Universités israéliennes : entre recherche académique et appareil militaire

6:57 - August 20, 2025
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IQNA-Les universités israéliennes jouent un rôle central dans la consolidation du pouvoir militaire et sécuritaire de l’État d’Israël.

Selon la chaîne Al Jazeera, leur implication ne se limite pas à la formation d’ingénieurs et de chercheurs, mais s’étend à un partenariat étroit avec les industries de l’armement et les services de renseignement.

Ce lien structurel entre milieu académique et appareil répressif se manifeste à travers des programmes spécifiques, des recherches appliquées et une orientation idéologique qui contribue directement à l’occupation et à l’oppression du peuple palestinien.

Ainsi, des technologies testées sur le terrain en Palestine sont perfectionnées dans les laboratoires universitaires avant d’être commercialisées à l’échelle mondiale.

Le cas du renseignement militaire illustre parfaitement cette relation. L’unité 8200, connue pour sa surveillance systématique des communications palestiniennes, recrute et forme une partie de ses membres par le biais de filières académiques conçues en partenariat avec les universités.

Ces institutions deviennent alors des maillons essentiels dans la reproduction du système de domination, participant activement à la militarisation du savoir.

نقش دانشگاه‌های اسرائیل در کشتار و شکنجه فلسطینیان

Répression académique et marginalisation des Palestiniens

Au-delà de la collaboration militaire, les universités israéliennes fonctionnent comme des instruments de contrôle idéologique. La narration dominante qui prévaut dans ces institutions repose sur l’effacement de l’histoire palestinienne et la légitimation de la colonisation.

Toute remise en cause de la Nakba, du colonialisme de peuplement ou des violations des droits des Palestiniens est systématiquement marginalisée, voire interdite.

Les étudiants palestiniens qui fréquentent ces établissements subissent une série de discriminations structurelles. Ils sont soumis à une surveillance constante, convoqués pour des interrogatoires sécuritaires, privés de leur liberté d’expression et, dans certains cas, arrêtés ou même assassinés.

نقش دانشگاه‌های اسرائیل در کشتار و شکنجه فلسطینیان

Leur présence dans les campus est tolérée sous condition de silence politique et d’invisibilité publique. L’université, censée être un lieu d’émancipation intellectuelle, se transforme ainsi en un espace de discipline et de répression.

Cette domination intellectuelle s’accompagne d’une censure institutionnelle sur la recherche. Les travaux qui abordent l’occupation, l’apartheid ou les violences de l’armée israélienne sont qualifiés d’illégitimes, voire d’« illégaux ».

Les administrations universitaires s’allient aux courants politiques les plus à droite du spectre israélien afin de neutraliser toute production critique. De cette manière, l’université ne se contente pas de reproduire les logiques coloniales : elle participe activement à une « occupation cognitive » visant à effacer la mémoire et la voix palestiniennes.

Appels au boycott et défense d’une véritable liberté académique

Face à cette complicité structurelle, des initiatives internationales de boycott universitaire ont vu le jour.

Dès 2004, le PACBI (Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel) a appelé à sanctionner les institutions académiques israéliennes, considérées comme des rouages de l’oppression, au même titre que l’armée ou la police.

Ces campagnes de boycott ne visent pas les individus, mais les structures elles-mêmes, accusées d’alimenter et de légitimer l’apartheid.

La chercheuse Maya Wind, dans son ouvrage récent, insiste sur la nécessité d’un boycott intégral. Elle rappelle que tant que les universités israéliennes collaboreront à l’occupation et à la répression, il ne pourra y avoir de véritable liberté académique.

Ses recherches s’appuient sur de nombreux témoignages d’étudiants et d’enseignants, palestiniens comme israéliens, qui décrivent le climat d’exclusion et de censure imposé sur les campus.

La conclusion de l’ouvrage est confiée au professeur Robin D. G. Kelley, de l’Université de Californie. Celui-ci souligne que le boycott universitaire n’est pas seulement une position académique, mais un impératif moral et politique.

Il affirme qu’aucune liberté intellectuelle authentique ne peut exister dans un contexte fondé sur le meurtre, l’exil forcé et la discrimination systématique. Selon lui, les universités israéliennes doivent être comprises comme l’un des instruments les plus emblématiques du régime colonial et ségrégationniste.

Ainsi, le débat autour du boycott ne se limite pas à la sphère académique, mais s’inscrit dans une lutte plus large pour la justice et la liberté en Palestine.

La critique de ces institutions met en lumière une contradiction fondamentale : une université ne peut prétendre incarner la recherche, l’innovation et l’émancipation, tout en contribuant activement à la dépossession et à la répression d’un peuple.

La reconnaissance de cette complicité et l’action collective qui en découle apparaissent dès lors comme des conditions indispensables à l’émergence d’une véritable liberté académique, inséparable de la liberté palestinienne.

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