Denise Masson, du dialogue des religions à la traduction du Coran en français

14:54 - November 25, 2024
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IQNA-Denise Masson est née le 5 août 1901 dans une famille riche, à Paris, et est décédée le 10 novembre 1994.

Son père était un éminent avocat qui s'est tourné vers la collection d'œuvres d'art historiques, de qui Masson a hérité son amour pour les œuvres d'art.

La mère de Denise Masson était pianiste et jouait du piano dans les milieux artistiques et dans les parcs. Malgré l'enfance de Masson dans un environnement choyé, sa maladie a contraint ses parents à émigrer en Algérie qui était alors une colonie française. Ce fut le début d’une nouvelle vie parmi les Arabes, et d'apprentissage de l’arabe dans les rues de la capitale algérienne.

Le divorce de ses parents en 1925, l'a amenée à se lancer dans l'ascétisme et dans la vie religieuse, afin de connaître les livres saints et de vivre quelque temps en retrait.

«دنیز ماسون»؛ از پیشگامی در گفت‌و‌گوی ادیان تا ترجمه قرآن به فرانسه

Religieuse chrétienne et infirmière, elle s'est tournée vers les études orientales et a traduit le Coran en français après avoir appris couramment l'arabe et le dialecte marocain, et a publié sa traduction en mille pages, aux éditions Gallimard de Paris qui était l'un des plus célèbres centres d'édition en France.

«دنیز ماسون»؛ از پیشگامی در گفت‌و‌گوی ادیان تا ترجمه قرآن به فرانسه

Masson n'a pas indiqué son nom complet sur sa traduction du Coran, soit par modestie, soit pour ne pas provoquer des sentiments hostiles. L'éditeur a seulement mis la lettre « D » sur cet ouvrage, car les gens auraient été surpris et peut-être mécontents qu'une femme traduise le Coran. A cette époque, seuls les orientalistes et les hommes, familiarisés avec la langue arabe, se tournaient vers la traduction du Coran. 

De nombreux chercheurs considèrent la traduction française du Coran de Denise Masson comme simple, fluide et spirituelle, en raison de sa profonde compréhension du Coran et de l'Islam, et Sobhi Saleh, penseur libanais, l'a qualifiée de « l'une des meilleures traductions des significations du Coran ».

«دنیز ماسون»؛ از پیشگامی در گفت‌و‌گوی ادیان تا ترجمه قرآن به فرانسوی

Masson a soutenu le mouvement national marocain qui tentait de libérer les pays arabes du Maghreb du colonialisme français. Elle a également vécu en Algérie et a travaillé comme infirmière, à Tunis et à Rabat. 

Pendant 60 ans, Masson a accueilli dans sa maison, des artistes et des intellectuels de premier plan, des écrivains, des musiciens et des pionniers du dialogue interculturel entre l'Europe, le Maghreb et les religions célestes. Cependant pour Masson, le dialogue entre les institutions chrétiennes et l’Islam, et le dialogue entre les églises (institutions officielles) et les musulmans, n’étaient pas profitables, alors que le dialogue entre croyants musulmans et chrétiens sincères, était non seulement possible, mais aussi, peut-être, fructueux.

En 1932, cette franco-marocaine, fascinée par la culture et la langue arabes, quitte son métier d'infirmière pour entrer à l'Institut des Hautes Etudes Islamiques pour étudier l'arabe marocain et l'arabe classique. Ce cours fut pour elle, l'occasion de se familiariser avec les coutumes et la religion de ce pays. Elle s'intéresse aux travaux de l'islamologue Louis Massignon, pionnier du dialogue entre l’islam et le catholicisme, et en fait son modèle. En 1958, elle publie une étude intitulée « Coran et religion judéo-chrétienne ». Pour écrire cet ouvrage, elle est obligée de traduire de nombreuses parties du Coran et utilise les traductions de Régis Blachère et de Mohammad Hamidullah.

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Dans la longue introduction de sa traduction, elle a souligné les points communs et les différences entre le Coran, l’évangile et la Bible, et a donné de nombreuses références dans les marges et les notes de bas de page, pour clarifier et expliquer les éventuelles ambiguïtés de la traduction.

Cette traduction, saluée pour ses qualités littéraires et son style concis, a été publiée dans la collection « Pléiade » en 1967, et placée à côté des traductions de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament.

Cependant, la traduction de Denise Masson n’est pas considérée comme une traduction scientifique au sens strict du terme. Michel Orcel place cet ouvrage dans la catégorie des « versions simplifiées » qui aplanissent les obstacles et les différences, pour introduire le texte du Coran dans la sphère culturelle de la langue cible, à la différence des versions « savantes » comme la traduction de Régis Blachère et des versions qu'il qualifie de « modernistes » comme celles de Yusuf Sediq et d’André Shoraghi.

En 1977, cette traduction, publiée dans une édition bilingue à Beyrouth avec la révision de Sobhi Saleh, a été qualifiée par les savants de l'Université Al-Azhar du Caire « d'effort sans précédent pour interpréter le Coran », et « de traduction parmi les plus fidèles au texte original ».

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En 2010, la traduction du Coran réalisée par Denise Masson était toujours l'édition française la plus vendue.

Concernant sa motivation pour traduire le Coran, Denise Masson a évoqué son grand respect pour le livre des musulmans comme la motivation la plus importante, et a déclaré qu'elle avait essayé d'expliquer les expressions coraniques fidèlement, clairement et objectivement, en préservant l'essence des concepts du Coran et les caractéristiques du style coranique, et en transmettant la spiritualité des mots du Coran.

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