En Égypte, la rue en encore son mot à dire

11:29 - April 18, 2012
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Article(IQNA)- Pour fêter le premier anniversaire de sa révolution, toute l’Egypte s’est donné rendez-vous hier sur la place Tahrir, au Caire. Des hommes, vieux, jeunes, barbus ou aux cheveux longs, en djellaba, en costume et en jean. Des femmes aussi, certaines portant le niqab, d’autres maquillées et apprêtées. En nombre, des enfants peinturlurés aux couleurs de l’Egypte agitent des drapeaux. Même le soleil est de la partie.
Les gens tentent de marcher en file indienne mais ça pousse de tous les côtés. Pris au milieu de ces forces contraires, il n’est pas possible de voir à plus d’un mètre. La circulation sur la place est une étrange métaphore de la situation politique du pays : toutes les composantes ou presque y sont présentes alors qu’elles ne semblent pas donner le même sens à cet anniversaire.
Juste à côté, assis sur le rebord d’un terre-plein, une centaine d’hommes aux mines fatiguées attendent que les minibus les ramènent dans leurs provinces. Beaucoup de ces véhicules sont décorés par des autocollants du parti Liberté et Justice, branche politique des Frères. Moins nombreux mais reconnaissables à leurs longues barbes noires, les salafistes sont également là. Ils tiennent tribune sur une scène installée juste devant The Table of Tahrir, un restaurant suédois, étrangement perdu sur la place. Et, forts des 24% réalisés aux législatives, ils assurent que le salut de l’Egypte passe par la religion.
Quasi invisibles hier matin, les révolutionnaires ont déboulé en masse dans l’après-midi après avoir défilé dans tous les quartiers du Caire. Leur cortège compact s’étendait sur plusieurs centaines de mètres. Avec leurs chants et leurs affiches, ils ont insufflé une dimension politique et contestataire au rassemblement. Beaucoup d’entre eux arborent un masque blanc tiré du film d’anticipation V pour Vendetta, où tout un peuple se rebelle contre un régime autoritaire.
Pour ces jeunes activistes, qui ont été le moteur du soulèvement du 25 janvier 2011, il est trop tôt pour parler d’anniversaire car, estiment-ils, la révolution n’est pas terminée. «Les militaires sont toujours au pouvoir et les idéaux de la révolution attendent toujours», grogne Hicham, 28 ans. Autour de lui des manifestants scandent «le peuple veut la chute du maréchal» ou «Tantaoui dégage». Les mêmes slogans que le 25 janvier, à la différence que ce n’est plus Hosni Moubarak mais le chef du Conseil des forces armées (CSFA) qui est dans la ligne de mire. Depuis un an, Hicham, tour-opérateur, s’est investi à plein-temps dans le militantisme politique entre réunions, manifestations et castagne. Et voir toute cette foule exprimer sa colère lui redonne le sourire : «Ça prouve que ça sert de s’impliquer. On existe encore, la rue à son mot à dire.» Cela en dépit du très faible score des révolutionnaires aux législatives : moins de 10%.
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