"L’Arizona [nom donné en Belgique à la coalition gouvernementale, ndlr] courait derrière un accord par rapport à la guerre à Gaza depuis des semaines. […] Après de longues heures de négociation nocturne – tradition belge oblige –, un accord a pu être trouvé, et ainsi une crise de gouvernement évitée", affirme Le Soir.
"La Palestine sera reconnue par la Belgique lors de la session de l'ONU !", a annoncé le ministre belge des Affaires étrangères Maxime Prévot, mardi 2 septembre sur le réseau social X [L'Express]. "Et des sanctions fermes sont prises à l’égard du gouvernement israélien", a-t-il ajouté.
Reconnaissance sous conditions
"La Belgique a toujours défendu une solution à deux États et réaffirme cette posture en se joignant aux cosignataires de la Déclaration de New York", annonce un communiqué officiel du gouvernement, relayé par L'Echo. C'est pourquoi le pays "souhaite envoyer un signal politique et diplomatique fort en se joignant aux nations qui vont annoncer la reconnaissance de l'État de Palestine", poursuit le document.
"En juillet, le président français Emmanuel Macron avait déclaré que la France reconnaîtrait un État palestinien lors de la réunion des Nations unies, qui se tiendra du 9 au 23 septembre à New York. […] Plus d'une douzaine d'autres pays occidentaux ont depuis déclaré qu'ils feraient de même", rappelle Politico.
Deux conditions sont posées par la Belgique. "La reconnaissance ne sera […] formalisée dans un arrêté royal que lorsque le dernier otage israélien sera libéré et que des organisations terroristes comme le Hamas auront été écartées de la gouvernance de la Palestine", indique Le Vif. "Ces balises satisferont probablement MR et N-VA [les partis conservateurs membres de la coalition gouvernementale, ndlr] qui avaient insisté, ces dernières semaines, pour que toute reconnaissance potentielle soit assortie de conditions" [L'Echo].
En parallèle, le gouvernement fédéral veut intensifier la lutte "contre l'extrémisme et […] l'antisémitisme. […] La surveillance des incidents antisémites et de la glorification du terrorisme par les partisans du Hamas sera renforcée", poursuit Le Vif.
Des sanctions contre Israël
L'accord trouvé la nuit dernière prévoit également une série de sanctions à l'encontre d'Israël. "Les mesures comprennent l'interdiction d'importer des produits provenant de colonies illégales, un examen des politiques de passation des marchés publics avec les entreprises israéliennes et des restrictions à l'assistance consulaire aux Belges vivant dans des colonies illégales", liste Politico.
"Les ministres extrémistes [israéliens] Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, et les leaders politiques et militaires du Hamas, seront aussi personae non gratae sur notre territoire", poursuit Le Soir. Le quotidien affirme également que le gouvernement "plaidera pour l’interdiction totale de l’exportation et du transit d’armes vers Israël depuis la Belgique".
Enfin, le royaume entend faire bouger les lignes à l'échelon supérieur. "Au niveau européen, la Belgique soutiendra notamment la suspension complète des volets commerciaux et recherche de l'accord d'association avec Israël" [RTBF]. Entré en vigueur en juin 2000, cet accord qui constitue la base légale des relations entre l'Union européenne et l’État hébreu est remis en cause depuis plusieurs mois. Mais les Vingt-Sept ne sont jusqu'ici pas parvenus à se mettre d'accord pour le suspendre.
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