
Dans un entretien accordé à IQNA, Awwad explique que les revers militaires d’Israël, l’appui exclusivement aérien et l’usure politique du régime rendent probable une extension du « scène de la résistance » au-delà de Gaza, vers la Cisjordanie, le plateau du Golan et même la Jordanie.
Il juge illusoire tout recours aux plans d’« abrahamisation », à l’« normalisation » ou à de nouvelles transactions politiques : la dynamique actuelle ne conduit, selon lui, qu’à une poursuite du conflit jusqu’à l’émancipation complète de la Palestine.
En ce qui concerne les négociations et condition israélienne, Awwad évoque les tractations en cours entre médiateurs et Israël, qui conditionnerait toute avancée à la remise intégrale des corps des soldats et otages tombés à Gaza. Cette exigence a été rejetée par les factions palestiniennes, lesquelles demandent aux médiateurs d’exiger des États-Unis qu’ils contraignent Israël au respect des accords.
La deuxième phase du cessez-le-feu signée à Charm el-Cheikh prévoit l’ouverture de discussions sur l’avenir institutionnel de Gaza et sur le statut des armes de la résistance, mais la fragilité de cette trêve rend incertaine sa mise en œuvre durable.
Pour ce qui est de l'état humanitaire et perspectives de la trêve, il pense que l’attention internationale se concentre sur la conservation d’un fragile cessez-le-feu, l’échange de corps et l’acheminement d’aide humanitaire, l’Organisation mondiale de la santé continue de qualifier la situation de « catastrophique ».
Awwad note que, malgré des assurances régionales — Turquie, Égypte, Qatar — et des déclarations favorables venant de certains intermédiaires, la réalité sur le terrain reste précaire et la tentation du retour aux hostilités persiste, notamment du fait des objectifs politiques que certaines élites israéliennes poursuivent.
Sur le plan des objectifs israéliens et des implications politiques, Awwad dit : Des voix au sommet politique israélien considèrent la guerre comme un moyen d’atteindre des objectifs territoriaux et stratégiques : neutraliser la capacité militaire du Hezbollah, contrôler des portions de Gaza, et concrétiser une vision d’« Israël élargi ».
Mais les revers tactiques, l’impossibilité d’atteindre des objectifs terrestres décisifs et la dépendance aux frappes aériennes fragilisent cet horizon. Awwad estime que ces échecs aggravent la crise politique interne, exposant le gouvernement de Netanyahou à des risques de déstabilisation, tandis que la perception d’un échec militaire accroît la détermination des mouvements de résistance.
L’analyste prédit que la résistance populaire pourrait se généraliser : de Gaza vers la Cisjordanie, le Golan et potentiellement la Jordanie. Il souligne en particulier la spécificité du Liban : la structure constitutionnelle, l’équilibre confessionnel et la réalité sociopolitique rendent la désarmement forcé du mouvement de résistance pratiquement impossible. La force populaire chiite, et la place acquise par la résistance dans la conscience nationale, font que toute agression externe ne ferait que renforcer la légitimité et la capacité militaire de ce courant.
Awwad décrit l’Iran comme un acteur stratégique qui interprète le conflit comme déterminant pour sa propre survie et pour l’équilibre régional. Téhéran, selon lui, privilégie une approche durable et réfléchie, visant à remodeler le rapport de forces à long terme plutôt qu’à céder à des réactions impulsives. Dans cette logique, la préservation et l’approvisionnement des forces de la résistance sont perçus comme essentiels pour défendre une géographie stratégique qui, de son point de vue, commence en Palestine et s’étend jusqu’à la Méditerranée.
Mikhaïl Awwad propose un pronostic net : tant que les tensions et les déséquilibres politiques persistent, la logique du conflit continuera de prévaloir, rendant vraisemblable l’élargissement du théâtre de résistance. Les mécanismes diplomatiques existants, estime-t-il, sont insuffisants face à une dynamique qui se nourrit des échecs militaires, des pressions politiques internes et d’un paysage régional profondément transformé.