Ahmad Abdurrahman, analyste arabe a écrit pour Al Mayadeen : Depuis la naissance du sionisme politique à la fin du XIXe siècle, de nombreux dirigeants israéliens ont exprimé des ambitions régionales, souvent résumées par le slogan « d’Euphrate au Nil ». Toutefois, aucun d’entre eux n’a autant incarné ce rêve expansionniste que Benyamin Netanyahou. Avec une longévité politique sans précédent et une alliance avec l’extrême droite israélienne, il pousse aujourd’hui l’idéologie de l’« Israël grand » vers des sommets dangereux, à la fois pour la région et pour Israël lui-même.
Contrairement à ses prédécesseurs – de Ben Gourion à Rabin – qui, malgré leur dureté, agissaient dans une logique de survie ou de consolidation de l’État, Netanyahou agit selon une vision idéologique fondée sur la domination. Sous son mandat, Israël ne se contente plus de défendre ses frontières : il mène des attaques militaires répétées contre le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen et même l’Iran, sans égard au droit international. La guerre de 12 jours contre l’Iran a marqué un tournant : Israël y a subi des pertes sévères, partiellement dissimulées par la censure militaire.
Au Yémen, les tentatives de neutraliser le soutien houthiste à Gaza se sont soldées par des échecs répétés. En dépit des frappes israéliennes contre les ports et les infrastructures, les attaques yéménites continuent de viser des positions stratégiques. Au Liban aussi, les efforts d’intimidation israéliens ont échoué à affaiblir le Hezbollah. Les habitants du nord d’Israël, évacués depuis des mois, refusent de retourner dans des villes devenues fantômes.
À Gaza et en Cisjordanie, la violence israélienne atteint un sommet, avec plus de 60 000 morts et 120 000 blessés, selon les sources locales. Pourtant, malgré l’arsenal militaire moderne déployé, l’armée israélienne n’a pas atteint ses objectifs. Les groupes de résistance palestiniens, affaiblis mais toujours actifs, continuent de frapper l’occupant de manière imprévisible. En Cisjordanie aussi, les attaques armées contre des cibles israéliennes se multiplient, même dans les zones sous contrôle étroit.
L’image d’un Israël dominateur, maître de la région, s’effondre au fil des mois. Les revers militaires, l’isolement diplomatique croissant, les critiques internationales sur les crimes de guerre et les accusations de génocide sapent la prétention israélienne à remodeler le Moyen-Orient selon ses intérêts. Même certains analystes israéliens admettent que la rhétorique de victoire cache en réalité une série d’échecs stratégiques.
En définitive, l’idée d’un « Israël grand » relève davantage du fantasme géopolitique que d’un projet réalisable. Loin d’imposer sa volonté, Tel-Aviv révèle, par son agressivité et sa dépendance à ses alliés occidentaux, la fragilité d’un État en guerre permanente contre son environnement, mais aussi contre les limites de sa propre puissance.