À l’occasion du quinzième centenaire de la naissance du Prophète de l’islam (PSL) et dans le cadre de la Semaine de l’unité, l’Agence internationale de presse coranique (IQNA) a organisé un webinaire international intitulé « Quinze siècles d’attachement au Messager de lumière et de miséricorde ». Plusieurs savants et universitaires issus de différents pays y ont pris part afin de mettre en lumière divers aspects de la personnalité et de l’enseignement prophétiques.
Parmi les thèmes abordés figuraient notamment : « La mission universelle du Prophète de l’islam d’après le Coran et les hadiths », « Tolérance et patience dans la tradition prophétique », « Le Prophète comme modèle intemporel », « La redécouverte de l’identité religieuse dans la Sîra » et « L’éternité de l’islam et l’unité de la communauté face à la mondialisation occidentale ».
Des figures religieuses et universitaires de renom ont pris la parole, dont l’ayatollah Cheikh Mohammad Ya‘qoubi de Najaf, le Dr Juan Cole, professeur d’histoire à l’université du Michigan, l’Hodjatoleslam Yahya Jahangiri, le Dr Abdessalam Qawi de l’université d’Al-Azhar, ainsi que le Cheikh Youssef Ghazi Hanineh du Liban.
L’intervention du professeur Juan Cole
Dans son allocution, le professeur Juan Cole a insisté sur deux qualités centrales de la personnalité du Prophète : la générosité et la douceur de caractère. Il a souligné que si, dans le monde musulman, ces attributs sont largement connus, ils restent souvent méconnus en Occident, où la figure du Prophète est parfois déformée ou mal comprise.
Se fondant sur le Coran, Cole a rappelé que la Révélation présente explicitement le Prophète comme une miséricorde universelle : « Et Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour les mondes » (sourate Al-Anbiya, 107). Pour lui, cette parole divine reflète l’essence même du message islamique.
Il a cité également la sourate Al-Furqan (25, 63), où Dieu décrit « les serviteurs du Tout-Miséricordieux » comme des êtres humbles, répondant aux provocations des ignorants par des paroles de paix. Selon Cole, cette injonction illustre la dignité et la patience requises dans les relations humaines, même face aux adversaires.
Une éthique de la réponse par le bien
Le professeur a aussi commenté la sourate Fussilat (33-34), qui exhorte à repousser le mal par le bien afin de transformer un ennemi en ami. Selon lui, cette conception dépasse même certains enseignements du Nouveau Testament, car elle établit un principe actif : non seulement éviter la violence, mais rendre le mal inopérant par une attitude de bienveillance.
Il a rappelé que cette éthique s’était concrétisée historiquement lors de la conquête de La Mecque en 630. Contrairement aux usages guerriers de l’époque, il n’y eut ni massacre ni vengeance collective. Les dirigeants mecquois hostiles furent épargnés et intégrés dans la nouvelle communauté. Le Prophète, selon plusieurs récits, fit même preuve d’une grande générosité en offrant des biens et des montures à d’anciens ennemis afin de favoriser la réconciliation.
Une vision universelle des différences humaines
Cole a poursuivi en évoquant la sourate Ar-Rum (verset 22), qui considère la diversité des langues et des couleurs de peau comme un signe de Dieu. Il a souligné le caractère novateur de cette vision, à contre-courant des conceptions dominantes dans les empires gréco-romains ou sassanides, où l’étranger était méprisé et souvent assimilé à un « barbare ».
Alors que les sociétés antiques hiérarchisaient les peuples selon leur origine ou leur apparence, le Coran valorise au contraire cette pluralité comme manifestation de la sagesse divine. Pour Cole, cette conception jette les bases d’une véritable éthique de la coexistence et du respect mutuel.
Un appel à la sagesse et à la modestie
Enfin, le professeur a rappelé l’enseignement de la sourate An-Nahl (125) : « Appelle au chemin de ton Seigneur par la sagesse et la bonne exhortation ; discute avec eux de la meilleure manière ». Selon lui, ce verset interdit toute prétention de supériorité religieuse. La valeur d’une communauté se mesure non à ses slogans, mais à sa capacité à incarner la bonté, la générosité et la patience dans ses actes.
En conclusion, Juan Cole a insisté sur le fait que la grandeur du Prophète réside dans sa capacité à unir douceur et fermeté, humilité et autorité morale, et surtout à transformer l’hostilité en fraternité par la force du bien. Ces qualités, profondément enracinées dans le Coran, demeurent aujourd’hui une source d’inspiration pour bâtir des sociétés justes et ouvertes.