Un Marocain handicapé calligraphie le Coran sur peau de chèvre
Selon Al Jazeera, malgré une mobilité très réduite – seul son bras droit est fonctionnel – il poursuit avec passion cet acte artistique et spirituel dans une petite pièce de sa maison à Kénitra, qu’il a transformée en atelier. Le visage illuminé par l’enthousiasme, il grave minutieusement les versets, respectant les règles de proportion et d’harmonie calligraphique.
Commencée un vendredi de 2015, jour sacré pour les musulmans, cette entreprise a duré trois ans. Omar explique avoir choisi cette méthode inédite, car selon lui, c’est la première fois que le Coran est entièrement pyrogravé sur peau de chèvre.
Il considère cette initiative comme une contribution unique à l’art islamique. Entouré de ses outils et de ses stylos de différentes tailles, il continue à œuvrer avec dévotion, prouvant que ni les limites physiques ni les contraintes matérielles ne peuvent freiner une passion nourrie par la foi.
Un Coran de 100 kg
Parmi les œuvres d’Omar El Hadi, son tout premier exemplaire manuscrit du Coran se distingue par la finesse de sa calligraphie et de ses ornements. Quatre de ses élèves, toutes jeunes filles apprenant le Coran auprès de lui, relisent attentivement le manuscrit afin d’en vérifier l’exactitude. Ce Coran, gravé sur 565 pages de peau de chèvre, pèse près de 100 kg. Chaque page mesure 55 cm sur 36 cm. Omar, visiblement ému, a déclaré avec un sourire : « Je remercie Dieu de m’avoir accordé cet honneur, qui a illuminé ma vie d’artiste. »
Ce projet témoigne de sa grande maîtrise des matériaux comme le bois, le cuir et le cuivre, transformés en chefs-d’œuvre. Soutenu par les encouragements de ses amis, il s’est lancé dans cette aventure il y a dix ans, en expérimentant d’abord sur papier, tissu, puis métal, avant d’inventer un pyrograveur adapté à la peau de chèvre.
Bien qu’il ignore le destin de cette œuvre unique, il a commencé à écrire un nouveau Coran, qu’il rêve de voir un jour utilisé à la mosquée al-Harâm, à La Mecque. Son parcours incarne une passion profonde nourrie par la foi, la persévérance et la créativité.
Quand la volonté triomphe
Pour Omar El Hadi, la calligraphie n’est pas seulement une passion, c’est un mode de vie. Sa femme raconte qu’il peut travailler sans relâche, oubliant même le sommeil. Dès 2 heures du matin jusqu’au coucher du soleil, il est à l’œuvre dans sa galerie personnelle, ne s’interrompant que pour quelques tasses de café. Autodidacte depuis l’âge de 7 ans, il a appris à calligraphier en observant et en pratiquant sans maître.
Depuis 35 ans, Omar se consacre exclusivement à la peinture et à la calligraphie. Il vit pleinement cet art, en fait sa voix, son métier et sa mission. Installé à Kénitra, loin de sa ville natale de Jerada dans l’est du Maroc, il a fondé une école pour enseigner aux enfants. Dans son modeste atelier, souvent ignoré des passants, il transforme chaque objet en œuvre d’art.
Ses amis témoignent de son talent hors du commun. Pour eux, Omar incarne la fusion entre créativité et détermination. Malgré son handicap, il a mémorisé le Coran et persévère sans fatigue. Sa vie, qu’il décrit comme un parcours semé d’embûches, est illuminée par une force intérieure qui dépasse les limites physiques.
