Comme on pouvait s’y attendre, si l’islam et la sécularisation gagne du terrain, le christianisme – notamment le catholicisme et les « évangéliques » – résistent, mais font face à de nombreux défis. Entre 2010 et 2020, le paysage religieux mondial a connu des évolutions significatives, marquées par des dynamiques démographiques contrastées.
Les chrétiens – 2,3 milliards en 2020 dont 1,4 milliard de catholiques – sont les plus nombreux, soit environ un tiers de la population mondiale. Cependant, leur croissance (+ 122 millions) a été modeste, alignée sur la croissance démographique globale (12%). Cette progression s’explique par une répartition géographique équilibrée, avec une forte présence en Europe, en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, mais aussi par des pertes dues à la désaffiliation, notamment en Europe.
Les musulmans (chiites et sunnites), deuxième groupe religieux, ont eu la croissance la plus importante (+ 347 millions), pour un total de 2 milliards en 2020, soit 25,6% de la population mondiale (+ 1,8% par rapport à 2010). Cette expansion s’explique par des taux de fécondité élevés et une population jeune, notamment au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie du Sud. Le rapport projette que, si la tendance se maintient, l’islam pourrait égaler le christianisme d’ici 2070.
Les hindous, 1,2 milliard en 2020, ont crû de 126 millions, soit un rythme comparable à celui de la population mondiale (12%). Leur part globale est restée stable à environ 14,9%, avec une concentration notable en Inde, bien que leur présence ait augmenté de 62% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, atteignant 3,2 millions.
En revanche, les bouddhistes ont connu un déclin unique, perdant 19 millions pour atteindre 324 millions en 2020, soit 4,1% de la population mondiale (une baisse de 0,8%). Ce recul est attribué à une faible natalité et à une population vieillissante dans des pays comme la Chine, la Thaïlande et le Japon, ainsi qu’à une désaffiliation notable en Asie de l’Est.
Autre phénomène notable des années 2010-2020, les personnes non affiliées religieusement ont vu leur nombre croître de 270 millions, atteignant 1,9 milliard en 2020, soit 24,2% de la population mondiale (+1%). Ce groupe, incluant les athées, les agnostiques et les “sans religion”, a augmenté par la désaffiliation, particulièrement marquée au sein du christianisme ou du bouddhisme.
Les juifs (15 millions), et les adeptes d’autres religions (Baha’is, Jaïns, Shintoïstes, Sikhs, etc.), soit 172 millions, ont connu des croissances modestes, respectivement de 7% et 12%, mais leur part dans la population mondiale reste marginale (0,2% pour les juifs, 2% pour les autres religions).
Le PRC identifie trois facteurs clés expliquant ces évolutions : la fécondité, la structure par âge et les migrations internationales, ainsi que les changements d’affiliation religieuse. Les musulmans et les hindous bénéficient de populations jeunes et de taux de fécondité élevés, favorisant une croissance naturelle soutenue. A l’inverse, les chrétiens et les bouddhistes, souvent présents dans des régions à faible natalité comme l’Europe ou l’Asie de l’Est, enregistrent une croissance plus lente ou un déclin.
La désaffiliation religieuse a joué un rôle déterminant. En Europe, la population chrétienne a diminué par la sécularisation (19,7% de perte). Le christianisme et le bouddhisme ont subi les pertes nettes les plus importantes par conversion, tandis que l’islam et l’hindouisme affichent des taux de rétention élevés, avec environ 1% seulement des adeptes abandonnant leur religion d’enfance.
Les migrations internationales ont également influencé la répartition géographique. Par exemple, la population hindoue au Moyen-Orient a crû en raison des migrations vers les pays du Golfe. En Europe, l’immigration a contribué à maintenir une certaine stabilité dans la population musulmane, malgré une désaffiliation croissante parmi les chrétiens.
En Europe, la population chrétienne reste majoritaire mais s’amenuise, tandis que les sans religion et les musulmans gagnent du terrain. En Asie-Pacifique (76% des non-affiliés et 99% des hindous et bouddhistes), la sécularisation et le vieillissement agissent fortement. En Afrique subsaharienne, le christianisme et l’islam croissent rapidement, portés par des taux de natalité élevés.
En résumé, le premier quart du XXIe siècle est marqué par un monde religieux en mutation, du fait de la sécularisation, de la démographie et des migrations. Il y a une tendance croissante à la désaffiliation, surtout dans les sociétés industrialisées, mais l’islam progresse grâce à sa vitalité démographique. Les bouddhistes doivent composer avec un déclin structurel, tandis que les chrétiens font face au défi de la sécularisation, au sein du catholicisme notamment.
L’étude du PRC a le mérite de faire apparaître en filigrane que, plus une religion est clairement identifiée, plus elle est capable d’attirer à elle et de façonner les sociétés : d’où l’urgence pour le catholicisme de se réapproprier sa Tradition.
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