Lors du colloque international « Média, outil efficace pour l’unité et la résistance », organisé le 19 juillet par le Conseil pour le rapprochement des écoles islamiques, plusieurs intervenantes issues de différents pays ont souligné le rôle central des femmes dans la construction du discours de la résistance.
De l’Iran au Liban, de l’Irak à la Turquie, en passant par Bahreïn, ces femmes engagées dans le combat médiatique ont affirmé que les femmes musulmanes ne sont pas de simples relais d’informations, mais des actrices majeures de la lutte contre l’oppression et la désinformation.
Zeinab Jaber, universitaire libanaise a souligné la profondeur historique de la participation des femmes dans les luttes de libération. Selon elle, les femmes ne sont pas seulement engagées dans la résistance par devoir moral, mais en tant que productrices actives de discours et de récits.
Dans le contexte actuel où les médias sont devenus un champ de bataille à part entière, les femmes occupent un rôle stratégique. Qu’elles soient mères de martyrs, prisonnières, journalistes ou militantes, elles participent à l’édification d’une mémoire collective résistante.
Jaber insiste sur le fait que cette implication féminine n’est ni secondaire ni occasionnelle : elle est enracinée dans l’histoire et dans les réalités contemporaines, avec une portée symbolique forte dans la guerre des récits. Pour elle, la femme d’aujourd’hui est réellement le cœur battant de la résistance.
Linda Tabbouch, universitaire libanaise et activiste médiatique a mis en avant le rôle crucial que jouent les femmes dans les médias de résistance, malgré les obstacles persistants. Elle a cité des figures emblématiques comme Shireen Abu Akleh, Farah Omar et Sahar Emami, soulignant leur courage face à l’injustice.
Elle a également évoqué des femmes historiques de l’Islam, telles que Khadija, Fatima et Zaynab (paix sur elles), comme sources d’inspiration. Pour Tabbouch, les femmes musulmanes sont actrices à la fois sur le terrain et dans les arènes culturelles et politiques, grâce aux médias numériques.
Elle a appelé à la création de comités féminins d’élite pour renforcer la culture de résistance et affirmer la vraie image de la femme musulmane. Selon elle, le Hezbollah a permis une revalorisation du rôle des femmes dans la société libanaise. Elle conclut que la femme engagée est aujourd’hui le pilier vivant d’un combat global contre l’injustice.
Betul Namlı, journaliste turque a insisté sur le fait que les femmes sont désormais au centre du jihad médiatique, surtout à l’ère numérique. Elle a souligné le rôle pionnier des femmes iraniennes après la Révolution islamique de 1979, qui ont été à la fois éducatrices, intellectuelles, mères de martyrs, et actrices des médias de résistance.
Namlı a affirmé que la voix des femmes musulmanes a dépassé les frontières, touchant la Palestine, le Yémen, l’Irak, le Liban, Bahreïn et la Syrie. Ces femmes ne se contentent pas de raconter les faits : elles façonnent un langage médiatique propre, ancré dans les valeurs coraniques, la mémoire de Karbala, et la dignité féminine incarnée par Fatima et Zaynab.
Ce langage, selon elle, est un contre-récit puissant qui combat les mensonges sionistes et occidentaux. Pour Namlı, les femmes musulmanes résistent par la plume, le micro et l’image, dans une guerre de récits sans merci.
Manar Sabbagh, présentatrice de la chaîne Al-Manar , a déclaré que le choix d’intégrer le champ médiatique de la résistance n’est pas motivé par la célébrité, mais par un engagement éthique inspiré de figures comme Zaynab (paix sur elle).
Elle considère cette figure comme la première femme journaliste de l’islam, qui a transmis le message de Karbala à travers la parole et la vérité. Sabbagh a rappelé que le rôle des femmes dans les médias ne peut être réduit à une vitrine : elles sont les porte-drapeaux des opprimés. Elle a salué l’exemple de Sahar Emami, journaliste iranienne tuée récemment, comme un modèle de courage « zaynabien ».
Face aux injustices subies par les peuples palestinien, syrien, libanais, yéménite et iranien, Sabbagh a affirmé que le combat médiatique est aussi une lutte contre l’oubli, la falsification et l’indifférence. Pour elle, le journalisme résistant est un acte de foi et d’honneur.
Anfal Al-Halv, universitaire irakiene, a affirmé que la femme dans les médias n’est plus spectatrice des événements, mais actrice décisive dans leur traitement. Face aux campagnes de désinformation et de manipulation, la femme résistante devient un rempart contre la falsification et une voix crédible pour les peuples opprimés.
Elle a souligné que les femmes engagées dans les médias ont souvent payé un lourd tribut pour leur courage, brisant les murs du silence non par les armes, mais par la parole. Al-Halv considère que la parole sincère peut être plus percutante qu’une balle.
Elle a insisté sur le fait que les femmes doivent occuper un rôle central dans la sensibilisation des consciences et la création d’un contre-récit face à la propagande dominante. Leur présence ne doit pas être symbolique : elles sont des modèles vivants d’un engagement qui allie intelligence, foi, et responsabilité sociale.
Fatima Al-Yaqoub, journaliste bahreïnie, a commencé son intervention en rappelant que le jihad médiatique est aujourd’hui essentiel et que les femmes doivent en être des figures véritables, et non des apparences décoratives.
Elle a critiqué certaines chaînes arabes qui cantonnent les femmes à des rôles religieux, refusant leur présence dans les sphères politiques ou culturelles malgré leurs compétences.
Elle a dénoncé les pressions structurelles qui pèsent sur les femmes journalistes, souvent privées de soutien et confrontées à la charge mentale du travail domestique et professionnel. Elle a aussi souligné que l’abaya, que l’Occident tente d’associer au fanatisme, est devenue un symbole de fierté et de lutte.
Al-Yaqoub appelle à la création de structures de soutien spécifiques pour les femmes dans les médias afin qu’elles puissent mener leur mission avec dignité. Elle conclut que les femmes doivent être reconnues comme piliers égaux, voire supérieurs, dans la résistance médiatique.