Ils ont tiré cette signification du mot lisan (langue ou expression). Cependant, le mot ‘aliyyan (exalté) est souvent laissé non traduit.
Bien que certains exégètes aient tenté de combler cette omission, des défis subsistent du point de vue rhétorique.
Dans le verset 84 de la sourate Ash-Shu’ara, Dieu cite la supplication du Prophète Abraham (AS) : « Et accorde-moi une langue de vérité parmi les générations futures. »
Dans les versets 49-50 de la sourate Maryam, nous apprenons que la prière d’Abraham a été exaucée : « Quand [Abraham] rejeta son peuple et ce qu’ils adoraient en dehors de Dieu, Nous lui donnâmes Isaac et Jacob et Nous fîmes d’eux des Prophètes. Et Nous leur donnâmes de Notre Miséricorde et Nous leur accordâmes une langue sincère et hautement véridique. »
Pendant les périodes omeyyade et abbasside, de nombreux exégètes ont traduit l’expression « lisan sidq ‘aliyyan » comme une louange noble, la traitant comme une métaphore dérivée de lisan tout en ignorant souvent la signification de ‘aliyyan. Aux IIIe et IVe siècles de l’Hégire, certains exégètes ont tenté d’éclaircir le terme, mais certains problèmes rhétoriques et contextuels sont restés :
1. Le sens de “sidq” (vérité) : Le terme désigne la véracité ou l’authenticité, et non nécessairement la bonté ou la renommée. Relier cette expression à une réputation vertueuse répandue parmi les nations ne s’aligne pas entièrement avec la supplication initiale du Prophète Abraham (AS).
2. Concept d’exaltation (uluww) : En traduisant « noble louange », le concept d’exaltation reste non traité.
3. Relation entre uluww et lisan : Le terme uluww ne qualifie pas intrinsèquement lisan (langue ou expression), ce qui soulève des questions sur la qualification de ‘aliyyan.
4. Interprétation métaphorique : L’interprétation de lisan sidq comme une « noble louange » et son traitement comme une métonymie n’explorent pas la profondeur implicite et le lien avec l’exaltation.
5. Exaucement de la prière d’Abraham (AS) : Dieu répond à la prière : « Accorde-moi une langue de vérité. » La réponse est : « Nous leur avons accordé une langue sincère et hautement véridique (lisan sidq aliyyan). » Les deux verbes ja‘alna dans la sourate Maryam suivent la même construction à deux objets directs : « Nous avons fait d’eux des Prophètes » (kullan ja‘alna nabiyyan) et « Nous leur avons accordé une langue sincère et hautement véridique » (ja‘alna lahum lisan sidq aliyyan).
Cependant, des narrations fiables du Saint Prophète (PSL) suggèrent que ‘Aliyyan fait référence à un nom propre plutôt qu’à un adjectif.
Al-Hakim al-Haskani (un érudit hanafite mort en 490 AH) a rapporté de Abdul Rahman Bazzaz (mort en 468), de Hilal bin Muhammad Haffar (mort en 414), d’Abou Qassem Khazaei, de son père Ali Khazaei, une narration de l’Imam Reza (AS) relatant une déclaration du Prophète lors du Voyage Nocturne (Mi‘raj). Le Prophète décrit avoir été interrogé sur son successeur pour les gens de la terre. Il a répondu : « Le meilleur d’entre eux, Ali ibn Abi Talib, qui est mon frère, compagnon, gendre et cousin. » Allah répondit : « Ô Muhammad, l’aimes-tu ? » Le Prophète affirma : « Oui, mon Seigneur. » Allah déclara alors : « Aime-le et ordonne à ta communauté de l’aimer. Moi, l’Exalté (‘Aliyy al-A‘la), ai tiré son nom du Mien. Je l’ai nommé Ali. » Gabriel me dit ensuite : « Lis. » Je demandai ce que je devais lire, et il répondit : « Lis : *Nous leur avons accordé une langue sincère et hautement véridique (lisan sidq aliyyan) » (Maryam : 50).