L'orientalisme, un moyen de maîtriser l'Orient
Mehdi Fadaei Mehrabani a déclaré : « l'importance de la pensée d’Edward Sa’id est que lorsqu'il parle de l'intellectuel, il l'entend sous le concept d'orientalisme et la question palestinienne fait partie de cette discussion. Il va jeter des pierres parce que c'est considéré comme un symbole de résistance. Le discours orientaliste était si fort que même jeter des pierres sur des criminels israéliens, était considéré comme un acte terroriste. L'orientalisme aux yeux d'Edward Sa’id est une manière de maîtriser l'Orient. Il estime que le discours orientaliste de l’Occident, signifie que nous avons un Occidental qui est dans la position de sujet vis-à-vis de la connaissance, et nous avons un Oriental qui est le reste du monde et le sujet de la connaissance. Selon Edward Sa’id, l'orientalisme est un discours et l'Orient ne peut être compris en dehors de ce discours. En d'autres termes, l'Orient n'a pas d'identité indépendante. Ce discours a acquis un aspect académique en Orient. Le problème pour Edward Sa’id, est que cette tradition académique occidentale s’est développée en Orient, et que les orientalistes abordent les études orientales avec la même méthode et sous le même angle. De son point de vue, les intellectuels non conformistes sont des intellectuels apatrides, c’est-à-dire que même dans leur patrie géographique, ils appartiennent intellectuellement et idéologiquement à la patrie occidentale ».
Abdullah Karimzadeh, chercheur en philosophie, présent à cette réunion, a déclaré que l'objectif d'Edward Sa’id était de savoir comment les universitaires étaient complices des colonialistes ou les servaient involontairement, ajoutant : « Nous n’avons pas pu avoir notre propre récit, d’autres nous l’ont raconté, avec la production de stéréotypes négatifs sur l’Orient. Edward Sa’id a montré ces récits dans différents domaines comme la littérature et l'art, le cinéma, l'historiographie et les récits de voyage, et le résultat est la consolidation de ces stéréotypes que nous avons fini nous-mêmes par croire. L'Orient que Sa’id dépeint, est en fait une création de l'imagination des penseurs occidentaux, et nous nous considérons également comme pouvant être racontés dans cet angle et ce récit. Par conséquent, l’orientalisme est un ensemble de stéréotypes sur la façon dont l’homme occidental domine l’Orient. L’intention des orientalistes n'était pas de comprendre le Coran, ils voulaient trouver des éléments dans le texte du Coran, qui confirment leurs stéréotypes, par exemple montrer l'Islam comme un religion violente et sauvage. Ou bien dans les traductions, ils ont trouvé des exemples confirmant leurs stéréotypes. Burn Jones par exemple, a réalisé une traduction qui comporte plus de notes de bas de page que le texte lui-même. Un autre point est qu’il entend montrer que les Orientaux sont des gens irrationnels et que l’Orient est étranger à la raison. Hier encore, je lisais un article sur Gaza qui discutait du bien et du mal de l’opération Tempête d’Al-Aqsa. Du point de vue de l’Occident, le début du récit est très important : par où commencer ? En Occident, l’histoire d’Israël et de Gaza remonte au 7 octobre, et non à des décennies d’occupation israélienne. Ils n'utilisent même pas le mot Palestine, ils utilisent les mots « Hamas » et « Israël » pour dire que le Hamas est un groupe terroriste, que le gouvernement israélien agit comme le sauveur des chrétiens et que sans les Occidentaux, l’Orient ne pourrait pas continuer à vivre. Ce type d'attitude est courant dans les jeux informatiques, dans divers contenus de l'espace virtuel et dans le cinéma hollywoodien. L'orientalisme semble donc être un projet qui se poursuit dont l'objectif principal est de présenter les récits en faveur du colonialisme ».
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