Dans un entretien accordé à Tafsir.net, il insiste sur la nécessité de traduire certains ouvrages arabes fondamentaux vers les langues étrangères, afin de répondre aux questionnements soulevés dans les milieux académiques occidentaux et d’influencer positivement la perception du Coran et de l’islam.
Il souligne que si de nombreuses publications sur l’islam voient régulièrement le jour en Occident, toutes ne méritent pas d’être traduites. Certaines véhiculent des idées erronées ou hostiles à l’islam, et nécessitent donc une réponse argumentée. Nabil, de son côté, sélectionne des ouvrages utiles à la pensée islamique pour les traduire en arabe. Cependant, il reconnaît que les efforts individuels restent insuffisants face à la profusion de publications. L’absence d’un programme structuré et de financement adéquat pour la traduction depuis l’Occident, notamment en France, freine grandement cette démarche.
Il met aussi en garde contre une tendance chez certains orientalistes à analyser le Coran par des méthodes historico-critiques qui réduisent le texte à une production humaine, dans une tentative de le faire entrer dans une perspective strictement laïque. Cette approche est largement rejetée par les oulémas musulmans, qui rappellent le rôle fondamental de l’islam dans l’histoire de la civilisation humaine. Nabil critique également l’influence de ces thèses sur certains penseurs musulmans occidentaux, qui en viennent à contester les principes établis de la religion au nom de la réforme.
Malgré ces dérives, Nabil affirme avoir observé, ces dix dernières années, une évolution positive dans le regard de certains chercheurs occidentaux sur l’islam. Il appelle les savants musulmans, et en particulier arabes, à y répondre de manière sérieuse, en s’appuyant sur la méthode coranique fondée sur le raisonnement et la discussion raisonnée.
Concernant la traduction du Coran et des sciences coraniques, il note que si des traductions anciennes existent, elles ne suffisent plus à répondre aux besoins des musulmans dans les sociétés modernes, notamment en Occident. Il plaide pour une traduction des productions juridiques et théologiques contemporaines, en phase avec les problématiques actuelles.
Par ailleurs, Nabil observe que la jeunesse occidentale se détourne des formats classiques au profit des contenus numériques. Il est donc urgent de produire un discours religieux adapté aux supports et aux langages modernes. Il souligne également les efforts d’Al-Azhar dans la traduction du Coran malgré les défis posés par la richesse de la langue arabe et le caractère inimitable du texte sacré.
Enfin, il distingue la réforme religieuse de toute tentative de déconstruction doctrinale : pour lui, il s’agit d’actualiser les méthodes d’interprétation et non les fondements. Il conclut en affirmant que les exégèses du Coran sont des efforts humains, toujours en évolution, et qu’elles témoignent de la vitalité de l’islam dans son service à l’humanité.