Je m'appelle Abdol Basset Mohamad Abdol Samad, du village d'Armanat qui est actuellement devenu une ville, dans la région de Qana, au sud de l'Egypte et à 700 Km du Caire. Je suis né en 1927 et à l'âge de dix ans, je savais le saint Coran par cœur. J'adorais le saint Coran et mon seul souhait était de devenir un lecteur coranique célèbre. Je faisais de longues routes à pied pour écouter les lecteurs car à cette époque, nous n'avions pas de radio à la maison, seuls les cafés avaient des radios.
Les deux lecteurs célèbres étaient le Cheikh Rafhat et le Cheikh Chahcha'i, qui lisaient à la radio. Le Cheikh Rafhat lisait deux fois par semaine, le vendredi et le mardi, nous faisions trois kilomètres à pied pour l'écouter, et le soir nous avions des réunions où participaient d'autres lecteurs. J'ai appris le saint Coran dans la bibliothèque de mon village. Mon père m'a beaucoup encouragé lorsque je lui ai dit que je voulais apprendre les techniques de lecture et devenir un grand lecteur coranique. Mes autres frères ont poursuivi d'autres études à l'université Al Ahzar. Mon père envisageait de m'envoyer à Tanta, qui était réputée pour son centre d'enseignement de lecture et de sciences coraniques, cependant un Cheikh du nord est venu dans notre village pour enseigner le saint Coran, les habitants étaient très satisfaits et moi aussi je suis allé poursuivre mon enseignement coranique auprès de ce Cheikh qui m'a enseigné la méthode de lecture Sab'h.
Il m'a beaucoup encouragé car il voyait que j'éprouvais beaucoup d'intérêt et que j'avais de bonnes dispositions. Il voulait m'enseigner les dix modes de lecture, mais je me suis contenté d'en apprendre sept. Je l'accompagnais le soir, dans les réunions coraniques, il me considérait comme son propre fils. Grâce à Dieu, j'avais appris par cœur le saint Coran à dix ans, la lecture Sab'h à douze ans et la lecture 'Achreh à quatorze ans, c'est à dire les dix modes de lecture dans leur totalité. En plus de la lecture, nous étudions aussi les sens coraniques, car le sens est important dans la question des pauses et des différents modes de lecture. J'ai consacré ma jeunesse au saint Coran et toute ma vie à l'enseignement coranique et religieux. Je passe actuellement la plus grande partie de mon temps à la lecture, l'organisation de soirées coraniques avec les lecteurs des autres pays musulmans, et aux enregistrements pour la radio et la télévision.
Je suis allé au Caire, en 1951 pour la première fois et devins célèbre dans le quartier de Sa'id. J'étais parfois invité à lire le saint Coran, lors des cérémonies organisées à l'occasion de l'anniversaire de la naissance du prophète (SAWA). Cependant à cause de la présence de grands lecteurs, j'hésitais à lire jusqu'à ce qu'un des oulémas qui me connaissait, me demanda de faire une récitation de dix minutes. J'ai accepté et la lecture a duré une heure et demi, c'était vraiment une grâce divine, la mosquée était pleine, et les assistants demandaient sans cesse de continuer.
J'ai fait le pèlerinage en 1952, et pour la première fois, j'ai fait un enregistrement dans ce pays. Bien entendu, mes lectures étaient influencées par les grands maîtres de lecture, comme le Cheikh Mostafa Isma'il, le défunt Cheikh Chahcha'i et le maître Rafhat. C'est une règle, le saint Coran qui vient du cœur va droit au cœur, et influence même le lecteur. J'avais une méthode personnelle de lecture, qui est utilisée d'après ce qu'on m'a dit, actuellement en Egypte et dans d'autres pays, en Malaisie et en Indonésie par beaucoup de lecteurs.