Les musulmans du Laos après plusieurs décennies de nettoyage ethnique

16:18 - August 19, 2024
Code de l'info: 3489504
IQNA-Après des décennies de nettoyage ethnique, la minorité musulmane du Laos espère que les réformes des politiques gouvernementales, leur permettront de pratiquer librement leurs rituels religieux.

La mosquée Al-Azhar est l'une des trois mosquées du Laos et la deuxième mosquée fondée par des immigrants cambodgiens,  à Vientiane, la capitale de ce pays, dans les années 1970. Son responsable est un jeune thaïlandais et ses 10 fidèles viennent de différents quartiers de la capitale.
Cette mosquée est le symbole de l'histoire et de l'histoire des musulmans de ce pays enclavé d'Asie du Sud-Est, dont le nombre ne dépasse pas actuellement la centaine. La plupart d’entre eux, sont des nouveaux convertis en plus d’un millier d’immigrés musulmans qui travaillant dans ce pays.

Yahya Ibn Ishaq, fils d'un des fondateurs de la mosquée Al-Azhar à Vientiane, est un Cambodgien qui a fui au Laos sous le régime des Khmers rouges, suite au massacre et au nettoyage ethnique de la minorité musulmane. Après la prise de contrôle du Cambodge par les Khmers rouges dans les années 1970, la famille d'Ibn Ishaq s'est réfugiée dans le pays voisin du Laos.

Cheikh Yahya bin Ishaq, âgé aujourd’hui de 70 ans, se présente comme le fils d'un des fondateurs de la mosquée et affirme que la construction de la mosquée a duré environ 10 ans, de 1976 à 1986, sous la direction de son père qui était boucher, vendait de la viande et du poulet halal à la minorité musulmane, et a réussi à créer une nouvelle société de musulmans, malgré ses peu de moyens. L'autre mosquée de cette ville, la mosquée Jame, a été construite avec l'aide d'hommes d'affaires indiens et pakistanais, dans une zone commerciale en 1968. Les fondateurs de ces deux mosquées parlent d’une migration massive des musulmans après les grands événements survenus dans la région, dans les années 60 et 70 du siècle dernier.

Avant la formation de la carte politique des pays de la région, les musulmans jouissaient d'une relative indépendance sous le règne de la dynastie Cham, qui dirigeait certaines parties du Vietnam, de la Thaïlande, du Laos, du Cambodge, de la Chine et de la Birmanie (Myanmar).

Les guerres entre le Vietnam, la Thaïlande et le Cambodge, les trois pays voisins du Laos, la poursuite des forces américaines par les révolutionnaires vietnamiens, dans les villages du Laos, la guerre civile au Cambodge et d'autres événements ont conduit à la destruction de la minorité musulmane dans cette région.

L'islam a été introduit au Laos par des commerçants musulmans du sous-continent indien, notamment les Tamouls au sud, et les Pathans, au nord du Pakistan. Ces musulmans ont formé le premier noyau de la communauté musulmane laotienne à l’époque moderne, et ont été suivis par des dizaines de gens, notamment ceux qui ont étudié dans le sud de la Thaïlande et dans les pays musulmans.

Sambon Khan, responsable de l'Organisation islamique du Laos, considère le système socialiste comme une opportunité pour les musulmans et le gouvernement, après des décennies de parti unique. 
Les responsables gouvernementaux ont pris conscience de l’importance d’une ouverture au monde islamique.

Le Laos est membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dont les pays islamiques d’Indonésie, de Malaisie et de Brunei constituent une partie importante, et la majorité de la population de l’ASEAN est musulmane. Le Laos, avec une population d'environ 7 millions d'habitants, est le plus petit pays parmi les pays de l'ASEAN. La majorité des habitants travaillent dans l'agriculture, notamment la riziculture. 66 % des Laotiens sont bouddhiste, 30 % sont des adeptes de la mythologie thaïlandaise, 1,5 % sont chrétiens et 1,8 % suivent d'autres religions. 

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