.
De même, l'idée que la communauté internationale serait en mesure de renégocier la situation de la gouvernance avec les talibans, est également irréalisable. L'amère vérité est que l'Afghanistan est entré dans une nouvelle phase d'instabilité qui va se détériorer rapidement ».