Un romancier devenu leader du Hamas et architecte de la Tempête d’Al-Aqsa

9:45 - October 20, 2024
Code de l'info: 3490134
IQNA-Il y a 76 ans, 700 000 Palestiniens ont été déplacés de leurs terres ancestrales, par les forces colonialistes, en un seul jour baptisé « Jour de la Nakba », et se sont installés dans les premières ruines du camp de déplacés des territoires palestiniens occupés appelé « Khan Yunus », et d'autres camps comme Sabra et Chatila et Jabalia.

Depuis le 7 octobre 2023 et la Tempête d’Al Aqsa, ce ne sont plus seulement les yeux du peuple musulman des pays islamiques, mais ceux du monde entier qui assistent à l'oppression faite au peuple de cette terre.

Les camps de réfugiés palestiniens ont été témoins du martyre de résistants et de combattants contre le régime sioniste usurpateur et tueur d'enfants, et dans la même mesure, de la naissance d'hommes et de femmes qui ont inscrit leur nom et leurs sacrifices dans l'histoire et le renforcement de la Résistance. Les États-Unis et leurs alliés comme l’Angleterre, l'Allemagne et la France, leurs politiciens et hommes d'État ont les mains tachées du sang de tous les martyrs opprimés de la nation palestinienne.

La tyrannie et la brutalité du régime sioniste au cours des 76 dernières années, ne se limitent pas au meurtre d'hommes, de femmes et d'enfants palestiniens. Bon nombre de ces hommes et femmes sont détenus dans de terribles prisons, et une partie importante des dirigeants de la Résistance sont soit emprisonnés dans les prisons de ce régime tueur d'enfants, soit ont connu le martyre dans ces mêmes prisons.

Les peuples de leur pays et plus largement, les peuples du monde en ont besoin, et ils ont passé leurs journées derrière les barreaux avec force, même pendant des décennies. 

Du chef-d'œuvre de la littérature mondiale « Don Quichotte » écrit par l'espagnol Miguel Cervantès, qui a influencé la littérature mondiale, jusqu'aux grands livres, écrits au nom de la liberté et de la justice, ou le livre « Conversations avec moi-même » de Nelson Mandela, le leader de la lutte contre l'apartheid, devenu écrivain pendant ses années de prison de 1962 à 1990, ou le livre « Enquête » écrit par le grand et célèbre écrivain russe, Fiodor Dostoïevski, qui comprenait la réécriture du texte des interrogatoires de cet auteur en 1860, dans les prisons du tsar russe,  aux époques antérieures, comme le livre « Les voyages de Marco polo » que l'auteur a écrit pendant sa captivité, ou le « Tractatus logico-philosophicus » du célèbre philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein, la traduction du livre « Histoire de la philosophie occidentale » de Bertrand Russell, par Najaf Daryabandari lors de son emprisonnement vers 1337, un livre que Daryabandari offrit à Bertrand Russell après sa libération, le livre  " Un regard sur l'histoire du monde "  de Jawaharlal Nehru, l'un des dirigeants du mouvement indépendantiste indien et Premier ministre de l'Inde après l'indépendance de l'Angleterre, écrit pendant sa captivité dans les prisons des colonialistes britanniques entre 1928 et 1933, ou le recueil d'histoires de William Sidney Porter rédigé dans les prisons des États-Unis, des personnages célèbres sont devenus mondialement célèbres derrière les barreaux.

Cependant, parmi toutes les personnes qui ont passé une partie de leur vie en prison et ont commencé à écrire des œuvres qui ont captivé le monde, il y avait des gens dont le but ne reposait pas sur les nobles recherches de la liberté et de la justice, et qui passaient leurs jours en prison à cause de leurs sinistres ambitions. Le plus célèbre de ces personnages est peut-être Adolf Hitler qui a écrit une partie du livre « Mein Kampf » en 1924, alors qu'il était enfermé dans la prison de Landerberg.

Un de ces noms est devenu plus connu ces derniers jours. Celui d’Un grand homme qui après des années à poursuivre le martyre, a été tué par le régime sioniste le 16 octobre 2024, le martyr Yahya Ibrahim Hasan al-Sanwar. 

Un homme qui a commencé et parcouru le chemin de la lutte contre les forces sionistes depuis « l'Intifada des pierres » pendant son adolescence, et qui a progressé jusqu'au poste de chef de la branche militaire et de leader politique du mouvement de résistance islamique Hamas, après le martyre d’Haniyeh.

20 ans d'initiation spirituelle et de recherche derrière les barreaux
14 ans après la création des camps de réfugiés palestiniens, après la guerre israélo-arabe des Six Jours en 1948, le 29 octobre 1962, un enfant est né nommé Yahya Ibrahim Hassan al-Sinwar, de parents déplacés de la région d'Ashqlan en Palestine, dans le camp de Khan Younis dont les conditions de vie étaient si mauvaises que même les services de  l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui assuraient des services 24 heures sur 24, ne pouvaient pas pu répondre à une partie des blessés des plus de 700 000 personnes déplacées à Khan Yunis.
 

Yahya Sinwar est né dans un tel camp, et a passé sa première enfance en tant que réfugié palestinien. Mais en raison du noble idéal qu'il avait en tête – la liberté et le droit de chaque être humain de vivre sur la terre de ses pères et de ses ancêtres – ses rêves l'ont fait devenir l'un des leaders charismatiques du « Mouvement de la Résistance Islamique »

Un captif devenu grand écrivain et leader charismatique !
Yahya Sinwar n'avait que 27 ans lorsqu'il fut accusé d'avoir tué plusieurs espions du régime sioniste et condamné quatre fois à la prison à vie !  Sinwar a passé plus de 20 ans derrière les barreaux des terribles prisons du régime sioniste, mais l’écriture et son livre « Espoir » lui ont permis de ne pas passer en vain un seul jour de ses 20 ans de vie, dans les prisons du régime des occupants sionistes.

Dès les premiers jours de son séjour dans les prisons de ce régime, Yahya Sinwar qui maîtrisait parfaitement l’hébreu, en s'appuyant sur les journaux et les médias sionistes, tenta de faire des recherches sur des personnalités politiques et des services de renseignement israéliens comme Vladimir Jabotinsky (un des dirigeants du mouvement sioniste), Menachem Begin (Premier ministre du régime sioniste issu du parti Likoud) et Yitzhak Rabin (cinquième Premier ministre du régime sioniste).

Tout cela l'a amené à rencontrer Yuval Bitton, soldat et dentiste sioniste, qui a soigné Sinwar pendant sa détention, et a été la première personne à réaliser que Yahya Sinvar avait écrit un roman intitulé « Épines et œillets » pendant son séjour dans cette prison. Un roman qui montre d'un côté la tumeur cancéreuse maligne du régime sioniste qui grandit et se développe comme des épines dans le jardin fleuri des Palestiniens, et de l'autre, l’œillet qui est un symbole de bonheur dans la culture arabe et symbole de la douceur de vivre du peuple palestinien.

Le roman « Épines et œillets » écrit par Yahya Sinwar en hébreu, a été publié en peu de temps et mis en vente sur le site Internet « Amazon » et des dizaines de milliers de livres ont été achetés dans le monde entier. Le succès de ce roman a poussé l'Agence de sécurité israélienne (Shabak ou Shin Bet) avec le peuple juif du Royaume-Uni et l’Association représentative (UKLFI), à faire pression et même à menacer de boycott le site Web d'Amazon pour qu’il retire ce livre de la vente. Mais la suppression de ce livre ne signifiait pas le silence de Sinwar. Le roman « Épines et œillets » n'était pas la seule réalisation de Yahya Al-Sinwar lors de son emprisonnement dans la prison du régime des occupants sionistes. En plus d'apprendre l'hébreu, ce martyr de haut rang traduisit cinq livres dans cette langue ainsi qu'en anglais, et est considéré comme l'un des prisonniers politiques les plus prolifiques au monde, dans ce domaine. Une partie importante du livre est la narration de la vie de Yahya Sinwar, qui le distingue de ses autres écrits et travaux de traduction.

Le roman « Épines et œillets » a été écrit en 2004, dans l'une des prisons du régime sioniste à Beer Sheva. Comme Sinwar le dit lui-même, dans l'introduction de cet ouvrage, le nom « Epines et œillets » est un symbole de la vie à Gaza, et un titre à deux parties très courant dans la littérature autobiographique arabe, pour montrer les expériences contrastées de la vie.                                

Dans ce roman, l'amour et la violence, l'espoir et le désespoir, la tendresse et la force sont représentés ensemble et entrelacés. 

« Epines et œillets » raconte l'histoire d'un voyage initiatique et d'une évolution spirituelle, racontés du point de vue d'un homme nommé Ahmed, et l'histoire de deux familles de Gaza et Hébron, toutes deux membres du Mouvement de résistance. 

Dans son introduction, l'auteur (Sinwar) écrit : « L'élément fictionnel de cette œuvre sert uniquement à l'introduire dans l'univers du roman... Le reste est aussi réel que ce que j'ai vécu ou entendu, ou que ses narrateurs ont vécu et entendu dans notre terre bien-aimée de Palestine.

L'histoire de ce roman commence juste avant la bataille de 1967, lorsque la bande de Gaza était sous gestion égyptienne. Ahmed, le narrateur du roman, a un regard amical envers les soldats égyptiens et croit que les armées arabes écraseront Israël et libéreront la Palestine, afin que les réfugiés dans les camps, puissent rentrer chez eux. Cependant, ce fut un choc lorsque les armées arabes furent vaincues. Ahmed décrit les débuts de la résistance et les bombardements des patrouilles de l'armée du régime israélien qui avaient pénétré avec difficultés dans les rues et ruelles étroites du camp de réfugiés « Alshati » où se déroule le roman.

Le père et l'oncle d'Ahmad (le narrateur du roman) tombent en martyrs lors de la bataille contre l'armée du régime sioniste, et Ahmad se retrouve dans une maison où il vit avec sa mère, ses frères, sa sœur et son grand-père, ainsi que ses cousins que leur mère a quittés après son remariage. La responsabilité de tous repose sur lui ! Ahmed rejoint l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) par l'intermédiaire de Mahmoud, son frère aîné, mais il est arrêté à son retour d'Egypte. Son cousin Ibrahim rencontre continuellement une personne nommée Cheikh Ahmed Yassin, un des fondateurs du « Mouvement de résistance islamique » « Le Hamas », assassiné par le régime sioniste en 2004. 

En plus de décrire des scènes épiques de résistance, le roman évoque également certains problèmes sociaux des Palestiniens. Par exemple, dans ce roman, est évoqué le choix difficile de certains réfugiés palestiniens de travailler dans les territoires occupés, chose que certains considèrent comme une opportunité d'améliorer les conditions de vie de leurs familles, alors que pour d’autres, ce travail est considéré comme une trahison. D'autre part, le livre présente les conversations entre Ahmad (le narrateur et héros du roman) et d'autres personnages, sur certaines questions religieuses et divergences entre les Palestiniens, et leurs opinions sur d'autres groupes de résistance. 

Dans ce livre, Sinwar montre en détail, la simplicité et la pauvreté de la vie des Palestiniens et souligne également la réticence des habitants de Cisjordanie à participer à la résistance contre Israël et s'en plaint.

Yahya Sinwar surnommé Abu Ibrahim, condamné quatre fois à la prison à vie par le régime sioniste, est libéré dans le cadre des échanges de prisonniers palestiniens, éminents et importants, avec un des soldats des Forces de défense israéliennes (FDI) nommé Gilad Shalit, arrêté au poste frontière par le Hamas, en 2006.

Avec la médiation de l'Egypte et de l'Allemagne sur l'échange de prisonniers, en octobre 2011, Yahya Sinwar fut échangé contre Shalit. Il faisait partie du premier groupe de prisonniers palestiniens de retour dans la bande de Gaza, et portait au front, le bandeau vert symbolique du Hamas, lors de son entrée à Gaza. Sinwar était devenu une personnalité célèbre entra dans la direction du Mouvement de résistance islamique. Son histoire de luttes et ses livres, notamment « Épines et œillets » et son impact international, firent qu’en avril 2012, quelques mois après sa libération, Yahya Sinwar fut choisi comme l'un des principaux membres du bureau politique du Hamas dans la bande de Gaza, et ses expériences acquises au cours de deux décennies de vie dans les prisons redoutées du régime sioniste, devaient être utilisées de la meilleure façon pour faire progresser les activités du Hamas.

L’ampleur de ses activités dans le domaine de l’immobilisation des forces sionistes, a poussé les États-Unis à ajouter Yahya Sinwar sur leur liste mondiale des personnes recherchées en 2015.

Financial Times : Une légende nommée Sinwar !
Mais l’essentiel de la renommée d’Abou Ibrahim remonte à mai 2021 lorsque l'intensité des tensions entre les Palestiniens et la police du régime sioniste, notamment autour de la première Qibla des musulmans (mosquée Al-Aqsa), qui avait fait des centaines de blessés, a poussé le Hamas à tirer plusieurs roquettes sur le centre de Jérusalem, en réponse à la brutalité et aux atrocités continues des soldats du régime sioniste, avec onze jours de conflits intenses entre les forces du Hamas et les soldats du régime sioniste usurpateur. Une bataille dont l'entière direction dans le domaine militaire, était sous la responsabilité de Sinwar, justement au moment où le journal « Financial Times » écrivait : « Sinwar n'est pas seulement un prisonnier libéré des prisons israéliennes, il est devenu une figure légendaire de la bande de Gaza et un membre du groupe des éminents militants palestiniens à Jérusalem. De nombreux Palestiniens sont fiers de lui et il est devenu populaire parmi le peuple palestinien ».

La campagne de Yahya Sinwar pour mettre à genoux l’armée du régime sioniste, s’est poursuivie jusqu’au 7 octobre 2023, jusqu’à l’Opération Tempête Al-Aqsa. Ce qui poussa le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, à souligner dans une interview accordée aux médias peu après l'incident : « Cet homme de 62 ans (Yahya Senwar) n'a pas été vu en public depuis les attentats d'octobre et les Etats-Unis l'ont placé sur leur liste noire des personnes recherchées à l'échelle internationale ».

Ces déclarations ont suffi pour susciter des inquiétudes quant à la protection de sa vie, face à l’insatiable appareil terroriste du régime sioniste qui l’a conduit au martyre.

Le sang de Yahya Sinwar aura plus d’influence que son nom
Moins d'une semaine après le martyre d'Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, le 31 juillet 2024, assassiné par le régime sioniste à Téhéran où il était le cher invité de notre pays, le Hamas a annoncé dans un communiqué, que le Mouvement de la Résistance Islamique (Hamas) avait élu Yahya Sinwar, chef du bureau politique de ce mouvement.

Les tentatives d'assassinat de Yahya Sinwar ont pris de l'ampleur après le martyre de Hassan Nasrollah, « le Seyed de la résistance », assassiné lors d’un bombardement dans la banlieue sud de Beyrouth, par une bombe « bunker buster » de plus de 85 tonnes, offerte par les Etats-Unis au régime sioniste.

Le 16 octobre 2024, Yahya Sinwar a également été assassiné par ce régime usurpateur, sanguinaire et meurtrier d'enfants. Il ne fait aucun doute que le martyre d'une personne aussi haute que Yahya Sinwar ne créera pas de perturbation dans la lutte du peuple palestinien, résistant et prêt pour le Jihad, et du Hamas. Seyed Hassan Nasrallah a déclaré que l'avenir de la région sera fixé par l'axe de la résistance et par le Hezbollah.

Le roman « Épines et œillets » du martyr Yahya Sinwar, a été traduit en persan par Haniye Kamari, sous la direction du « Media Art Center », et devrait bientôt être publié par les éditions « Surah Mehr ».

Extrait du roman « Epine et œillet » de Yahya Sinwar : 
« Dans un coin, plusieurs de nos voisins étaient assis, buvant du thé, certains fumant et parlant de leurs soucis et inquiétudes. Ils étaient fiers de l'honneur et de la dignité que les forces de résistance avaient obtenus sous les coups de pied des envahisseurs, et avaient peur des lendemains inconnus. La situation restera-t-elle la même ? Les forces d'occupation n'attaqueront-elles pas le camp plus lourdement ? Ne bombarderont-ils pas les pauvres gens par colère et ne brûleront-ils pas le camp avec ses habitants ? Les avis étaient différents, mais l’opinion dominante était qu’il fallait agir. Tout le monde disait d’une certaine manière, que nous n’avions rien à perdre si ce n’est une maison sous l’épée de l’ennemi, alors pourquoi devrions-nous avoir peur ? De telles conversations se terminaient toujours par un « Oui, bien sûr, il vaut mieux vivre dignement une minute que mille ans sous la lame des forces d'occupation ».

4243075

captcha