Mot « islamophobie » : le Parti socialiste face à ses contradictions
Selon Révolution Permanente, parmi les signataires figurent notamment Nicolas Mayer-Rossignol, Jérôme Guedj, Carole Delga, David Assouline ou encore Michaël Delfosse. Ces cadres, opposants à Olivier Faure, ont reproché à la direction d’instrumentaliser la mort d’Aboubakar Cissé pour imposer ce terme dans le débat public.
Cette tribune intervient alors que les actes antimusulmans connaissent une forte augmentation et que de nombreuses voix dénoncent une islamophobie d’État entretenue par l’extrême droite et le gouvernement. Les signataires préfèrent l’expression « racisme antimusulman », estimant que « l’islamophobie » est une notion floue, politisée, qui mettrait en cause les principes républicains et la laïcité. Ils revendiquent une lecture universaliste de la lutte contre les discriminations, se positionnant ainsi à distance d’une gauche qu’ils jugent « identitaire ».
La controverse dépasse la simple question sémantique : elle reflète des tensions internes profondes au sein d’un PS en crise. Le débat sur l’usage du mot « islamophobie » masque en réalité une lutte de pouvoir entre les courants du parti, particulièrement depuis le congrès de juin. Les divergences sur la stratégie, les alliances et les orientations politiques s’expriment à travers ces affrontements symboliques.
Enfin, cette position hostile au terme « islamophobie » s’inscrit dans une continuité historique : de l’interdiction du voile en 2004 à l’appui aux lois sur la « séparation » en 2021, le PS n’a cessé de contribuer à la normalisation des politiques stigmatisantes. Cette tribune apparaît donc pour beaucoup comme un nouvel épisode dans la longue histoire des renoncements du Parti socialiste face aux discriminations subies par les musulmans en France.
