Les récits du Pèlerinage dans l’Histoire littéraire

11:58 - September 29, 2009
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Article(IQNA)- Le Pèlerinage est un des dons les plus précieux de Dieu à l’humanité et aux croyants qui, avec les anges, effectuent les tours de Bayt-ol-Ma’mour et répètent leur alliance et leur union avec leur Seigneur. Nombreux sont ceux qui ont raconté ce voyage difficile et leurs expériences spirituelles.
Dans ces récits, les voyageurs présentent les différentes étapes et sites de leur parcours, l’état des villes et des territoires qu’ils traversent, nous donnent des indications sur les monuments historiques, les mosquées, les bibliothèques, les marchés, les bazars, les coutumes nationales et religieuses, la situation géographique, la population, le climat et les langues des gens qu’ils rencontrent.
Ces récits de voyage sont des trésors d’informations qui nous permettent de comprendre les réalités sociales, politiques et économiques des régions parcourues et qui sont introuvables dans les livres d’Histoire.
La littérature sur le Pèlerinage abonde dans le monde de l’islam et dans de nombreuses langues. Ces récits des pèlerins au cours des siècles, existent en arabe, en persan et en turc, et renferment des points importants sur le Pèlerinage, la situation de la Mecque et de Médine, les caravanes qui se rendaient au pèlerinage et d’autres informations dans ce domaine. Le pèlerinage est une des plus grandes sources d’inspiration des récits de voyage dans le monde. Des milliers de gens se sont rendus dans ces lieux saints pour prier et se recueillir, depuis le début de l’islam. Presque tous se sont rendus à Médine sur la tombe du Prophète et des Saints Imams(AS), au cimetière de Baghi. Ces différentes expériences spirituelles sont des expériences inoubliables.
Dans la langue persane qui est la deuxième langue du monde de l’islam, de nombreux récits ont été rédigés par les pèlerins iraniens. En dehors du récit de voyage de Nasser Khosro et de quelques récits très brefs, la majorité des récits date de l’époque des Safavides et des Qadjar.
Les caravanes se rendaient généralement au Pèlerinage en passant par les sites saints d’Irak, et rencontraient beaucoup de difficultés pendant ce long voyage. Les récits sont ceux de voyageurs de la classe des religieux ou de simples voyageurs qui relatèrent leurs souvenirs. Le plus ancien récit est celui de Nasser Khosro Ghabadiani, de l’école ismaélite, qui donne d’importants renseignements sur l’époque la plus brillante de la civilisation islamique. Citons aussi les récits de voyage de Ebn Betouteh et Ebn Djabir qui sont relativement plus complets que les autres textes dont nous disposons.
Ces récits donnent des indications précieuses sur la situation historique et géographique à cette époque, et sont destinés aux voyageurs qui désirent effectuer ce voyage. La principale question est la description des différentes étapes et des sites religieux. Certains auteurs s’attachaient à la description des différentes écoles musulmanes qui participent au Pèlerinage, avec des langues et des coutumes différentes. Certains politiciens de l’époque des Qadjar tentèrent d’écrire des récits de voyage sur le modèle européen, et en plus de leurs voyages à la Mecque, racontèrent aussi leurs périples en Syrie, en Palestine, en Egypte, en Russie, en Indes et au Japon.
Ces œuvres ont été l’occasion de recherches comparées sur les civilisations étrangères et iranienne, qui sont des sources historiques très intéressantes sur l’époque des Qadjar.
Nasser Khosro en sept ans, a fait quatre fois le Pèlerinage et c’est lui qui a le mieux, décrit les sites de la Mecque et de Médine. Son livre est le premier livre en persan. Nous pouvons donc le considérer comme un pionnier du récit de voyage, en Iran. Nasser Khosro se contenta de décrire les apparences du Pèlerinage sans prêter attention au contenu philosophique, c’est pourquoi son récit n’a qu’une valeur descriptive alors que les sens initiatiques du pèlerinage sont abordés eux, dans ses poèmes.
Nasser Khosro nous donne une description des sites de la Kaaba et de Safa et Marve, des mosquées, et des rites du pèlerinage, comme le port du vêtement de l’Ehram, les parcours entre Safa et Marve, la prière devant la Kaaba après les sept parcours autour de la « maison de Dieu » et la station à la source de Zamzam. Il aborde aussi la présentation des différentes populations, des beaux bâtiments des califes de Bagdad dont certains étaient en ruines, les problèmes d’eau à la Mecque, l’eau salée des puits de la ville, l’eau vendue par des colporteurs, la chaleur de la Mecque et d’autres sujets.
Le récit de voyage de Ebn Betouteh, Mohamad ben Abdollah Ben Mohamad Lavati Tanji (703-779 de l’Hégire), est un récit très complet sur ses voyages dans les pays islamiques à partir l’année 725 et pendant 27 ans. Mohamad Ben Djozi Kalbi, en 756, entendit les récits de Ebn Betouteh dans la ville de Fas, et les rédigea dans un livre intitulé: «تحفة النظار فی غرائب الامصار و عجائب الاسفار», ce livre est devenu célèbre à cause de son volume et a été très utilisé par les chercheurs, il a été traduit en plusieurs langues et republiés à maintes occasions. Le récit se situe d’abord dans les pays d’Afrique du nord, en Egypte, puis en Syrie, en Irak et en Iran, avec trois voyage à la Mecque, un voyage au bord de la mer rouge, au Yémen, en Asie mineure, en Afghanistan, en Inde, au Bengale et en Chine. La simplicité du style et l’authenticité des détails sur les personnages, la situation culturelle et sociale, et la situation des villes est remarquable. A cause de son intérêt pour les questions religieuses, il visite dans chaque ville et chaque pays, les tombeaux des grandes personnalités religieuses.
Le récit de voyage de Anis Al Hodjaj
Le récit de voyage sur le Pèlerinage et la visite au mausolée des saints Imams et du Prophète à Médine, rédigé en 1087 par Molla Mahdi Naraghi, est un recueil sur les règles et les rites du pèlerinage présenté dans un langage très simple.
Ebn Rachid Fahri Andalous (657-721) est l’auteur d’un autre récit important sur les souvenirs du Pèlerinage. Traversant l’Egypte, la Syrie et Hedjaz, il arrive par la route de Damas, à Médine, le 23 Zigha’deh de l’année 684 de l’Hégire et, après avoir effectué le pèlerinage, il quitte Médine un mois plus tard pour se rendre sur la côte en passant à Hoghbe, le 25 Moharram 685.
Son récit intitulé: «ملأ العيبة، فيما جمع بطول الغيبه، فی‌الوجهتين الكريمتين الی مكه و طيبة» a été rédigé par lui-même et les quelques parties qui nous sont parvenues ont été l’objet de nombreuses études.
Le récit de Ghasem Ben Yussof Ben Ali Basti Tadjibi qui arrive à la Mecque en 696, après un voyage de 24 jours en mer, le huitième jour du mois de Ramadan, au port de Abhar à Djaddeh, n’existe plus dans le texte intégral. Seuls nous sont parvenus quelques extraits qui décrivent le Caire et son séjour à Mena.
Le récit de voyage «تاج المَفْرِق فی تحلية المشرق» de Khaled Issa Ben Ahmad Balvi Andalous, du huitième siècle de l’Hégire, raconte son voyage avec une caravane, passant par l’Egypte et Sham(Damas), et son arrivée le 19 Zigha’de de l’année 737, à Médine, et son retour après avoir effectué le pèlerinage, de Médine, le 24 Moharram de l’année 738, au Caire, après avoir traversé Oghba et Qods.
Citons aussi le récit de Nafh Al Tayeb intitulé «تاج المَفْرِق فی تحلية المشرق» est le livre de Gheis Mohamad Ben Ahmad Gheis, connu sous le nom de Ebn Malih, du 11ème siècle, et qui est l’auteur du «انس‌الساری‌السارب، من اقطار المغارب، الی منتهی الآمال و المآرب سيد الاعاجم و الاعارب», ce récit a été publié en 1388 de l’Hégire, dans une recherche du Cheikh Mohamad Fasi, à Rabat.
Le livre de Ahmad Mohamad Naser Dar’i, (1057- 1129) fait partie des meilleures œuvres de ce style. Le récit s’appuie sur les informations du Cheikh Abou Salem Ayachi, responsable du groupe de pèlerins. Ebn Naser se rendit quatre fois à la Mecque. Son premier voyage date de l’année 1121 de l’Hégire. Ce livre fut publié dans deux volumes de 442 pages, à Fas, en 1320 de l’Hégire.
Le récit du pèlerinage de Nablos, de Abdol Ghani Ben Ismaïl Nablosi Damech’ghi (1050 ـ1143) , fait partie des nombreux livres que cet auteur a écrit sur les différentes sciences de son époque. Ce livre de trois parties «الحقيقة و المجاز، فی رحلة الشام و مصر و الحجاز» consacre la troisième partie à la région de Hedjaz. Il raconte comment il est arrivé à la Mecque en passant par l’Egypte le 7 Radjab 1104, et quand, après le pèlerinage et un voyage de 183 jours, il arriva à Damas au 388ème jour de son voyage. Ce livre est un journal qui raconte les péripéties de 205 jours de ce long voyage. Ce genre de récits nous offre plus de détails, bien que certains récits ne correspondent pas à l’esprit de notre siècle.
Le livre de souvenir de Ebn Abdol Salam Mohamad Ben Abdollah Naseri Dar’i, d’une famille de scientifiques et d’érudits, nous raconte son pèlerinage en 1196 et en 1211 de l’Hégire. Il s’agit d’un récit très complet dont se sont inspirés les autres auteurs. Le deuxième livre est plus court que le premier qui est une référence dans ce domaine et qui est présenté sous la forme d’un manuscrit qui est peut-être de l’auteur lui-même et qui est conservé actuellement dans la bibliothèque de Rabat.
Le récit de Edris Ben Abdol Hadi Alawi Hassani Fasi, né à Médine en 1331 de l’Hégire, nous raconte son voyage maritime passant par le canal de Suez, vers Yanih, et son Pèlerinage en 1288. Ce texte très court est un manuscrit conservé à la bibliothèque de Rabat.
Le manuscrit de Ismail Hamidi Maleki qui vivait au 13ème siècle et se rendit en 1227 par le canal de Suez, à Djaddeh puis à la Mecque, pour accomplir le Pèlerinage, est conservé à la bibliothèque de Rabat.
Le livre de voyage de Mohamad Osman Sinusi Tunisi, (1266 ـ 1318), célèbre religieux de Tunisie, raconte son Pèlerinage en 1299. Ce livre aborde des sujets divers, spécialement des biographies de religieux, ainsi que ses souvenirs de la Mecque et de Médine, et la situation des pèlerins de Sham(Damas).
Le livre «المرحلة الحجازية» de Mohamad Labib Batnouni, de Hadj Khadiw Abbasi Halami, en 1327, est un livre très complet bien que renfermant certaines erreurs, sur la situation de Hedjaz.
Le recueil de poèmes «تحفة الحرمين» de Yussef Nabi, descendant de Hadji Ghafarzadeh, sur son voyage à la Mecque avec son père, son grand père et sa soeur, s’inspire en grande partie, de la littérature persane. L’objectif de cet écrivain était de susciter un intérêt pour ceux qui ne s’étaient pas encore rendus à la Mecque. Son objectif était essentiellement religieux et il souhaitait qu’en échange, Dieu lui pardonne ses péchés.
«فـی منزل الوحـی» est le récit de Mohamad Hossein Heykal qu’il écrivit après la biographie du Prophète(SAWA). Il se rendit au Pèlerinage à la Mecque en 1936 et écrivit ce livre très riche en renseignements et en souvenirs. Ce livre présente dans les détails, la situation politique, sociale, culturelle et économique, et une Histoire de la Péninsule arabe au milieu du siècle. Ce livre est plus qu’une simple présentation du Pèlerinage, il présente et explique les événements, et est l’œuvre d’un écrivain qui avait reçu une formation occidentale et qui était capable d’étudier les phénomènes religieux et idéologiques dans une perspective plus originale.
Le premier récit de voyage et de souvenirs de la Mecque en poésie persane est l’œuvre de Khaghani Al Araghin, inspirée lors de son retour dans la ville de Mossel. Il commence son travail à Sharvan. Après quarante jours, le texte intitulé تحفة‌العراقين ou «تحفة الخواطر» «زبدة‌الضمائر» est un recueil de poèmes sur ses expériences mecquoises et son voyage en Irak. En plus du récit de ses rencontres avec les notables de la ville, il nous présente les coutumes des habitants de ces régions.
La préface explique comment ce livre a été élaboré. Le premier chapitre commence en s’adressant au soleil et présente ensuite de façon détaillée, les bienfaits apportés par le Prophète suprême(SAWA) à la société islamique. Les six autres parties sont une présentation des différentes régions où est passé Khaghani Al Araghin, sur son parcours vers la Mecque ou à son retour, comme Ghahstan, l’Irak, Bagdad, Hamedan, Koufé, Médine, la Mecque, Sham et Mossel. Dans cette présentation, il nous donne des détails historiques, géographiques et sociaux sur les différentes régions et les personnalités importantes.
Le récit du Pèlerinage de Ali Naghi Manzawi, est un récit du Pèlerinage de 1972. Le récit de Mansour Alishah Ghazvini, connu sous le nom de Keyvan, est le récit de ses souvenirs de la Mecque et des sites religieux d’Irak, avec la collaboration de Mohamad Reza Khani qui s’était rendu en 1346 à la Mecque en compagnie de Sultan Hossein Gonabadi. Ce livre fut publié la première fois en 1367, grâce aux efforts de Habibollah PakGohar et Seyed Mahmoud Mousawi.
Les souvenirs du pèlerinage de Hadj Sultan Hossein Tabandeh Gonabadi, publiés en 1337 et en 1357 par les éditions « Dina », sont les souvenirs d’un voyage effectué en l’année 1324 du calendrier iranien.
« Souvenirs de la Mecque » de Ahmad Hedayati et Mohamad Ali Hedayati, comprend deux chapitres, l’un sur un voyage de Ahmad Hedayati en 1338 de l’hégire, en compagnie de Seyed Ahmad Taleghani, et l’autre de son fils, Mohamad Ali Hedayati, qui se rendit à la Mecque en 1343.
Ces récits de Pèlerinage, en plus des informations sur les rites du Pèlerinage et sa spiritualité, nous offrent des informations très précises au niveau géographique et historique, et sur les coutumes des gens que leurs auteurs ont rencontrés pendant ce voyage qui, dans le passé, durait parfois plusieurs mois.
Extrait du journal sur le pèlerinage, 5ème année, n°17
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