De nos jours, certains invoquent une priorité de l’aide aux pauvres et aux démunis, sur le Pèlerinage, spécialement cette année avec la pandémie de grippe A, et certains demandent la fermeture de ce rassemblement religieux international.
Pour comprendre les dimensions de cette question nous nous sommes intéressés au livre de L’Hojat-ol-islam Seyed Ali Ghazi Askari sur «La place du Pèlerinage dans la pensée islamique», qui souligne que des gens ont toujours cherché dans l’Histoire de l’islam, à minimiser la valeur de cette immense réunion et à décourager les gens d’y participer, alors que les saints Imams( AS) ont constamment invité les musulmans a y participer et à en comprendre les grands avantages.
Les livres de Hadith chiites, renferment une multitude de Hadith du Prophète et des Saints Imams(AS) sur les vertus du pèlerinage et la nécessité de l’organiser chaque année.
Dans le passé, les pèlerins étaient confrontés à de nombreux dangers et difficultés, comme l’absence de moyens de transport, l’absence de possibilités d’hygiène et médicales, l’insécurité des routes et la présence de voleurs armés, et de nombreux pèlerins sont morts en route et ne sont jamais revenus dans leur patrie.
L’Imam Sadegh a dit: .. ما من مَلِك ولاسُوقَة يصل الی الحج الاّ بمشقّة فی تغيير مطعم او مشرب او ريح او شمس لا يستطيع ردّها و ذلك قوله عزّوجلّ: و تحمل اثقالكم الی بَلَد لَمْ تكوُنوُا بالغيه الاّ بِشِقِ الأَ نْفُسِ اِنَّ ربّكم لرؤف رحيم. Aucun roi ni aucun démuni n’arriveront à la Mecque sans difficultés, à cause du climat, de la nourriture, des vents et des tempêtes et de la chaleur. C’est de cela dont parle Dieu quand Il dit: «Vos bêtes portent votre fardeau et vous aident à arriver dans la ville. Sans elles, vous arriveriez à destination avec peine. Mais votre Dieu est bon et miséricordieux»,
Hocham Ben Hakam, a rapporté cette phrase de l’Imam Sadegh(AS): « «... و ما احد يبلغه حتی تناله المشقه: «Personne n’arrive à la Mecque sans difficultés.»
C’est ainsi que les pèlerins qui revenaient sains et saufs de ce voyage, étaient accueillis en grandes pompes, par leurs concitoyens et les habitants de leur village.
Ebrahim Ben Meimoun, a raconté à l’Imam Sadegh(AS) qu’il était en compagnie de Abou Hanife, quand un homme s’approcha pour lui demander si celui qui avait déjà effectué le Pèlerinage, au lieu de revenir encore une fois à la Mecque, ne ferait pas mieux de payer la libération d’un esclave. Abou Hanife avait répondu qu’il valait mieux payer la libération d’un esclave. L’Imam Sadegh(AS) répondit que Abou Hanife avait menti et avait produit une fatwa erronée. «Je jure par Dieu, que le pèlerinage à la maison de Dieu est meilleur que de libérer un et même dix esclaves, malheur à Hanife ! La libération de quel esclave vaut-elle les tours autour de la Kaaba, les parcours entre Safa et Marve, la retraite spirituelle à Arafat et le rejet du Diable à Djamarat? Si cette fatwa d’Hanifeh se répand, les gens abandonneront le Pèlerinage».
Cette idée fit pourtant son chemin dans les milieux musulmans et certains se permirent même de critiquer ouvertement les saints Imams.
Abdol Rahman Abi Abdellah raconte qu’il avait dit à l’Imam Sadegh(AS) que certains prétendaient qu’il valait mieux dépenser son argent pour les pauvres que de se rendre une nouvelle fois au Pèlerinage. L’Imam s’était exclamé «Ils mentent, si les gens agissent ainsi ces lieux seront fermés, alors que Dieu en a fait un moyen de soulèvement pour les croyants».
Les Omeyyades, après avoir consolidé leur pouvoir, firent construire la grande mosquée de Damas, pour détourner les gens de la Mecque et de Médine, et les forcer à aller dans cette mosquée plutôt qu’au Pèlerinage.
Motavakkel construisit lui, un bâtiment qui ressemblait à la Kaaba à Samera, et des sites nommés Ména et Arafat dans les alentours, et proposait aux dirigeants de son royaume, de se rendre en pèlerinage dans ces endroits.
A cette époque aussi, des groupes soufis encourageaient les gens à d’autres œuvres pieuses et de rendre service à leur mère, par exemple, au lieu d’effectuer le Pèlerinage.
Le siècle précédant, certains intellectuels occidentalisés, ont cherché à diminuer la valeur du pèlerinage, dans leurs poèmes, leurs récits ou des textes humoristiques, et prétendaient qu’il valait mieux dépenser pour nos pauvres que de donner notre argent aux Arabes.
L’Imam Sadegh(AS) a raconté que le Prophète(SAWA) à son retour d’Arafat, rencontra Abta, un bédouin arabe, qui raconta qu’il était riche et avait décidé de se rendre au pèlerinage mais qu’il avait eu un empêchement, et ne savait pas s’il devait dépenser son argent dans des bonnes œuvres ou se rendre au pèlerinage. L’Imam se tourna vers la montagne Abou Ghebis, et dit «Si tu dépenses le poids de cette montagne en or, dans la voie de Dieu, tu n’arriveras pas à obtenir les bienfaits qu’obtiennent les pèlerins».
Les saints Imams ont toujours encouragé les gens à participer à cette manifestation religieuse et politique. L’Imam Sadegh(AS) a même déclaré: «ليس فی ترك الحج خيره»: «Il n’est pas nécessaire d’interroger Dieu pour aller ou non au pèlerinage, ni de consulter des gens pour savoir s’il est bon ou non de ne pas s’y rendre».
Une des conditions du Pèlerinage est d’en avoir la possibilité matérielle, et même ceux qui n’en ont pas les moyens, sont encouragés, dans les Revayat, à se rendre quand même à la Mecque.
Mo'avieh Ben Vahab, a rapporté de plusieurs sources, que des gens ont demandé à l’Imam Sadegh(AS) s’il était permis à quelqu’un qui était déjà endetté, d’emprunter pour aller au Pèlerinage. L’Imam avait répondu: «Oui, le pèlerinage lui permettra de payer plus vite ses dettes».
Ali Ben Abi Taleb, dans son testament dit à ses enfants: الله الله فی بيت ربكم لاتخلوه مابقيتم فانه ان ترك لم تناظروا: Mes enfants, tant que vous êtes en vie, n’abandonnez pas le Pèlerinage, car les occasions d’y aller ne reviennent jamais.
Le Wali-e-Faqi peut même obliger les gens à se rendre au Pèlerinage. Abdollah Ben Sanan a rapporté de l’Imam Sadegh(AS) qu’il avait dit: «Le dirigeant du gouvernement islamique peut obliger les gens à se rendre au Pèlerinage si ces lieux sont désertés car il sont été conçus pour le pèlerinage et pour être visités» et si les gens n’ont pas assez d’argent, c’est le bien public qui doit subvenir aux dépenses de leur voyage.
Le saint Coran critique vivement les gens qui abandonnent le pèlerinage, dans le verset: «و من كفر فانّ الله غنی عن العالمين.»
Nous espérons que cette grande réunion religieuse se déroulera chaque année, de façon plus éclatante, et que les musulmans du monde réussiront à effectuer le Pèlerinage selon la Tradition d’Abraham que l’Imam Khomeiny a essayé de faire revivre dans la communauté.
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