
Selon Actualités Ukrinform, le manuscrit est daté avec précision : il porte la mention « … roku 1804 mensis Aprila dnia 9 », ce qui situe son achèvement le 9 avril 1804. Il est écrit en calligraphie arabe traditionnelle (script nasḫ incliné), sur papier à tissu bleu-gris d’environ 19×14 cm, relié en cuir fin.
Un détail particulièrement remarquable : en marge du texte arabe, figurent des annotations en ukrainien dialectal, mais écrites en caractères arabes, ce qui témoigne de l’hybridation linguistique de la communauté.
La ville d’Ostroh abritait depuis le XVIᵉ siècle une communauté de « Tatars de l’Ouest » (vest-tatars) qui servaient notamment de gardes de château et bénéficiaient de privilèges sous l’ancienne Couronne polono-lituanienne. Le manuscrit doit être compris dans cette tradition de production religieuse islamique locale : l’étude menée en 2013 a montré que le manuscrit avait été recopié par Mustafa Adamiv à Ostroh — travail achevé en 1804. 
La présence des annotations ukrainiennes en script arabe témoigne de la convergence entre la culture tatare et l’environnement slavo-ukrainien environnant. Ce manuscrit est donc une « monument rare » du patrimoine culturel des Tatars de l’Ouest en Ukraine. 
Le manuscrit a été numérisé récemment, et est désormais accessible en ligne depuis le site du musée de la région d’Ostroh. Il est également intégré à une exposition plus vaste intitulée « Ostroh Tatars » qui vise à présenter l’histoire de cette communauté locale.
Ce manuscrit revêt plusieurs niveaux d’importance :
Historique : il documente une pratique manuscrite de la copie du Coran en milieu tatare-occidental au début du XIXᵉ siècle.
Linguistique : l’annotation ukrainienne en caractères arabes constitue un phénomène rare d’hybridation scripturale.
Culturel/symbolique : il rappelle la diversité religieuse et ethnique de la Volhynie (nord-ouest de l’Ukraine) et la coexistence des communautés musulmanes tatares dans ce territoire.
Muséal : la numérisation et l’exposition témoignent d’un effort contemporain pour conserver et valoriser ce patrimoine fragile.
Le manuscrit « Ostroh Koran » constitue un trésor du patrimoine culturel ukrainien et européen, autant pour son unicité que pour la complexité des influences qu’il inscrit : islamique, tatare, ukrainienne, slavo-chrétienne. Il s’inscrit dans l’histoire plus large de la ville d’Ostroh, réputée pour son rôle intellectuel et imprimeur dès la fin du XVIᵉ siècle.