La fin d’Israël provoquée par les Haredim est-elle proche ?

12:18 - June 03, 2025
Code de l'info: 3492432
IQNA-Malgré l’image d’unité que le gouvernement de Benyamin Netanyahou tente de projeter à l’international, la fragilité du régime israélien n’échappe pas aux observateurs avertis.

Selon Abdullah Marouf Omar, chercheur spécialisé sur Jérusalem et la mosquée Al-Aqsa, la véritable menace interne à l’équilibre du régime vient des partis haredim (ultra-orthodoxes).

Si beaucoup s’attendent à une chute du gouvernement à cause de la guerre contre Gaza – qui pourrait entraîner le départ de figures extrémistes comme Smotrich ou Ben Gvir – un facteur plus profond pourrait provoquer l’effondrement de la coalition : la montée des partis haredim.

Les haredim, juifs ultra-orthodoxes farouchement attachés à la Torah, représentent aujourd’hui environ 17 % des 7 millions de juifs israéliens, contre 2,6 % en 1948. Ce chiffre pourrait atteindre 35 % d’ici 2059, selon les prévisions du Bureau central des statistiques israélien. Leur poids politique est déjà visible : ils occupent 18 des 120 sièges de la Knesset. Le parti Shas détient 11 sièges et l’Union du judaïsme de la Torah, 7.

Leur influence croissante menace l’équilibre fragile de la société israélienne et pourrait, selon Omar, précipiter la désintégration du régime sioniste de l’intérieur.

Crise au sein du sionisme religieux : l’armée, ligne rouge des Haredim

La coalition de Benyamin Netanyahou repose sur une majorité fragile : 64 sièges sur 120 à la Knesset. Son parti, le Likoud, en détient 32, allié à 14 sièges du camp du sionisme religieux mené par Smotrich et Ben Gvir, et aux partis haredim qui occupent les sièges restants.
اسحاق یوسف، خاخام ارشد جامعه سفاردی
 
Alors que les appels à la chute du gouvernement proviennent majoritairement du camp sioniste religieux, motivés par la guerre à Gaza et le refus de l’aide humanitaire, les partis haredim s’opposent pour une autre raison : le service militaire obligatoire. Contrairement à leurs partenaires, ils menacent rarement de quitter la coalition, mais considèrent cette question comme essentielle.
 
L’exemption du service militaire pour les haredim remonte à David Ben Gourion, qui, en 1948, les exclut pour préserver leur identité religieuse. Pour eux, l’étude de la Torah est une mission divine supérieure au combat militaire.
 
Cette position a été défendue avec vigueur par des figures comme le rabbin séfarade Itzhak Yossef, affirmant que sans les écoles religieuses, l’armée échouerait. Il a même menacé de quitter Israël si le service devenait obligatoire pour les haredim.
 
Ce conflit latent pourrait devenir une véritable faille au sein du pouvoir israélien.
پایان اسرائیل به دست حریدی‌ها نزدیک است
 
La fracture israélienne autour des Haredim
 
En 2015, la droite israélienne avait réussi à faire adopter une loi exemptant les Haredim du service militaire obligatoire. Mais la Cour suprême a annulé cette loi au nom de l’égalité, exigeant une nouvelle législation sans exemption. Cette décision, combinée à la guerre actuelle à Gaza et au manque de soldats, a ravivé une crise majeure.
 
Face à la pression croissante pour leur enrôlement, les Haredim dénoncent un affront spirituel. Pour eux, rejoindre l’armée signifie abandonner leur mission sacrée : l’étude de la Torah. Le débat devient idéologique : une lutte entre “la lumière et les ténèbres”, disent certains chefs haredim. Leurs discours sont de plus en plus radicaux : « Mieux vaut mourir par les Arabes que de servir dans l’armée », « Mieux vaut manger du porc que vivre dans une société laïque ».
پایان اسرائیل به دست حریدی‌ها نزدیک است
 
De l’autre côté, les sionistes laïques – de gauche comme de droite – estiment qu’il est inadmissible que des soldats risquent leur vie pour défendre une communauté qui refuse de participer à l’effort collectif.
 
La tension monte dans la rue. Le fossé idéologique s’élargit, menaçant la cohésion nationale. Pour certains analystes, la désintégration d’Israël pourrait venir… des Haredim eux-mêmes.
 
La crise des Haredim et la désintégration d’Israël
 
La question n’est plus de savoir si la crise des Haredim peut faire tomber le gouvernement Netanyahu, mais jusqu’où elle peut déstabiliser l’ensemble du projet sioniste. Alors que de nombreux analystes se focalisent sur l’éventualité d’un retrait des partis haredim de la coalition – ce qui priverait Netanyahu de sa fragile majorité – certains estiment que les tensions vont bien au-delà d’une simple crise politique.
 
Jamais la société israélienne n’a été aussi fracturée. D’un côté, les milieux militaires et laïques dénoncent une élite religieuse qui se refuse à verser son sang pour défendre un État dont elle rejette l’esprit. De l’autre, les Haredim affirment hautement leur rejet du modèle laïque israélien et dénoncent une société qu’ils jugent « égarée », y compris parmi les 80 % de Juifs non haredim.
 
Cette hostilité mutuelle pourrait bientôt dégénérer en affrontements de rue, prévient-on. Quand un grand rabbin séfarade menace de quitter Israël si ses fidèles sont enrôlés de force, c’est une rupture symbolique : celle d’un groupe qui ne se sent ni citoyen, ni solidaire du destin national. Ce rejet nourrit une fissure que de nombreux experts redoutent déjà : la désagrégation de l’État d’Israël de l’intérieur.
 
 
captcha