Figure soufie, Bamba communément appelé Serigne Touba s’était érigé en résistant pacifique contre le pouvoir colonial français qui l’a finalement déporté en 1895 au Gabon pour un exil de sept ans.
« Quant aux bienfaits que Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine gratitude ne les couvre plus. Par conséquent, j’invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait à s’unir à moi dans la reconnaissance à Dieu, chaque fois que l’anniversaire de mon départ en exil le trouve sur terre », a mis en exergue Serigne Dame Mbaye, membre de la confrérie, disant reprendre un propos de Serigne Touba pour relever la portée de ce rendez-vous religieux.
Organisé chaque année au 18ème jour du mois de Safar (calendrier hégirien), le Magal est le plus grand pèlerinage religieux au Sénégal en termes d’affluence avec des pèlerins en provenance des quatre coins du pays et bien au-delà.
Récitals de coran, déclamations de khassaides, des poèmes écrits par Bamba en hommage au Prophète Mohamed (psl), conférences, tables rondes et expositions sont au menu de la célébration qui fait vibrer depuis trois jours la ville de Touba située à 180 km de Dakar.
Selon le comité d’organisation, plus d’un million de pèlerins ont été enregistrés pour cette édition.
« C’est très impressionnant de voir le nombre de gens qui viennent, parfois de loin, pour honorer Cheikh Ahmadou Bamba. Cette ferveur témoigne de l’importance de son héritage », a indiqué l’auteur et traducteur français Idrîs de Vos sur les ondes de la radio nationale, RSI.
« Le Coran nous recommande d’être avec les gens sincères. Dans toutes les villes, il y a des gens de Dieu, des gens de zikr. C’est cela que je suis venu chercher ici », a-t-il poursuivi, assurant que c'est sa première visite à Touba.
Venu de la Côte d’Ivoire, Bamba Moussa dit être à Touba pour « puiser dans les enseignements » de Serigne Touba qui doit « être une source d’inspiration pour tous les humains ». Il a indiqué avoir visité le musée Fathul Fattah où sont exposés les écrits de Bamba et assisté à une conférence autour du thème de l’islam soufie.
Le pakistanais Syed Maqbool Ahmed Gillani, invité du khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké, considère le Magal comme un événement « profondément spirituel» qualifiant aussi Touba de « centre d’unité pour les musulmans du monde entier ».
A en toujours croire Gillani qui participe pour la cinquième fois à ce pèlerinage, le Magal est une occasion de « rencontrer des musulmans venus de tous horizons » et de « prier pour la paix dans le monde, à Gaza, en Palestine, au Cachemire et dans toute la oummah ».
« Malgré les grosses pluies diluviennes enregistrées cette semaine dans tout le pays, la ville de Touba regorge de monde comme d’habitude. Notre énergie pour le Magal dépasse toutes contingences naturelles et rien ne peut l’altérer », a fièrement dit, Alassane, un pèlerin en provenance de la capitale, assurant n’avoir jamais manqué le Magal depuis 20 ans.
Le Magal c’est aussi la solidarité et le partage avec de copieux repas gracieusement offerts aux pèlerins. « C’est un moment où l’on rivalise de générosité. Les dépenses peuvent être jugées faramineuses pour certains mais le Cheikh a prescrit le berndél (offrir des repas copieux) et les mourides qui en ont les moyens le font sans calculer », a relevé Alassane.
L’édition sera clôturée jeudi à travers une cérémonie officielle qui va enregistrer la présence de Serigne Mountakha Mbacké, petit- fils de Bamba et actuel khalife Général, celle du ministre de l’intérieur Jean Baptiste Tine à la tête d’une délégation gouvernementale. Des responsables d’institutions de la république, des diplomates étrangers et représentants d’organisations islamiques prennent aussi part à la cérémonie.
Décrété jour férié depuis des années, le Magal a été inscrit juillet courant par le gouvernement sur la liste nationale du patrimoine culturel immatériel. Le gouvernement a indiqué qu'un plan de sauvegarde et de mise en valeur du Magal va ainsi être déployé pour accompagner la mesure.