Ali Ma’roufi Arani, chercheur en études sionistes, évoque dans une note transmise à IQNA, un projet stratégique révélé par Shimon Peres, ancien président israélien, dans le cadre du « nouveau Moyen-Orient ».
Ce plan vise à connecter Israël à l’Asie via l’Arabie saoudite et la mer Rouge, en renforçant son rôle économique et géopolitique.
Cette dynamique soulève des questions sur les objectifs profonds d’une telle intégration dans les terres symboliques de l’islam.
Le projet sioniste en Arabie et la vision de Neom
Dennis Avi Lipkin, chercheur juif et auteur de Retour à la Mecque, affirme dans une vidéo récemment republiée qu’une guerre civile frappera l’Arabie saoudite, opposant chiites et sunnites.
Ce contexte, selon certains analystes, sert un projet discret du régime sioniste visant à accroître la présence juive en Arabie, notamment à travers la mégapole futuriste de Neom.
Cette initiative, soutenue par Ben Salmane, est perçue comme une trahison de la cause palestinienne et une ouverture vers les accords d’Abraham. Shimon Peres avait déjà évoqué un plan reliant Israël à l’Orient via l’Arabie pour en faire une puissance économique dominante.
Neom et la normalisation par l’économie
Selon plusieurs analystes, le projet Neom, lancé en 2017 par Mohammed ben Salmane, offre une opportunité de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël, principalement par la voie économique. Netanyahu et Turki al-Fayçal, figure de la famille royale saoudienne, ont souligné à plusieurs reprises que l’économie est le meilleur levier pour cette normalisation.
Située à seulement deux heures des frontières israéliennes, la ville futuriste de Neom accueille déjà la participation d’entreprises israéliennes spécialisées dans l’énergie solaire et les technologies de l'information.
Ces collaborations expliquent les visites répétées de responsables israéliens en Arabie. Un documentaire du groupe médiatique Khatt al-Baladah, critique envers la famille royale saoudienne, révèle des motivations juives dissimulées derrière ce projet.
Le journaliste algérien Ahmad Hafsi, relayant ce film, affirme qu’une communauté juive de plus de 1000 personnes réside en Arabie. Cela soulève la question : depuis quand cette communauté s’est-elle implantée et quel est son lien avec Neom ?
Mohammed ben Salmane veut-il reconstruire babylone à travers Neom ?
Derrière le nom Neom, que Mohammed ben Salmane présente comme une combinaison de "Neo" (nouveau) et de la lettre "M" (initiale de son prénom), certains chercheurs y voient une référence à Naoum, forme hébraïque du mot Babylone mentionné dans la Torah.
Cette ville futuriste de 26 000 km² coïncide étonnamment avec les frontières antiques de Madian, lieu associé au prophète Chouaïb (Jéthro). Le rabbin extrémiste Ovadia Yosef soutenait que les enfants d’Israël, après avoir fui l’Égypte, ne seraient pas passés par le Sinaï, mais par cette région.
Des experts israéliens ont été mobilisés pour y identifier des traces archéologiques corroborant ce récit, allant jusqu’à affirmer que le mont Sinaï biblique correspond aujourd’hui au Jabal al-Lawz, situé à Madian. Douze sources d’eau et un bosquet de sept palmiers, évoqués dans la Torah, ont été découverts sur ce site.
Le rabbin Yaakov Herzog incite même les Israéliens à visiter ces lieux en Arabie. Par ailleurs, certains milieux messianiques juifs considèrent Ben Salmane comme le possible « huitième roi » mentionné dans leurs traditions, censé reconstruire Babylone. Ce projet suscite ainsi des interrogations profondes dans le monde islamique sur ses visées religieuses et symboliques.
Le rabbin Herzog, artisan discret du rapprochement entre Riyad et Tel-aviv
Yaakov Yisrael Herzog, rabbin sioniste non officiel installé à Riyad, s’est autoproclamé « premier rabbin de Riyad » après avoir fondé la première maison juive « Habad » en Arabie saoudite, destinée aux milliers de Juifs expatriés. Il serait actif depuis 2021 et partage désormais sa vie entre Riyad et Tel-Aviv.
Selon « Saudi Leaks », sa mission est double : d’une part, préparer l’opinion publique saoudienne à l’acceptation de la normalisation avec Israël ; d’autre part, œuvrer secrètement à l’établissement d’une communauté israélienne durable en Arabie, via le projet Neom, avec l’objectif à long terme d’atteindre les lieux saints de l’Islam.
Herzog affirme qu’environ 15 000 Juifs vivent et travaillent en Arabie, notamment parmi les 75 000 expatriés américains. Il participe librement à des événements économiques et sociaux à Riyad, publie des images de cérémonies religieuses, et annonce avoir installé sa famille dans le royaume.
Sur LinkedIn, il se présente comme rabbin, homme d’affaires, spécialiste du dialogue interreligieux et de la circoncision. Il se proclame « rabbin principal d’Arabie » et « rabbin de la péninsule arabique ». Sa présence croissante illustre une stratégie souterraine de normalisation religieuse et géopolitique. Une question demeure : les enfants d’Israël retourneront-ils à La Mecque et Médine ?
Le premier projet israélien en Arabie saoudite : vers une communauté juive moderne à Riyad
En Arabie saoudite, le rabbin Yaacov Israël Herzog, citoyen américain et israélien, mène un projet inédit : établir la première communauté juive moderne et visible dans le royaume. Bien qu’il n’existe pas de relations diplomatiques officielles entre Israël et l’Arabie saoudite, Herzog affirme que sa double nationalité lui permet de s’y rendre librement. Il se présente comme le « premier rabbin de Riyad » et affirme que « les Saoudiens sont prêts pour une paix historique avec Israël ».
Dans des entretiens avec des médias israéliens, il explique que ses échanges discrets avec des membres de la famille royale saoudienne indiquent un climat favorable à une normalisation. Il souligne que les citoyens saoudiens réagissent positivement à sa présence, prenant des selfies avec lui dans des lieux publics, ce qu’il interprète comme un signe d’ouverture.
Cependant, cette initiative est controversée. Le militant saoudien Abdulhakim al-Dakhil dénonce l’influence du mouvement Habad, auquel Herzog serait lié. Il l’accuse de vouloir implanter une idéologie extrémiste, hostile aux Arabes, et liée à des projets de destruction de la mosquée Al-Aqsa. Le débat reste vif entre ouverture religieuse et enjeux politiques sensibles.
Rituels juifs dans le désert d'Al-'Ula
Le rabbin Yaacov Israël Herzog a récemment célébré un rituel juif dans le désert d’Al-'Ula, en Arabie saoudite, soufflant dans le shofar pour marquer le début du mois hébraïque d’Élul. Vêtu de ses habits religieux, il a été filmé marchant vers les montagnes, déclarant vouloir répondre aux besoins spirituels des Juifs en Arabie.
Actif depuis trois ans à Riyad, il travaille à l’établissement d’un centre Habad et rêve d’une communauté juive intégrée dans le royaume. Cette initiative relance le débat sur la présence juive dans les lieux saints et les perspectives de coexistence religieuse.
La normalisation avec l'Arabie saoudite n’est qu’une question de temps
Le rabbin Stephen Burg, président du groupe orthodoxe « Aish Global » basé à Jérusalem, a déclaré que l’Arabie saoudite finirait par normaliser ses relations avec Israël. Dans une interview avec le rabbin Yaacov Israël Herzog, récemment rentré d’un voyage en Arabie et à Bahreïn avec des chefs d'entreprises juifs, Burg a décrit le royaume saoudien comme un pays en transformation, désireux de diversifier son économie au-delà du pétrole.
Selon lui, bien que Riyad n’ait pas encore signé les accords d’Abraham, il ne s’agirait que d’une question de temps. Il estime que la société saoudienne, encore conservatrice, pourrait prendre jusqu’à deux ans pour accepter pleinement la normalisation, mais que des intérêts communs, notamment face à l'Iran, finiront par rapprocher les deux pays.
Malgré ces déclarations, les autorités saoudiennes maintiennent que toute normalisation dépend de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. En 2020, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont signé les accords d’Abraham, rejoints ensuite par le Maroc et le Soudan. L’Arabie saoudite reste prudente, mais des contacts discrets et des déclarations de figures religieuses comme Burg et Herzog témoignent de l’évolution progressive des relations entre Riyad et Tel-Aviv.
L’Arabie saoudite se rapproche-t-elle d’un accord avec Israël ?
Yaacov Israël Herzog, rabbin israélien, affirme que sous le règne du prince héritier Mohammed ben Salmane, le nombre de Juifs travaillant dans les secteurs technologique et financier en Arabie saoudite a augmenté au cours des cinq dernières années. Il prévoit une croissance continue de cette présence dans les années à venir. Il indique également que les institutions saoudiennes, y compris les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, le connaissent et qu’il a obtenu l'autorisation d’organiser des prières pour 120 Juifs. Il espère désormais obtenir un permis pour construire une synagogue, à l’image de ce qui existe déjà aux Émirats arabes unis.
Mohammed ben Salmane a déclaré que son pays ne considère pas Israël comme un ennemi, mais comme un allié potentiel avec lequel coopérer sur des intérêts communs. Par ailleurs, le journal Times of Israel a rapporté que le journaliste israélien Gil Tamari s’est rendu à La Mecque – une ville interdite aux non-musulmans – lors de la visite de Joe Biden en Arabie.
Récemment, l’aviation civile saoudienne a ouvert son espace aérien à tous les vols civils, y compris israéliens. Le ministre saoudien Adel al-Jubeir a qualifié la normalisation avec Israël d’option stratégique, sous conditions préalables.
Conclusion :
L’essor de la présence juive en Arabie, notamment sous forme de communautés urbaines, semble s’inscrire dans un projet plus vaste aux dimensions politiques, économiques et religieuses. Cette dynamique soulève des préoccupations importantes dans le monde islamique, en raison de la symbolique religieuse du territoire. Elle appelle à une analyse approfondie de ses implications et des réactions qu’elle pourrait susciter à l’échelle régionale et internationale.