Le second tour des élections est passé après une longue période de discussions et bien que les résultats n'aient pas encore été annoncés, la victoire de Mohamad Morsi, candidat du parti des Frères musulmans, soutenu par les partis islamiques, semble évidente devant Ahmad Shafiq, ancien Premier ministre de Moubarak.
Les partisans de Morsi fêtent à l'avance cette victoire alors que le comité militaire après la dissolution du Parlement, dans un message se soit présenté comme le représentant du pouvoir en Egypte et en plus des pouvoirs du Parlement dissous, s'est octroyé d'autres nouveaux droits.
Dimanche, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui dirige le pays depuis seize mois, a promulgué une "déclaration constitutionnelle complémentaire" donnant à l'armée de vastes prérogatives. Le CSFA récupère ainsi le pouvoir législatif, après la dissolution la semaine dernière avec l'accord du tribunal, de l'Assemblée constituée à 47% par des députés issus des partis islamiques, et se réserve aussi le droit d'intervenir dans la rédaction de la Constitution.
Les nouveaux pouvoirs de l'armée qui donnent au Président élu une marge de manœuvre très réduite face à la junte, ont été vivement dénoncés par les Frères musulmans et les partis de la mouvance révolutionnaire, qui les ont assimilés à un coup d'Etat.
Le nouveau président sera confronté non seulement à la définition des relations avec le régime sioniste mais aussi à un vide constitutionnel et un manque de pouvoir notamment dans la présentation du Budget et l'utilisation des fonds du trésor qui nécessitera l'autorisation du conseil militaire.
Ce message diffusé sur le site du journal Al Ahram, précise que le CSFA aura tous les pouvoirs dans la législation, l'élaboration du budget et le commandement des forces armées. Le président sans l'aval du CSFA, ne pourra pas donner d'ordre à l'armée et c'est le CSFA qui déciderait en temps de guerre ou de troubles intérieurs. C'est donc une interdiction faite au Président de s’immiscer dans les affaires de défense. Plus précisément, l’armée n’est plus subordonnée au pouvoir du président
les généraux égyptiens pourront aussi nommer de nouveaux membres du conseil de rédaction de la Constitution si les membres actuels n'arrivent pas à éliminer les obstacles. Ce conseil a annoncé lundi, qu'il remettra le pouvoir au nouveau Président, à la fin du mois de juin, "pour qu'il puisse en profiter" alors qu'en réalité, le Président n'aura plus aucun pouvoir.
Cela montre que les généraux ont bien compris la volonté de retour à l'islam après une période de sécularisme, et cherchent à garder leur pouvoir par un coup d'état en douceur et de façon pseudo légale.
Les généraux pensent qu'avec le mois de ramadan, l'enthousiasme politique et révolutionnaire baissera et que les activités électorales seront limitées, reportant les prochaines élections législatives au mois d'octobre, cela leur laisserait une marge de temps pour pouvoir organiser leur retour au Parlement.
Le nouveau gouvernement sera confronté à des problèmes importants comme les questions de sécurité, le danger du régime sioniste, la mauvaise situation économique, la crise économique héritée de Moubarak qui nécessite 23 milliards de dollars que le groupe des vingt et les gouvernements favorables aux militaires, devaient prêter à l'Egypte, comme le Qatar et l'Arabie saoudite.
Ces aides seraient bien entendu supprimées en cas de victoires des partis islamiques. De plus, l'absence de coordination entre le gouvernement et le parlement affaiblirait encore davantage de gouvernement et entrainerait le mécontentement dans la population et une baisse de prestige des partis islamiques permettant au militaires de profiter en janvier 2013, de cette situation troublée et difficile.
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