Jãbir Ibn Hayyãn (appelé Geber en Occident) le fondateur de la chimie moderne et de toute la science expérimentale était l’un de ses plus célèbres disciples. Il rédigea plus de cinq cents opuscules tous dictés par son maître l’Imam Ja’far (p).Tous ses écrits commençaient par « mon maître l’Imam Ja’far m’avait dit :… ».
L’école Ja’farite est l’une des cinq écoles de l’Islam, également appelée l’école des Ahlul Bayt (P) et c’est la première des écoles de l’Islam car étant antérieure à toutes les autres. Cette école, bien que portant le nom de l’Imam Al-Sãdiq (P) qui était l’un des successeurs du Prophète (P) désignés par Allãh, est la seule école qui existait du vivant même du Prophète (P).
La raison de cette appellation est que l’Imam Al-Sãdiq (P) plus que tout autre Imam (p) a eu l’opportunité d’enseigner aux musulmans en grand nombre la bonne interprétation du coran et la vraie Sunna de son grand père (P), car son Imamat a coïncidé avec la lutte pour le pouvoir entre Omeyyades et Abbassides.
Il avait l’habitude de travailler son jardin lui-même. Il perdait souvent connaissance en se rappelant Allãh. Une nuit, le Calife Abbasside de l’époque fit convoquer l’Imam par un messager. Celui-ci raconte: «Je suis allé chez l’Imam et je l’ai trouvé dans sa chambre privée. L’Imam suppliait Allãh dans la plus grande humilité, les mains levées vers les cieux, les mains et le visage poussiéreux ».
C’était un homme charitable et de disposition aimable. Il parlait avec tendresse et se montrait très coopératif. On avait plaisir à travailler avec lui.
Un jour l’Imam appela son domestique, Mussãdif et lui donna mille dinars pour se préparer à un voyage d’affaires, en Egypte, car le nombre de sa suite avait augmenté et il était nécessaire de rechercher davantage de moyens de subsistance.
Moussãdif acheta des marchandises et partit pour la Syrie avec un groupe de commerçants. Lorsqu’ils approchèrent de l’Egypte, ils rencontrèrent un autre groupe de commerçants revenant de ce pays. Ils dirent à ceux-ci qu’ils possédaient telle sorte de marchandises et qu’ils voulaient savoir si elles étaient disponibles en Egypte. Leurs interlocuteurs répondirent par la négative. Les marchands prêtèrent alors serment de ne pas revendre leurs marchandises à moins de cent pour cent de bénéfice. Ce qui fut fait. Après quoi ils retournèrent à Médine.
Mussãdif rentra chez l’Imam avec deux sacs contenant chacun mille dinars. Il lui dit que l’un des deux sacs contenait le capital, l’autre, les bénéfices.
L’Imam lui fit remarquer que les bénéfices étaient excessifs et lui demanda ce qu’il avait fait des marchandises. Moussãdif lui expliqua ce qu’il avait fait et le serment qu’il avait prêté (de ne pas revendre à moins de 100% de profit). L’Imam s’étonna qu’il ait juré de ne pas revendre des articles à des musulmans à moins de 100% de bénéfice!
Puis l’Imam prit l’un des deux sacs et dit: «Celui-ci contient mon capital, et nous ne touchons pas les bénéfices». Dieu autorise les croyants qui craignent pour leur vie ou craignent la malfaisance des athées, de leur manifester une amitié apparente et d’éviter les dangers.
La raison fait de même et exige que l’être humain échappe dans la mesure du possible, aux dangers qui menacent sa vie et ses biens. (Extrait du livre sur l’Imam Sãdiq (psl) de Muzaffar pp.154-155)
L’Imam Sãdiq (psl) qui subissait de fortes pressions politiques et était surveillé par les agents du régime de Mansour, a souvent été obligé de recourir à cette pratique. Cela n’est d’ailleurs pas spécifique à l’époque de l’Imam Sãdiq (psl) et cela a toujours existé.
Le Prince de croyants, l’Imam ’Ali (AS) a passé la plus grande partie de sa vie dans ce contexte. (Extrait du livre sur l’Imam Sãdiq (psl) de Muzaffar p 156)
L’Imam Ali (AS) a aussi enseigné cette tactique aux Chiites et leur a conseillé de ne pas montrer leurs idées, ni dans leurs paroles, ni dans leurs actes.
Le principe de dissimulation (taqiyya) de l’Imam Sãdiq(AS)
Ce principe est important dans le Chiisme. Cheikh Mufid a ainsi écrit: " la dissimulation est le fait de cacher la vérité et de dissimuler ses convictions et sa foi en la vérité, aux opposants et aux ennemis de la vérité, pour éviter les dommages à la religion et à notre vie. Cette tactique est obligatoire quand nous en ressentons vivement la nécessité et facultative quand nous ne savons pas si la présentation de la vérité est nécessaire ou non» ( in Commentaire du Chaykh Saduq par le Chaykh Mofid, p.241).
Les Chiites s’appuient sur plusieurs preuves pour justifier cette pratique comme le Coran au verset
لا يتخذالمومنون الكافرين أولياء... إلّا أن تتقوا منهم تقه...
Lequel stipule que les croyants ne doivent pas choisir des incroyants comme amis ou dirigeants, au lieu des croyants. Le Coran explique que ceux qui agissent ainsi n’ont aucune relation avec Dieu, à moins qu’ils n’agissent ainsi pour des raisons plus importantes.
لاَّ یَتَّخِذِ الْمُؤْمِنُونَ الْكَافِرِينَ أَوْلِیَاء مِن دُوْنِ الْمُؤْمِنِينَ وَمَن یَفْعَلْ ذَلِكَ فَلَیْسَ مِنَ اللّهِ فِی شَیْءٍ إِلاَّ أَن تَتَّقُواْ مِنْهُمْ تُقَاةً وَیُحَذِّرُكُمُ اللّهُ نَفْسَهُ وَإِلَى اللّهِ الْمَصِيرُ
{Que les croyants ne prennent pas, pour alliés, des infidèles, au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit la religion d’Allãh, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d’eux. Allãh vous met en garde à l’égard de Lui-même. Et c’est vers Allãh le retour.} (Sourate 3, v.28)
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