La victoire de la révolution islamique en Iran a donné naissance à une peur extraordinaire aux chefs politiques du wahhabisme qui s'inquiètent de son influence dans les régions voisines et sont toujours préoccupés par le réveil des nations.
Au moment où le noble peuple iranien, conformément à son devoir révolutionnaire organisait une manifestation pour appeler les peuples musulmans du monde à l'unité devant l'impérialisme américain, le communisme international et le sionisme, les dirigeants saoudiens ont eu recours au clergé wahhabite pour obtenir l'interdiction du hadj en temps de hadj.
Le mufti saoudien Abdulaziz bin Baz a déclaré illicite toute manifestation sous prétexte que le hadj est une action de dévotion et qu'il ne fallait le mêler d'autres affaires. Par conséquent, armés de bâtons et d'armes, les policiers anti-émeute, se sont à réprimer les pèlerins de la Maison de Dieu et ses chers invités et à provoquer les gens à les battre, les offenser et les battre et les blesser et cette attitude du régime saoudien se poursuit toujours.
Ce texte est une réponse à la fatwa du mufti saoudien et cherche à définir les dimensions politiques et sociales de ce grand devoir à travers les versets du Saint Coran et les hadiths et traditions islamiques.
Le devoir du hadj a pour objectif d'inviter à la modestie et à la pénitence devant le Seigneur et cela se voit dans les cérémonies du hadj.
La prière et l'adoration de la Vérité et le rejet de l'adoration de tout ce qui est en dehors de Lui sont visibles dans toutes les actions du hadj depuis les premières jusqu'aux dernières et ce n'est pas la peine de les rappeler, surtout si elles sont accompagnées des prières recommandées à l'occasion et de l'ensemble de ces actions il s'ensuit que :
-Le hadj est un acte de dévotion et une adoration de la Vérité dans sa meilleure forme la plus belle possible;
-Le hadj est la modestie devant le grand Seigneur, dans sa meilleure forme;
-Le hadj est la pratique de l'imploration devant la Vérité, dans sa forme la plus profonde;
-Le hadj est une pratique de dévotion au cours de laquelle tous les éléments de la servitude se réunissent et où la modestie et la pénitence, la vertu et l'abandon des désirs et des choses matérielles sont complètement manifestes.
En mettant deux pièces de tissu, les pèlerins de la Maison de Dieu manifestent leur détachement du monde et font semblant d'avoir oublié tout même leurs enfants, leurs familles, leurs patries et tout en dehors de Dieu. Ce qui occupe l'atmosphère intellectuelle du pèlerin de la Maison de Dieu ce n'est que le cri de l'obéissance à Dieu Unique.
C'est tout à fait évident, vu les pratiques de l'obligation de hadj et les lieux où ces pratiques se déroulent et le pèlerin doit y faire une escale. C'est pourquoi il faut considérer le hadj comme l'une des plus importantes pratiques de dévotion et obligations religieuses.
Néanmoins il faut savoir si cette pratique de dévotion a en même temps une dimension politique et sociale? Ou bien tout comme la prière de la nuit, il est absolument d'un aspect cultuel sans avoir de relation avec les intérêts publics de l'Islam?
En d'autres termes, est-ce que Dieu a rendu obligatoire le hadj pour tous les musulmans, hommes, femmes, jeunes et vieillards pour que ces derniers l'adorent sans prendre en considération ses dimensions politiques et sociales? Ou bien ce devoir est le point de rencontre entre la prière et la politique et le croisement entre l'adoration de Dieu et d'autres questions sociales et économiques. C'est bien ce que nous allons évoquer ci-après.
Les versets coraniques, les hadiths islamiques et l'action d'un prédécesseur pieux approuvent la seconde version …
1.Observer les intérêts du hadj
Le Saint Coran décrit le hadj abrahamique de la manière suivante :
"Et fais aux gens une annonce pour le Pèlerinage : qu'ils viennent à toi, à pied, et aussi à dromadaire de toute espèce, de tout chemin creux,
Afin qu'ils témoignent eux-mêmes d'avantages qui sont leurs, et qu'ils rappellent le nom de Dieu, pendant quelques jours bien connus, sur la bête de cheptel qu'Il leur a attribuée en nourriture. – Mangez-en vous-mêmes, et faites-en aussi un repas au besogneux misérable.
Qu'ils ôtent ensuite leur crasse, et qu'ils remplissent leurs vœux, et qu'ils fassent les tours autour de l'Antique Maison.
Voilà ! Et quiconque exalte les interdits de Dieu, c'est mieux, pour lui, auprès de son Seigneur! – Or les bêtes, sauf ce qu'on vous a récité, vous ont été rendues licites : abstenez-vous donc de la souillure des idoles, et abstenez-vous de la parole de mensonge, sincères envers Dieu, ne Lui associant rien; car quiconque associe à Dieu, c'est comme s'il était tombé du ciel, puis les oiseaux l'enlèvent, ou le vent le précipite, d'en haut, à l'en pulvériser.
Voilà ! Et quiconque exalte les emblèmes de Dieu, oui, c'est un effet de la piété des cœurs!
De ces bêtes-là vous tirez des avantages jusqu'à un terme dénommé; puis, vers l'Antique Maison est leur lieu d'immolation." (sourate hadj, versets 27-31)
Parmi ces versets coraniques, prenez en considération le second verset, en attachant un intérêt particulier à la phrase "afin qu'ils témoignent eux-mêmes d'avantages qui sont leurs" pour comprendre que :
Primo; que veut dire les avantages dont doivent témoigner les pèlerins de la Maison de Dieu. Puisque cette phase précède celle "et qu'ils rappellent le nom de Dieu", il s'ensuit en quelque sorte que le hadj dispose de deux dimensions : dimension cultuelle qui se manifeste dans l'adoration de Dieu et dimension sociale qui se résume dans les avantages.
Secundo; dans ce verset, "les avantages" qui représentent les dimensions sociales et politiques, précède "qu'ils rappellent le nom de Dieu", qui fait allusion à la dimension religieuse.
Tertio; le Saint Coran a parlé des avantages d'une manière absolue et sans aucune limitation pour qu'ils englobent les avantages économiques, politiques et sociaux; et nous n'avons jamais le droit de l'appliquer à un avantage particulier. En tout état de cause, soit nous l'appliquons aux intérêts économiques, soit à tous les intérêts, cette phase, en opposition avec "et qu'ils rappellent le nom de Dieu" montre que le hadj a d'autres avantages que la pratique pieuse dont il faut profiter, loin de le considérer comme une pratique figée, sans aucun rapport avec la vie des musulmans.
Nous allons citer ici l'ancien recteur de l'Université Al Azhar, le cheikh Mahmoud Chaltout et connaître son interprétation de ce verset. Il indique : "Les avantages dont témoigne le hadj et représente sa première raison d'être sont multiples et globaux et ils ne peuvent jamais être résumés dans une pratique ou qualité spécifique. Cette phrase englobe par sa généralité et son aspect universel, tous les avantages individuels et collectifs. Si la purification de l'âme et le rapprochement du Seigneur sont considérés comme avantage, la consultation pour esquisser les lignes du développement de la science et de la culture aussi constitue un avantage. Si ces deux cas sont considérés comme avantages, l'appel des musulmans à déployer des efforts dans le sens de la propagation de l'Islam aussi constitue un avantage… Par conséquent ces avantages varient selon les circonstances de temps et le statut des musulmans à chaque période." (Al charia val Aqida, p. 151)
Le cheikh d'Al Azhar précise ailleurs : "Etant donné sa place particulière en Islam, les objectifs lui attribués sur les plans individuel et social, il convient que les hommes de science et de pensée, les personnalités scientifiques et culturelles et les responsables politiques et administratifs ainsi que les spécialistes des questions économiques et financières et les maîtres de religion et les hommes de combat et du djihad y attachent un intérêt particulier (et que chaque groupe en bénéficie selon ses moyens).
Il convient que les hommes de toutes les classes se précipitent vers la Maison de Dieu, que les intellectuels, les penseurs, les moudjtahid, les croyants et les ambitieux s'y réunissent pour voir comment la Mecque a étalé sur eux ses ailes de miséricorde et comment le mot d'unité les a rassemblés autour de la Maison de Dieu, pour qu'ils entre connaissent, se consultent et coopèrent entre eux. Puis ils rentrent dans leurs pays comme une communauté unie, alors qu'ils sont unis par leurs cœurs, leurs pensées et leurs sentiments…" (Al charia val Aqida, p. 150)
Il est digne d'intérêt que, après les versets mentionnés, qui font tous allusion aux privilèges et aux avantages du hadj, le Saint Coran parle du djihad et de la défense de l'entité de l'Islam, en disant :
"Oui, Dieu prend la défense de ceux qui croient. Oui, Dieu n'aime pas aucun grand traître ingrat. Toute autorisation est donnée à ceux qui sont combattus, - parce que vraiment ils sont lésés, et Dieu est capable, vraiment, de les secourir,
A ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, -sans droit, sauf qu'ils disaient : "Dieu est notre Seigneur"; -si Dieu ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, et aussi les synagogues, et les oratoires, et les mosquées où le nom de Dieu est beaucoup rappelé. Et très certainement, Dieu secoure ceux qui Le secourent; certes oui, Dieu est fort, puissant :
A ceux qui, si Nous leur donnons la puissance sur terre, établiront l'Office, et acquitteront l'impôt, et ordonneront le convenable et interdiront le blâmable. Cependant, la finale des affaires est à Dieu." (sourate hadj, versets 38-41)
Est-il un hasard que les versets liés au djihad et à la défense suivent ceux se rapportant au hadj et que les versets liés au hadj et au djihad s'accompagnent? A Dieu ne plaise de réunir les versets incompatibles l'un à côté de l'autre sans respecter leur lien.
L'unité dans la procédure et la nécessité d'établir une relation entre ces deux types de versets, nous mène à accepter qu'il existe une relation particulière entre le hadj et le djihad, entre ce congrès intellectuel et le champ d'action et de défense : le territoire du hadj est le meilleur point où les musulmans, dirigés par leurs chefs intellectuels et spirituel, se préparent pendant leur séjour en cette terre, sur le plan intellectuel et spirituel pour pouvoir vaincre l'arrogance et mettre à genou le colonialisme et les colonialistes.
Ce grand congrès divin, où se rassemblent les représentants de toutes les régions, représente la meilleure occasion pour que les penseurs se réunissent et se débattent des problèmes politiques et défensifs et de former un rang uni devant les ennemis et de leur donner une leçon inoubliable. Ce devoir ne se limite pas à la période du hadj et aux endroits que ces cérémonies sont organisées, cependant cette période et le rassemblement des musulmans en ces lieux, représentent la meilleure occasion pour accomplir ce devoir divin.
Ce n'est pas seulement le cheikh Chaltout qui offre une interprétation générale des avantages cités dans ce verset, mais parmi les anciens interprètes sunnites, Tabari présente des citations à ce sujet, considérant la suivante comme la meilleure en ce qui concerne l'interprétation du verset cité ci haut: "Par cette phrase, Dieu envisage une signification globale, c'est que les musulmans saisissent tous les avantages que comporte cette période. En d'autres termes, ils doivent obtenir tous les avantages matériels et spirituels possibles et aucun récit saint ou jugement logique ne limite pas cette phrase de son sens large à un sens particulier." (Exégèse de Tabari, vol. 17, p. 108, Beyrouth)
2.Kaaba est le support de la vie
Le Saint Coran qualifie Kaaba et la Demeure sacrée de "un lieu où les gens se tiennent debout", indiquant :
"C'est Dieu qui a fait de la Kaaba, de la Maison sacrée, un lieu où les gens se tiennent debout. De même, le mois sacré, et l'offrande d'animaux, et les guirlandes des bêtes à sacrifice. Afin que vous sachiez que vraiment Dieu sait tout ce qui est dans les cieux et tout ce qui est sur la terre; et que vraiment Dieu se connaît à tout." (sourate Plateau servi, verset 97)
Le terme "se tenir debout" est employé dans un autre verset du Saint Coran qui dit :
"Et ne donnez pas aux sots les biens vôtres dont Dieu a fait votre substance" (sourate Femmes, verset 5)
Ici "substance" veut dire ce dont dépend la vie et en vérité il est employé comme synonyme de "imâd" (pilier) et "sinâd" (garant), et le verset veut dire : "La vie de la communauté islamique ici-bas et dans l'au-delà dépend des cérémonies de hadj et le pèlerinage de la Kaaba et la présence à côté de la Demeure de Dieu."
Le rassemblement pendant les cérémonies du hadj, garantit non seulement la vie spirituelle des musulmans, mais il est le garant de tous les éléments intervenant dans notre vie individuelle et collective. Si on prête attention dans le sens de ce verset, on arrivera à une signification large : ce qui est en relation avec les intérêts des musulmans et dont dépend la vie de la société, est assuré au cours de ces cérémonies. Avec une telle signification large, est-ce qu'il mérite de restreindre ces cérémonies à la seule dimension cultuelle et dévotionnelle?
Quel intérêt au-dessus d'une action politique qui unit les musulmans face au colonialisme et à l'exploitation pour qu'ils se tiennent dans un rang uni face à l'ennemi? Le Saint Coran ne permet pas aux gens de confier leurs biens dont dépend leur vie aux sots, en disant : " Et ne donnez pas aux sots les biens vôtres dont Dieu a fait votre substance".
Est-ce qu'il convient, d'après ce verset, de confier les cérémonies de hadj à ceux n'en connaissent pas la valeur et sui négligent totalement son rôle dans la vie dynamique des musulmans ?
Nous présentons ici l'avis de quelques exégètes qui tournent tous autour de l'axe de l'unité, pour familiariser le lecteur avec leurs points de vue sur la phrase "un lieu où les gens se tiennent debout".
Tabari indique : "Le Seigneur a décrété la Kaaba et la Demeure sacré pour les gens comme le support de la vie".
Ensuite il ajoute : "Il plaça la Kaaba comme un lieu de culte pour les gens et une base pour arranger leurs affaires." (Exégèse de Tabari, vol. 7, p. 49)
En ce qui concerne l'interprétation de ce verset, l'auteur d'Al Manar indique : "Le Seigneur a placé la Kaaba comme le support des affaires religieuses des gens, au point qu'elle purifie leur morale et éduque leurs âmes, par les cérémonies de hadj, le plus important pilier de notre religion, un acte de dévotion spirituel ayant des dimensions économiques et sociales."
Ajoutant : "Le verbe "faire" dans le verset " C'est Dieu qui a fait de la Kaaba…" revient à la création et à la législation qui garantissent tous les intérêts spirituels et matériels des gens." (Al Manar, vol. 7, p. 119)
3.Annoncer son désaveu pendant le hadj
Si vous hésitez en ce qui concerne la généralité des phrases " Afin qu'ils témoignent eux-mêmes d'avantages qui sont leurs" et " un lieu où les gens se tiennent debout", vous ne pourrez jamais hésiter de l'action entreprise par le représentant du Noble Prophète (SAWA) en temps du hadj, action qui a été cent pour cent politique.
En l'an 9 après l'hégire, le Noble Prophète (SAWA) chargea Ali (AS) de donner lecture d'une résolution en désaveu des mécréants, en temps du hadj. C'était bien au moment où 16 premiers versets de la sourate "Désaveu" ont été révélés au Prophète (SAWA).
"Désaveu, de la part de Dieu et de Son messager, à l'égard de ceux des faiseurs de dieux avec qui vous aviez conclu un pacte : "Pendant quatre mois, donc, voyagez librement de par la terre; et sachez que vraiment vous ne réduirez pas Dieu à l'impuissance! Dieu, c'est Lui vraiment qui couvre d'ignominie les mécréants." Proclamation aux gens, de la part de Dieu et de Son messager, au jour du Grand Pèlerinage : Oui, Dieu désavoue les faiseurs de dieux. Son messager aussi. Si donc vous vous repentez, alors tant mieux pour vous; et si vous tournez le dos, sachez que vraiment vous ne rendez pas Dieu impuissant. Et annonce un châtiment douloureux à ceux qui mécroient." (sourate le Repentir, versets 1-3)
Après avoir lu ces versets, l'Emir des Croyants a adressé aux mécréants, une résolution de 4 points:
1. Les idolâtres n'ont pas le droit à entrer dans la Maison de Dieu;
2. Il est interdit de faire la circumambulation au corps nu;
3. Désormais aucun idolâtre ne participera aux cérémonies de hadj;
4. Ceux qui ont signé avec le Prophète, l'accord de non agression et qui sont restés fidèles à leur pacte dès le début, leur pacte restera respecté et leurs biens et leurs vies le seront. Mais les mécréants dépourvus de pacte avec les musulmans ou ayant pratiquement violé leur accord, ont un délai de 4 mois (dès le 10 zel-hadjeh) de signer des accords avec le gouvernement islamique. Ils doivent soit adhérer les monothéistes, niant tout signe de l'associationnisme et du dualisme, soit se préparer au combat. (Exégèse de Tabari, vol. 10, P. 47; Tradition d'ibn Hocham, vol. 4, P. 545)
4. L'ode politique de Farzdaq à la Mosquée Sacrée
Un jour, au cours des cérémonies de hadj auxquelles avaient pris part Hocham ibn Abdulmalek, beaucoup de monde était en circumambulation de la Maison de Dieu. Hocham voulait toucher la pierre noire, mais la vague de la population l'empêchait, par conséquent il s'est assis dans un coin et s'est mis à regarder la foule. Soudain il a vu un homme maigre, beau et lumineux qui se dirigeait petit à petit vers la pierre noire et qui était respecté par les gens qui ouvrait involontairement le chemin sur lui. Les habitants de Cham qui s'étaient rassemblait autour de Hocham lui ont demandé qui c'était et celui-ci s'est abstenu de présenter l'Imam alors qu'il le connaissait très bien et a répondu : "Je ne le connais pas."
A ce moment un poète nommé Farzdaq, par son esprit de liberté, compose immédiatement un poème où l'Imam Saddjad (quatrième Imam) a été présenté de la manière suivante:
"C'est lui dont les traces de pas sont connues du sol de Batha, de la Kaaba, de la Maison sacrée et de son alentour;
C'est le fils du meilleur serviteur de Dieu. Il est vertueux, pur, paré et connu;
Si tu ne le connais pas, c'est le fils de Fatima, fille du Noble Prophète par qui la porte de la prophétie a été clôturée à jamais;
La pierre noire peut ne l'abandonner au moment où celui-ci le touche."
Le poème de Farzdaq a tellement mis en colère Hocham qui a donné l'ordre de l'arrêter et après avoir appris la nouvelle, l'Imam l'a traité avec amabilité en raison de son engagement.
5.Dimensions sociales et politiques du hadj dans les traditions islamiques
On a compris des versets coraniques cités ci haut et de la tradition prophétique que le hadj ne se limite pas à un acte cultuel et religieux, mais qu'il a des dimensions politiques objectivées parfois par le Noble Prophète, et certains hadiths et citations du Prophète (SAWA) y font allusion.
Le livre "Al-Tadj ol Jami' lil ossoul", vol. 2, pp. 98-99 cite le Prophète avoir dit :
1.Le meilleur djihad est le hadj accepté.
2.Le hadj et l'oumra individuel sont des djihads publics où femmes et hommes, et riches et pauvres prennent part.
3.Y a-t-il de djihad pour les femmes? Oui, pour les femmes il existe un djihad où il n'est pas question de la guerre, c'est de participer aux cérémonies de hadj.
4.Les élus auprès du Seigneur sont trois groupes : les combattants, les pèlerins de la Maison de Dieu qui accomplissent le hadj et les pèlerins de la Maison de Dieu pour l'oumra.
Dans ces hadiths, le hadj est présenté comme un djihad publique et un djihad pour les femmes et dans le dernier, le combattant et le pèlerin de la Maison de Dieu sont présentés les uns à cotés des autres, comme élus invités par le Seigneur.
Si dans ces hadiths, le hadj est qualifié du djihad, il faut qu'il y ait une espèce d'harmonie et de coordination entre eux pour pouvoir désigner le "hadj" par le "djihad" et l'origine de cette désignation c'est que :
Le hadj est identique au djihad dans ses conséquences et ses objectifs et ce devoir divin est non seulement une pratique de dévotion, mais un effort dans un sens défini : les plans du djihad pratique et les moyens de communication et la façon d'établir une coopération entre les musulmans peuvent planifier au cours de ces mêmes cérémonies.
6.Les propos politiques du Prophète (SAWA) au cours des cérémonies du hadj
Une immense foule s'était réuni dans la Mosquée Sacrée, autour de la Kaaba : musulmans, associationnistes, amis et ennemis se trouvaient les uns à côté des autres et une auréole de la grandeur de l'Islam et du gloire du Prophète (SAWA) avait rempli l'enceinte de la mosquée.
A ce moment, le Prophète s'est mis à parler, traçant le vrai visage de son appel, qui avait été lancé 20 ans plus tôt. Il a déclaré :
a) O gens! Grâce à l'Islam, le Seigneur a éliminé les gloires de l'époque de l'ignorance et la fierté pour ses ascendants. Vous, tous, vous êtes les descendants d'Adam et lui, il a été créé de la terre. Le meilleur des hommes est celui qui renonce au péché et à la désobéissance.
b) O gens! Etre arabe ne fait pas partie de votre identité, mais l'arabe c'est la langue dans laquelle vous vous exprimez. Quiconque manque à son devoir, les gloires de son père ne lui servira à rien et ne compensera pas à ses négligences.
c) Tous les hommes des temps passés et présents sont égaux comme les dents d'un peigne. L'arabe n'est pas supérieur au persan et le rouge ne l'est pas au noir. Le seul principe de supériorité, c'est la vertu.
d) J'ai annulé tous les litiges liés à la vie et aux biens et tous les gloires illusoires des temps passés et je les annonce sans fondement.
e) Le musulman est le frère du musulman et les musulmans sont tous frères et ils représentent une main unie face aux ennemis. Le sang de l'un est d'une même valeur que celui de l'autre. Le plus petit d'entre eux peut s'engager de la part des musulmans.
f) Désormais, ne faites pas volte-face de votre religion en sorte que les uns égarent les autres et se font leurs propriétaires.
g) Vos sang et vos biens sont respectés et respectables comme ce jour, ce mois et cette terre.
h) Les sangs versés en temps de l'ignorance sont nuls et le premier sang que je déclare nul, c'est celui de Rabi'a fils de Haris.
i) Chaque musulman est frère de l'autre musulman et les musulmans sont frères. La moindre chose des biens de l'un n'est pas licite pour l'autre, si elle n'est pas donnée par sa propre satisfaction.
j) Trois choses ne trahissent jamais le cœur du fidèle :
1. La sincérité dans l'action pour Dieu;
2. La bienveillance à l'encontre des dirigeants de la vérité;
3. Accompagnement des croyants.
7. Slogans politiques pendant la conquête de la Mecque
Pendant la conquête de la Mecque, et devant les yeux étonnés des païens, les musulmans ont été chargés de scander des slogans monothéistes et épiques ci-dessous durant les cérémonies de hadj:
Il n'y a d'autre divinité que Dieu. Il est seul. Il n'a pas d'associé. Le royaume et la louange Lui appartiennent. Il donne la vie et Il donne la mort. Il est capable à tout.
Il n'y a d'autre divinité que Dieu. Il est l'Unique et Seul. Il a tenu Sa promesse. Il a secouru Son serviteur. Et Il a vaincu seul, toutes les puissances unies.
8. Allusions et insinuations
En ce qui concerne la définition de la dimension politique du hadj, le Noble Prophète (SAWA) ne s'est pas contenté de cela, faisant allusion parfois que les moindres actions du hadj n'étaient pas privées de la dimension politique, au point que dans la marche entre Safa et Marva, dans un point particulier, il a accéléré le pas pour démentir les bruits que faisaient courir les païens, annonçant que les émigrés et les auxiliaires étaient faibles en raison des conditions climatiques de la Mecque(??? Médine dans le texte). C'est pourquoi, durant l'oumra prédestinée, il a ordonné d'accélérer le pas pendant la marche entre Safa et Marva ainsi que pendant la circumambulation pour montrer sa puissance et sa force aux associationnistes. (Jami'-ol-Ossoul, vol. 4)
Au cours de la prière de la circumambulation, le Noble Prophète (SAWA) a donné lecture de la sourate "Unicité" à la première séquence de la prière et de la sourate "Mécréants" à la seconde. Et tout le monde connaît les concepts présentés dans ces deux sourates qui rejettent toute idée associationniste et toute adhésion aux camps du paganisme.
Il est noté dans l'histoire qu'en touchant la pierre noire les musulmans disaient : "Au nom d'Allah. Dieu est le plus Grand parce qu'Il nous a guidé. Il n'y a d'autre divinité que Dieu. Il n'a pas d'associé. J'ai ajouté foi en Allah et je rejette les fausses divinités. (Abolwalid Azraqi, Histoire de la Mecque, vol. 1, p. 339)
9. Dimensions politiques du hadj dans les propos des imams saints
1. En ce qui concerne la philosophie du hadj et les secrets de la religion, l'Imam Sadegh (AS) a déclaré : "Il a créé sur la terre de la Mecque un rassemblement (des gens) de l'Est et de l'Ouest pour qu'ils se reconnaissent et connaissent l'œuvre (les hadiths et les traditions) du Prophète de Dieu et ne la laissent pas dans l'oubli. Si chaque groupe s'occupait de ce qui se passait dans son propre pays, il serait anéanti et son pays serait détruit et le commerce en serait endommagé. Les gens n'apprendraient pas les nouvelles. Voilà la philosophie du hadj."
Cela montre que le hadj a des dimensions scientifique, économique et politique et en réalité la période du hadj est une chaîne pour lier les musulmans les uns aux autres pour échanger les informations, connaître la situation prévalant dans le monde et s'informer des œuvres et de la tradition du Prophète (SAWA) propagées à travers le monde, par ses compagnons, ses proches et les rapporteurs des hadiths. Dans le même temps, chaque groupe peut y offrir les marchandises de son pays et connaître les procédés du commerce et de l'échange des marchandises. (Behar-ol-Anwar, vol. 19, p. 33)
2. L'Imam Sadegh (AS) déclare encore à ce propos: "Aucun point dans le monde n'est au Seigneur plus noble que l'espace séparant Safa et Marwa, parce qu'en ce point tous les arrogants sont réduit à l'impuissance et témoignent de leur servitude." (Behar-ol-Anwar, vol. 19, p. 49)
3. L'histoire rapporte clairement que les descendants pieux des compagnons profitaient de cette période de temps dans l'intérêt de l'Islam et des musulmans et que la plupart des mouvements de libération ont vu le jour au cours de ces cérémonies, appelant les peuples à combattre les gouverneurs injustes. A ce propos il suffit de passer en revue les propos tenus par Hussein ibn Ali au Mina. Il y avait réuni en temps de hadj les enfants de Hachem, les grandes personnalités, les femmes et ses amateurs voire un groupe d'auxiliaires qui éprouvait de l'amabilité envers lui au point que plus d'un milliers de gens l'écoutaient. A ce moment, alors que ses compagnons et ses enfants l'écoutaient attentivement, le petit-fils du Prophète (SAWA) a commencé à parler après avoir exalté le Seigneur et salué Son Prophète : "O gens, sachez que cet indocile (Mouawia), comme vous le savez et vous l'avez vu, et vous l'avez connu, a commis de mauvaises actions contre nous. Je vous interroge sur des faits et je vous demande de me confirmer si je dis la vérité, et de me démentir si je dis le contraire. Ecoutez-moi et gardez ce que vous entendez dans vos cœurs. Puis allez vous-en vers vos pays et vos patries et chez vos tribus. Invitez à ce que vous savez, quiconque vous considérez comme sincère et en qui vous avez confiance. Je crains que cette vérité soit abîmée et disparue, tout en sachant que Dieu sait aboutir sa lumière, même si les infidèles cherchent à l'anéantir." (Salim ibn Qays, p. 18)Puis l'Imam Hussein (AS) a lu quelques versets coraniques consacrés à la famille du Prophète (SAWA) demandant absolument aux gens présents de rapporter ce qu'ils ont entendu aux gens en qui ils avaient confiance. Puis il est descendu est les gens se sont dispersés.
Si les cérémonies de hadj jouissent d'une telle importance que le Livre, la tradition prophétique et les idées des écrivains contemporains nous invitent à en bénéficier, pourquoi il faut manquer à ses avantages?
Si le hadj est un moyen pour rapprocher les cœurs des musulmans, les unir dans le verbe, pourquoi les pays islamiques s'abstiennent d'en bénéficier au profit des musulmans et contre les ennemis de l'Islam qui agressent les territoires islamiques en Palestine, en Afghanistan, en Irak…
Si le hadj a des dimensions économique, culturelle et scientifique, pourquoi les musulmans n'en profitent pas pour régler les problèmes économiques, culturels …
Pourquoi les opprimés palestiniens, irakiens, afghans, africains, libanais ne doivent pas profiter de l'occasion que leur présente le hadj pour faire entendre leur cri sanglant aux autres musulmans et les appeler en aide?
Pourquoi s'abstenir d'organiser des rassemblements et des congrès contre le colonialisme de l'Est et de l'Ouest et leurs plans infernaux?
Ayatollah-ol-ozma Jaafar Sobhani