Selon Al Jazeera, le projet, motivé par un déficit budgétaire estimé à 5,7 millions d’euros, implique une réorganisation profonde des départements universitaires et la réduction du nombre de filières, jugées « peu rentables ».
L’université de Leyde, qui enseigne la langue arabe depuis plus de quatre siècles, détient pourtant une des plus riches collections de manuscrits orientaux d’Europe et a formé d’importants experts du monde arabo-musulman. La proposition de supprimer également les études persanes, turques, hébraïques et islamiques a suscité une vive inquiétude dans les milieux académiques.
Plusieurs chercheurs dénoncent une approche strictement comptable de l’enseignement supérieur, au détriment de la diversité intellectuelle et culturelle. Selon eux, cette décision porterait atteinte à la mission même de l’université, qui est de préserver, transmettre et approfondir la compréhension des grandes civilisations.
Le débat reste ouvert, mais l’avenir de ces disciplines fondamentales paraît désormais menacé dans le paysage universitaire européen.
L’avenir des diplomates néerlandais sans langue arabe
Suppression de certaines filières à l’université d’Utrecht
L’université d’Utrecht a annoncé qu’elle supprimerait d’ici 2030 six programmes de licence, dont les langues allemande, française, arabe, italienne, ainsi que les études islamiques, celtiques et religieuses. Ces formations, qui attirent chacune moins de 25 nouveaux étudiants par an, sont jugées non rentables.
À partir du 1er septembre, plus aucune nouvelle inscription ne sera acceptée. Selon Thomas Vaessens, doyen de la faculté des sciences humaines, cette décision s’explique par une forte réduction des subventions gouvernementales, obligeant l’université à réduire ses coûts de 10 % d’ici à 2030.
Il affirme que certaines filières sont devenues trop coûteuses à maintenir. Mais pour le professeur Joas Wagemakers, cette décision est malavisée : dans un contexte international où l’islam et le monde arabe restent des enjeux majeurs, supprimer ces études affaiblit la capacité des Pays-Bas à former des experts aptes à comprendre les dynamiques géopolitiques contemporaines.
Réactions
Les réactions à cette annonce sont nombreuses, notamment sur les réseaux sociaux. Matthijs Holleman souligne que les langues ne sont pas les formations les plus populaires, mais leur rôle est fondamental. Selon lui, elles permettent de comprendre une culture en profondeur, de former des médiateurs culturels, des traducteurs qualifiés et des conseillers compétents.
Supprimer ces cursus pour des raisons financières revient à négliger leur apport essentiel dans la société. Il juge incompréhensible que l’université d’Utrecht, classée parmi les 50 meilleures au monde, sacrifie la connaissance au profit de la rentabilité.
D’autres universitaires s’inquiètent aussi de la disparition progressive des sciences humaines au nom d’une logique marchande. Tandis que les responsables invoquent la recherche d’un équilibre budgétaire, les défenseurs des études arabes appellent à reconsidérer cette décision, soulignant leur importance stratégique.
Bien que la décision finale n’ait pas encore été prise, l’inquiétude et l’opposition dans les cercles académiques vont croissant.