Porté au pinacle en interne, au point d’être promu, en mai dernier, manager général de son club de basket, la belle ascension de Taqwa Pinero n’aura pas résisté à la levée de boucliers déclenchée par la révélation de son islamité et de sa « foi inébranlable » en Allah. Allah, le Plus Savant, qui seul sait qui Il guide vers Lui. Une guidance divine qui, loin d’émouvoir les acteurs clés et autres sponsors de l’Elan béarnais, les a au contraire fait sortir de leurs gonds.
« Je suis un exemple vivant de ce qu’Allah peut faire pour quelqu’un dont la foi est inébranlable ». C’est cet aveu inavouable, confié avec l’exaltation d’un homme dont le parcours a été jalonné d’épreuves, ainsi qu’il l’a souligné dans son tweet, qui a coûté son poste à Taqwa Pinero.
Si, lui, a répondu à l’appel irrésistible du Très-Haut, la direction du club, l’entrepreneur Stéphane Carella, l’un de ses principaux mécènes, et l’Agglomération de Pau ont, eux, cédé aux sirènes électrisantes de l’intolérance : ils ont appelé à son éviction pure et simple, non sans clouer au pilori l’ancien basketteur devenu manager.
Selon le quotidien Sud-Ouest, Stéphane Carella s’est dit « sidéré par les messages de Taqwa Pinero », tempêtant contre « l’image salie du club, catholique à l’origine ». Ce dernier a très vite posé un ultimatum au club : si Taqwa Pinero n’était pas limogé toutes affaires cessantes, il retirerait ses billes, menaçant d’emmener avec lui « plusieurs autres partenaires importants ».
Quant au maire de Pau, le fervent catholique François Bayrou, il n’a guère été charitable en l’espèce, se faisant le chantre non pas du dialogue interreligieux et de la compréhension mutuelle, mais plutôt de l’exclusion du dangereux musulman de l’équipe. Ce proche parmi les proches d’Emmanuel Macron, qui vient d’être nommé secrétaire général du Conseil national de la refondation, a invoqué « sa défense de la laïcité » et les « crispations autour d’un islam affiché aussi clairement ». La messe est dite !
De son côté, Taqwa Pinero s’est insurgé dans l’Equipe contre la « discrimination religieuse » qui le frappe, ce que David Bonnemason-Carrère, vice-président du club, nie en bloc. Et pourtant, comment faut-il appeler l’ostracisme qui a déchu de son titre le manager de l’Elan béarnais ? Un ostracisme mâtiné d’une islamophobie institutionnalisée qui ne dit pas son nom, bien que pleinement assumée.
oumma