À l’occasion de l’Aïd al-Adha 1446, le cheikh Salama Abdel Qawy, éminent savant d’al-Azhar et ancien conseiller au ministère des Waqfs d’Égypte, a adressé un message vidéo à l’agence IQNA. Il y affirme que cette fête, marquée par le sacrifice et la foi, perd cette année tout son sens face à la tragédie de Gaza et à la souffrance continue à la mosquée al-Aqsa, cœur battant de l’islam.
« Gaza est devenue le plus grand lieu de sacrifice de la Oumma », déclare-t-il, soulignant que les habitants y offrent leur vie, leurs biens et leurs enfants pour la libération d’al-Qods. Il cite le Coran (sourate Tawba, verset 111) : « En vérité, Dieu a acheté des croyants leurs vies et leurs biens en échange du Paradis. »
Pour le cheikh, l’Aïd véritable sera le jour où al-Qods sera libre. Il insiste sur le fait que la douleur actuelle n’est pas passagère mais s’inscrit dans un siècle d’oppression. Cette fête, célébrée dans l’ombre de la faim, de la guerre et de l’injustice, porte en elle une leçon claire : la solidarité avec les opprimés est aujourd’hui le plus pur des sacrifices.
Des leçons à tirer de l'Aïd al-Adha
Le cheikh Salama Abdel Qawy rappelle que cette fête est bien plus qu’un simple rituel : elle incarne l’unité de la Oumma, la soumission à Dieu et la solidarité entre croyants. L’Aïd suit le pèlerinage, moment où musulmans du monde entier, sans distinction de race ou de langue, se rassemblent autour d’un même appel : « Labbayk Allahumma labbayk ».
Le cheikh souligne que le sens profond du sacrifice trouve sa source dans l’histoire du prophète Ibrahim (Abraham), qui accepta de sacrifier son fils en obéissance totale à Dieu. Cette obéissance, partagée par son fils Ismaïl, révèle une confiance absolue en la sagesse divine. Dieu les récompensa en instaurant le sacrifice comme une tradition sacrée.
Ce message prend une dimension particulière aujourd’hui. Le cheikh affirme que le peuple de Gaza incarne ce sacrifice suprême : donner leurs vies et biens pour une cause juste, avec une foi inébranlable. Ainsi, l’Aïd al-Adha nous enseigne que la véritable offrande est celle qui naît de l’amour, de la foi et du don total de soi pour la justice, la liberté et la vérité.
Obéissance absolue à Dieu
Le cheikh Salama Abdel Qawy rappelle un enseignement souvent négligé : l’obéissance absolue aux ordres divins et l’éducation spirituelle au sein de la famille musulmane. Il évoque l’épisode d’Ibrahim (Abraham) et de son fils Ismaïl, lorsque le père dit : « Mon fils, je me vois en rêve en train de t’égorger », et que le fils répond avec soumission : « Fais ce qui t’est commandé ».
Ce passage révèle une foi exceptionnelle enracinée dans une éducation pieuse. Ismaïl ne doute pas de la source divine de l’ordre, bien que son père parle d’un rêve. D’où lui vient cette maturité spirituelle ? Le cheikh souligne ici le rôle central de la mère, Hajar. Seule dans le désert, elle éleva Ismaïl dans la foi, la confiance et la soumission totale à Dieu.
Lorsque Ibrahim la quitta, elle dit simplement : « Dieu t’a ordonné cela ? », et à sa réponse affirmative, elle déclara : « Alors Il ne nous abandonnera pas. » Ce modèle de foi maternelle se transmet à l’enfant. Ainsi, l’histoire d’Ibrahim, Ismaïl et Hajar demeure le fondement spirituel du Hajj et un repère pour chaque foyer musulman fidèle à la voie d'Allah.
Ibrahim, modèle de foi et une espérance pour al-Qods
Dans un message empreint de ferveur, le cheikh Salama Abdel Qawy rappelle qu’Ibrahim (Abraham), paix sur lui, demeure l’exemple parfait du musulman sincère. Par son obéissance, sa foi et l’éducation qu’il transmit à sa famille, il incarne l’essence de l’islam : soumission à Dieu, amour du Créateur, et fidélité absolue à la vérité divine. Sa famille, unie dans la foi, nous enseigne comment vivre en totale soumission à la volonté d’Allah.
Ce modèle d’Ibrahim revit aujourd’hui dans ceux qui, comme à Gaza, sacrifient leur vie et leurs biens pour la dignité et la liberté, dans l’amour de Dieu. L’Aïd al-Adha n’est donc pas seulement une fête joyeuse : c’est un moment sacré lié à notre foi et aux douleurs de notre Oumma. Oublier la souffrance de Gaza ou la blessure de Jérusalem serait trahir l’esprit même du sacrifice.
Le cheikh conclut par une prière : que Dieu nous accorde un jour de prière libre dans la mosquée al-Aqsa, après la libération d’al-Qods. Car le véritable Aïd sera celui où Jérusalem sera rendue aux croyants, affranchie de l’oppression. Et comme Ibrahim, nous affirmons : Allah est plus grand. Louange à Lui, seul digne d’adoration.