La laïcité a beaucoup perdu de son esprit depuis sa naissance

15:20 - November 23, 2013
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Paris(IQNA)- La communauté musulmane aspire à vivre dans la paix mais cette dernière est l’objet d’attaques incessantes.


Quelle est l'intention de l'Etat français dans l'omission des signes religieux ainsi que le voile de la société, surtout les universités?



La proposition de loi portant sur l’interdiction du voile à l’université apparait au premier regard comme une proposition étrange. En effet les universités n’en ont pas fait la demande et la mise en place d’une telle mesure est bien difficile à appliquer car les femmes musulmanes voilées qui fréquentent l’université sont des personnes majeures et donc libres. Interdire le voile dans l’enceinte des universités entrainerait une violation des droits humains fondamentaux, comme la liberté religieuse.



En réalité, cette proposition vise deux objectifs: le premier consiste à faire percevoir le signe religieux et, plus particulièrement le voile musulman comme un problème et donc de manipuler l’opinion publique afin que celle-ci considère que les musulmans dans leur ensemble sont une source de problèmes dans la société française.



Le gouvernement, en agissant de la sorte, encourage le climat d’islamophobie au sein de la société française. Cette proposition qui émane d’une instance qui n’a même pas de légitimité (la mission laïque du Haut conseil à l’intégration qui en est l’instigatrice n’est plus en fonction) a donc une visée essentiellement polémique.



Le deuxième but est de réglementer de plus en plus l’espace public en empêchant progressivement, à coup de lois, de circulaires et de règlements intérieurs, la possibilité pour les croyants de porter un signe qui rappelle leur appartenance religieuse. Ceci est en opposition flagrante avec les principes des droits de l’homme dont la France se targue d’être la protectrice



Pourquoi la France est la scène de la croissance des actes islamophobes depuis le début de l'année 2013?



Les actes islamophobes se sont multipliés ces derniers mois, (agression, vandalisme des mosquées, menace de carnage contre la communauté).



La communauté musulmane aspire à vivre dans la paix mais cette dernière est l’objet d’attaques incessantes. Les dernières en date touchent particulièrement les femmes voilées. Des interpellations (envers les femmes qui portent le voile intégral) se passant mal, mettent en évidence la partialité des forces de polices et leurs comportements racistes.



Des femmes voilées sont agressées dans la rue par des inconnus qui tentent de leur arracher leur voile et de les violenter. On peut attribuer ce regain de violence à la montée de la crise. Le discours des partis politiques attise le racisme ambiant et désigne l’immigration et les musulmans comme les responsables des problèmes que rencontrent la France et la paupérisation de ces habitants. Les partis politiques, à coup de petites phrases  faussement naïves mais ouvertement racistes orientent le mécontentement populaire. D’autre part, le pouvoir en place, en créant et entretenant un climat islamophobe vise à distinguer au sein de la société française différentes composantes qui, en cas de tension se renvoient les responsabilités. Ainsi les musulmans de France font figure de bouc- émissaire pour devenir le réceptacle de toutes les frustrations économiques et sociales des français de souche.



Comment les femmes musulmanes doivent faire en face de ces discriminations?



Ce que l’on constante concernant les agressions qui ont été portées à l’encontre des femmes voilées, c’est que la parole de ces dernières n’a pas été prise en considération. En effet, leurs agressions n’ont pas été jugées de la par des instances officielles (polices, médias) comme des agressions à caractère islamophobe mais comme des agressions à titre individuel.



De plus, leur témoignage a été considéré au conditionnel, leurs paroles mises en doute. Elles ont été traitée d’affabulatrice, de menteuses. A tel point qu’une jeune fille âgée de seize ans, qui avait été agressée dans la rue, en sortant de chez elle (deux individus lui ont arraché son hijab et lui ont scarifié le visage avec un couteau) a, quelques semaines après l’agression, fait une tentative de suicide en se défenestrant. La jeune fille n’a pas supporté le traumatisme et le traitement partial que lui ont réservé les media qui l’ont, en utilisant le conditionnel, fait passer pour une personne qui invente une histoire.



On constate donc que les forces publiques, les médias n’apportent aucun soutien envers les femmes musulmanes agressées. La France, étant un Etat de droits et les femmes musulmanes étant des citoyennes à part entière, il convient donc pour elles de se défendre en utilisant les outils législatifs qui existent en cas d’agression (déposer plainte, faire des certificats médicaux, aller au tribunal et poursuivre les agresseurs pour les faire condamner). Ces procédures sont longues mais elles sont la seule voix légale. Il ne faut pas tomber dans le piège de faire justice par soi- même et utiliser des moyens illégaux. Cela permettrait aux islamophobes d’entrainer la communauté dans une spirale infernale. D’autre part, les femmes musulmanes ne doivent pas hésiter à porter plainte. En effet, certaines peuvent se sentir intimidées ou découragées face à la complexité des procédures. Des associations de luttes contre l’islamophobie existent qui leur apportent un soutien psychologique et les aide dans leurs démarches juridiques (Le collectif contre l’islamophobie en France)



 



Est-ce que la laïcité peut-être une bonne raison pour limiter de plus en plus les musulmans?



La laïcité a beaucoup perdu de son esprit depuis sa naissance en 1905. La laïcité visait à séparer l’Etat et les cultes et à organiser un espace de neutralité qui permet aux différentes religions de s’exprimer librement. A présent la laïcité, des aveux même du président François Hollande est définie ainsi: « Aujourd’hui, elle est une frontière entre ce qui relève de l’intime, qui doit être protégé, et ce qui appartient à la sphère publique qui doit être préservée.»



Le Président a créé une instance: « l’observatoire de la laïcité » qui a pour but de légiférer pour tous les domaines de la vie publique.



La nouvelle définition distingue deux catégories : l’intime et le public. Les lois qui sont en train d’être mises en place, sous couvert d’une interprétation fallacieuse de la laïcité vises à confiner l’expression religieuse dans la sphère intime et à faire disparaitre les signes religieux de tout espaces publiques. Ainsi, auparavant, ce n’étaient que les agents du service public qui devaient observer les principes de la laïcité et ne pas porter de signes religieux, à présent ce sont tous les acteurs du domaine public qui sont visés et, avec en ligne de mire une cible: les musulmans, et surtout les musulmanes, dont il faudrait contrôler l’apparence dans les services publics, dans les entreprises privées et bientôt même chez elles. Ainsi, la laïcité interprétée comme interdiction du signe religieux fait son apparition dans les règlements intérieurs des entreprises privées alors qu’elle ne concernait auparavant que les agents des services publics. Le gouvernement intervient même en imposant la laïcité au sein des domiciles en demandant aux femmes musulmanes qui exercent à leur domicile (garde d’enfants) à ce qu’elles ôtent leur hijab dans leur propre maison.



 



Quelle est la responsabilité des républicains envers ces actes islamophobes?



Le gouvernement n’attaque pas directement les musulmans mais par son action, encourage indirectement l’islamophobie. D’une part, en condamnant mollement les actes d’agressions que subissent la communauté musulmane alors que pour d’autres  minorités (homosexuels, communauté juive) les portes paroles et ministres gouvernementaux n’hésitent pas à faire des condamnations publiques et énergiques. D’autre part, en légiférant sous couvert de laïcité, en voulant réglementer de plus en plus l’espace public, en voulant étendre cette version erronée de la laïcité à des domaines de plus en plus vastes. Le gouvernement a pour cible la communauté musulmane et utilise en fer de lance les femmes musulmanes et le voile islamique. Des propositions de loi comme celle de l’interdiction du voile à l’université n’a d’autre but que de créer une polémique, de créer un problème là ou il n’y en avait pas. Cette attitude gouvernementale hypocrite encourage le climat d’islamophobie et donne une sorte de caution morale à des groupuscules ou individus extrémistes, racistes et ouvertement islamophobes pour attaquer physiquement les femmes musulmanes et vandaliser les lieux de cultes musulmans.



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