Renforcer le discours médiatique de l’unité : un moyen efficace pour célébrer la Semaine de l’unité islamique
À l’occasion de l’approche du 1500ᵉ anniversaire de la naissance du Prophète de l’islam (PSL), le professeur Abdelmalek Mohammed Issa, spécialiste de sociologie politique à l’Université de Sanaa (Yémen), a accordé un entretien à l’agence IQNA. Il y a souligné que la célébration de cette date historique ne doit pas se limiter à une commémoration rituelle, mais constituer une opportunité culturelle et civilisationnelle pour raviver l’unité de la communauté musulmane.
Selon lui, les divisions religieuses, politiques et confessionnelles qui affaiblissent aujourd’hui l’oumma peuvent être surmontées en se recentrant sur la vie et le message universel du Prophète. « La naissance du Prophète n’appartient pas à une seule école ou à un seul courant, elle représente un point commun entre tous les musulmans », a-t-il insisté.
Le professeur Issa propose plusieurs axes pour tirer profit de cette commémoration. D’abord, lancer des initiatives concrètes favorisant l’unité, à l’image de la « Semaine de l’unité islamique » instituée en Iran, ainsi que des conférences regroupant des savants de différents horizons autour de la personnalité du Prophète et de son projet humaniste. Ensuite, renforcer un discours médiatique de l’unité, en évitant tout contenu qui exacerbe les divisions. Enfin, traduire la sira prophétique en projets pratiques : actions humanitaires conjointes, soutien aux populations opprimées comme à Gaza, ou encore initiatives éducatives inspirées des valeurs de l’islam.
Interrogé sur les qualités morales et personnelles qui ont permis au Prophète de guider efficacement la communauté, l’universitaire a rappelé sa sincérité et sa fiabilité, qui lui valurent le titre d’« Al-Amîn », la « personne digne de confiance », bien avant sa mission. Sa miséricorde envers les faibles, son courage face aux puissants, sa justice impartiale et sa profonde humilité sont autant de traits qui ont fait de lui un leader capable de transformer des tribus dispersées en une communauté unie.
Le professeur a également insisté sur le rapport du Prophète avec les non-musulmans. À travers la Constitution de Médine, il a garanti des droits égaux aux différentes tribus, y compris juives, tant qu’elles respectaient la justice et la loyauté. Par sa patience et son pardon, comme lors de la conquête de La Mecque où il déclara « Allez, vous êtes libres », il a montré que l’islam est une religion de coexistence et de tolérance. Le message implicite est clair : les sociétés musulmanes doivent s’ouvrir et accepter la diversité dans le respect des valeurs essentielles.
Concernant l’actualité, Abdelmalek Issa a souligné que relire la sira du Prophète signifie la rendre vivante dans la pratique quotidienne et non la réduire à un souvenir figé. Elle doit servir de guide en matière de justice sociale, d’éthique économique et de solidarité. Dans le monde politique, elle inspire la résistance face à l’oppression et à l’injustice ; dans la sphère sociale, elle encourage la fraternité et la compassion ; et dans l’économie, elle appelle à bannir la fraude et l’usure.
Pour lui, le message central du Prophète reste universel et intemporel. Dans un monde marqué par la montée du racisme, les guerres destructrices et l’effondrement moral, notamment le génocide en cours à Gaza, la sira constitue un repère essentiel. Elle rappelle que :
aucune civilisation ne peut se bâtir sur l’injustice ou l’oppression, mais uniquement sur la vérité, la justice et la miséricorde ;
le changement part toujours des opprimés et des plus modestes, comme l’a montré le Prophète en faisant des pauvres la base de sa mission ;
l’islam est un projet humanitaire mondial, destiné à délivrer toute l’humanité de la tyrannie et de l’injustice ;
enfin, la lutte contre l’arrogance et l’hégémonie est une nécessité, à l’image du combat mené par le Prophète contre les forces oppressives de son époque.
Le 1500ᵉ anniversaire de la naissance du Prophète n’est donc pas seulement une célébration, mais un tournant civilisationnel. C’est une chance pour les musulmans de réaffirmer leur unité, de s’inspirer de son éthique pour construire des sociétés justes et d’offrir au monde le visage authentique de l’islam : une religion de miséricorde, de justice et de dignité humaine.
